Pour Michèle Bolli, le 98% des commentaires bibliques sont orientés par le masculin et dévolus aux hommes. Parmi les 2% restants, ils concernent des femmes malfaisantes ou qui ont un esprit tordu. « Moi, j’en ai sélectionné sept qui ont eu des attitudes positives dans la vie et par rapport à leur identité de femmes », a-t-elle dit ce début d’été dans l’émission Babel sur RTS Espace 21. Des femmes qui se sont fait confiance et qui ont agi sur leurs circonstances de vie. Abigaïl, épouse de Nabal (1 Samuel 25, 2-44) a par exemple exercé son propre jugement pour maintenir en vie ses proches, en dépit de son mari. Elle est allée discuter avec David pour contrer la violence déjà en marche. Et grâce à sa perception de la réalité, elle a agi pour le bien de tous en sortant de son rôle de femme traditionnelle.
Un Dieu solidaire
Hagar (Genèse 16, 6-14), servante de Sarah, est une autre figure mise sous la loupe par la théologienne dans le livre qu’elle a écrit2. Il s’agit pour elle d’une personne opprimée par son statut à la fois d’esclave, d’étrangère et de femme. « La solidarité de Dieu avec les plus humbles est ici exemplaire », souligne-t-elle. Ce Dieu les « soutient dans leur volonté de changement, d’ouverture à un avenir qui ne se réalise pas encore, qui demande parfois un temps de médiation, un état transitoire, au cours duquel une amélioration progressive peut déjà se repérer ».
Le Tout Puissant
Autre personnage relevé par Michèle Bolli : Noémie (Ruth 1, 19-21). Cette femme perd et son mari et ses deux fils ; démunie, elle quitte le pays de Moab pour revenir, chez elle à Bethlehem. Elle demande à ses anciennes connaissances qu’elle retrouve de l’appeler désormais Mara, qui signifie « Amère » : une façon de montrer ses misères plutôt que de les cacher. Elle change aussi le nom du Dieu auquel elle croit : elle l’appelle El Shaddaï, le Tout Puissant, celui qui voit les chemins de la vie, ceux que Noémie ne voit peut-être plus. « Il y a un chemin de transformation vers la vie », estime la théologienne. Non sans ajouter que ce qu’elle a voulu dire au travers des sept femmes sur lesquelles elle s’est penchée – avec encore notamment Débora, Marie ou Marie de Magdala – est que, justement, quelle que soit la situation la plus fermée au départ, il y a une perspective d’avenir meilleur qui se dessine. « C’est un grand encouragement pour les femmes aujourd’hui : d’essayer de découvrir une ouverture vers le spirituel, et d’y trouver des forces pour transformer leur situation. »
Gabrielle Desarzens
2 Un livre : « Femmes de la Bible, histoires d’avenir », de Michèle Bolli-Voélin, éditions Cabédita : 2018.