Dès son arrivée au Tchad, à mi-novembre, elle a été invitée à manger la boule, ce plat typique à base de mil. « On mange avec les mains, assis par terre dans une cour : j’ai tout de suite été plongée dans une autre manière de vivre, une autre temporalité, comme dans un monde parallèle ! » Elle a ensuite très rapidement été invitée dans une église. Et la jeune femme de commenter : « Il s’agissait d’une église qui avait été sinistrée par des inondations. Nous étions à l’extérieur sous des bâches. J’ai très vite expérimenté que la précarité n’est jamais loin en Afrique. »
Une vraie force
C’est par Eric et Annelise Germain, des envoyés du SME (Service de missions et d’entraide), que cette habitante de L’Abbaye, à la Vallée de Joux, a pu intégrer des projets pour jeunes de la rue dans la capitale tchadienne. Dans deux quartiers, différentes activités sont organisées sous la bannière de l’ONG française AMI-p (ndlr autrefois appelée Mission Protestante franco-suisse du Tchad). Louange et alphabétisation, mais aussi programme de lessives, douches et discussions sont encadrés par une équipe de bénévoles chrétiens locaux. « J’ai découvert des jeunes heureux, joyeux malgré des conditions de vie difficiles. Les 12 à 20 ans dont on s’occupait dormaient dehors la nuit pour la plupart. Ou dans des bars, des clubs, voire dans des salons de coiffure qu’ils gardaient dès la fermeture et jusqu’au lendemain. Cela m’a ouvert les yeux sur ce que peut signifier vivre au jour le jour dans le dénuement. Et pourtant, ces adolescents et jeunes adultes manifestaient une vraie force ! »
Une même famille
Motivée par sa foi chrétienne et l’amour du prochain qu’elle entend mettre en pratique, Tamara dit encore avoir été accueillie de façon très généreuse. « Grâce à notre foi commune, j’ai pu avec les bénévoles me sentir appartenir à une même famille, c’était très impressionnant ! Et leur façon de prier en commençant par célébrer « le Dieu des armées » par exemple m’a interpellée. » Toutes les personnes rencontrées dans ce pays du Sahel resteront dans son cœur, estime-t-elle. Quant à savoir ce qu’elle a pu leur apporter ? « Ma personne, ce que je suis, ce que je crois. J’ai essayé de prendre soin de mon prochain, en dialoguant, en partageant simplement du temps, des jeux, des rires avec celles et ceux qui n’avaient pas de toit. Le témoignage, c’était cela aussi. »
Gabrielle Desarzens
L’ONG AMI-p