C’est un roman qui s’articule autour des versets de l’Ecclésiaste qui rappellent qu’« il y a un temps pour tout »… et qui oscille entre deux trajectoires de vie, celle de Noa, la trentaine, et de Benjamin, la quarantaine, deux personnages qui ont chacun perdu un être cher. Et qui ont tendance à placer Dieu au banc des accusés. Car, lit-on à la page 152 : « Parfois, c’est plus facile d’en vouloir à Dieu que d’accepter les douleurs de la vie. On dit bien souvent qu’on ne croit pas en Dieu, mais on veut bien qu’il existe pour lui faire porter tout ce qui cafouille dans ce monde. En fait, on passe peut-être bien souvent à côté de lui en détournant la tête, parce que c’est plus facile de lui en vouloir que de le regarder en face. »
Il s’agit du premier livre de Katia Baechler, enseignante, épouse et mère de trois enfants.
- Quelle est la part autobiographique de votre roman ?
Ce livre est truffé de petites anecdotes de ma vie. Je me reconnais dans la sensibilité de Noa : comme elle, je déteste le téléphone… J’aime beaucoup toute la complexité de l’être humain, la quête de sens qui l’habite, et mes personnages en sont je pense le reflet.
- La colère est très présente dans vos pages. Etes-vous une femme fâchée ?
J’ai en moi une forme de colère. Surtout face aux blessures que peuvent éprouver des personnes, coincées par exemple dans des rapports de pouvoir. J’ai du mal aussi avec le manque de respect pour la différence. Mais je ne sais souvent pas quoi faire de ma colère !
- A un moment donné, l’héroïne de votre livre, Noa, se souvient de ce verset qui parle de foi, d’espérance et d’amour. Elle n’a alors pas encore trouvé ou retrouvé la foi. Est-ce que c’est selon vous la choses la plus difficile à trouver ?
Je crois que oui. Quand j’ai écrit ce livre, j’avais rencontré déjà plusieurs personnes en colère autour de moi qui me disaient vouloir croire, sans y parvenir. Comme chrétienne, je sens que la foi tient souvent à peu de chose, qu’elle est mystérieuse. Mais je crois que Dieu peut se révéler à chacun au temps opportun, de la façon la plus délicate et qui corresponde à la personne.
- Quel message voulez-vous transmettre ?
J’aimerais que les gens s’ouvrent et se demandent : « Qu’est-ce que Dieu veut me dire, dans mon histoire de vie ? », rappeler qu’il y a un temps pour cette ouverture… et toujours une espérance. J’ai titré ce livre « Après l’automne, le printemps », car je crois beaucoup à l’image de la sève qui remonte dans l’arbre, même si celui-ci semble mort. Je connais bien les hivers et les automnes, mais dans ces saisons-là, j'aime croire que demain peut être fécond.
- Noa s’exclame vouloir être « trouvée » par Dieu… Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie que l’on peut avoir parfois l’impression de chercher Dieu sans qu’Il ne dise rien. Cela m’est déjà arrivé. Ou je prie pour des personnes, sans que rien ne se passe. Je crie alors : « Seigneur, mais trouve-nous ! » Et c’est alors l’apaisement. Je pense souvent à Elie qui a cherché Dieu dans la tempête ou le tremblement de terre. Et qui Le rencontre dans un souffle. On cherche souvent Dieu dans le ressenti, l’extraordinaire… Je crois qu’il nous faut être attentif au silence. Et aux petites choses.
- Votre roman se termine sur une mise en valeur du mariage, des enfants… C’est voulu ?
C’est drôle que vous me disiez cela. Mais oui, j’ai sans doute voulu défendre aussi cette valeur du mariage qui implique une fidélité, un engagement. Et défendre le fait d’avoir des enfants aujourd’hui. Car on peut avoir de l’espérance et on a besoin de la famille. On a besoin d’aimer et d’être aimé ! Et puis il s’agit de transmettre cet amour. Comme aussi la foi et l’espérance. Mais surtout l’amour, qui est universel. Et qui porte le monde, la vie !
Propos recueillis par Gabrielle Desarzens
« Après l’automne, le printemps », de Katia Magali Baechler, éditions Prétexte : 2021, 344 pages. CH 19.-