Pourquoi Dieu donne-t-il un cadre à la sexualité?

Couple amoureux
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Jean-René Moret vendredi 15 août 2025

Lorsqu'on aborde la sexualité dans une perspective chrétienne, plusieurs clichés peuvent demeurer tels que "Dieu interdit ce qui nous fait du bien". Est-ce vraiment le cas? Quel est le but des principes que Dieu donne en matière de sexe? Et si justement, ils s'inscrivaient dans un projet de bonheur à long terme?
Un texte de Jean-René Moret, nouveau secrétaire général des GBEU (et ancien pasteur à l’Église évangélique de Cologny) écrit en lien avec la Commission théologique de la FREE.

Dans le domaine de la sexualité, les chrétiens passent souvent pour frustrés et rabat-joie. Le cliché veut que Dieu soit sans cesse en train d’interdire tout ce qui nous ferait plaisir. Et pour beaucoup, cela pose la question « pourquoi Dieu m’interdirait-il quelque chose qui me fait du bien ? » Pour aborder cette question, il faut préciser ce qu’on veut dire par «faire du bien». Notre époque parle parfois de se faire du bien comme un équivalent de se faire plaisir, de faire ce qui nous fait sentir bien, avec une vision parfois assez focalisée sur le court terme, voire l’instant présent.

Comme chrétiens, nous sommes convaincus que les commandements de Dieu sont donnés pour notre bien, mais un bien qui tient compte de la durée, de notre vocation d’êtres humains, et de notre inscription dans le projet de Dieu. À noter encore que «me faire du bien» est une idée très individualiste et égocentrique ; il faut aussi penser aux impacts pour l’autre, les autres, et la société. Le but de la sexualité est le bien de l’autre, pas premièrement le mien.

Des principes de vie et non des règles arbitraires

Il nous faut aussi voir quels sont vraiment les interdits que Dieu donne dans sa Parole, la Bible, et en quoi ils nous privent ou non d’un véritable bien. Et de fait, il est plus utile de les comprendre comme des principes qui nous guident dans un bon usage de la sexualité, que comme des règles arbitraires. Pour bien comprendre ces principes, il vaut la peine de rappeler les buts bibliques de la sexualité. Commençons par deux extraits de la Genèse :
“Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. [...] »” (Genèse 1.27-28)
“Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. (Genèse 2.24)”

La sexualité selon Dieu se passe au sein d’un couple formé d’un homme et d’une femme. La sexualité participe à leur unité, à consolider leur couple. Elle ouvre aussi sur la procréation, sur le fait de donner la vie ensemble. L’un des effets du mariage est d’aider à ce que les enfants connaissent leur père, et soient élevés par le couple dont ils sont nés.

La sexualité, un caillou ou un diamant ?

La Bible présente la sexualité comme un beau cadeau de Dieu, un don précieux et plein de valeur. Un livre entier de la Bible exalte la beauté de la sexualité (Cantique des cantiques). Et l’union conjugale est même comparée à l’amour de Jésus pour nous ! Si l’on trouve un caillou quelconque au bord du chemin, on se sent très libre d’en faire absolument n’importe quoi. Mais si on a reçu une belle bague en diamant, on va en prendre soin, la protéger, ne pas la laisser n’importe où et ne pas l’utiliser pour faire des ricochets. La société occidentale est très « libre » avec la sexualité entre autres parce qu’elle considère qu’elle n’est qu’un mécanisme façonné par l’évolution pour aider à transmettre ses gènes, un besoin physiologique entraînant une décharge d’hormones agréables. Y attachant peu de valeur, on peut tout se permettre.

Une force pour consolider le couple

Quelles sont donc les limites et leur but ? Un premier principe biblique est une stricte monogamie : la sexualité se vit idéalement avec un seul partenaire jusqu’à ce la mort sépare le couple. Le but est que toute la force de la sexualité aille dans le sens de consolider le couple. Qu’il n’y ait pas d’aventure qui vienne attirer un des conjoints ailleurs. Pas de comparaison avec un partenaire précédent auquel on pourrait retourner. Que la sexualité soit le trésor partagé uniquement par le couple, hors de toute compétition.
Si le seul cadre où je connais la jouissance est avec mon conjoint légitime, c’est lui avec ses particularités qui va m’exciter. C’est comme du fétichisme, mais avec son conjoint ! Sans pour autant s’en faire une idole, bien sûr. En tout, nous n’avons pas tant besoin de règles à appliquer aveuglément, que d’un bonne compréhension du beau dessein de Dieu pour la sexualité, et de le vivre avec amour et cohérence !

Dans le cadre de l’engagement

À noter qu’il n’y a pas d’interdit biblique explicite sur la sexualité avant le mariage, mais une règle de l’Ancien Testament indique que la sexualité entre célibataires devrait entraîner le mariage. L’éthique chrétienne évangélique considère que pour garantir la vraie monogamie, le mieux est d’attendre d’avoir pris un engagement réfléchi, officiel et public avant de consommer l’union sexuelle. C’est aussi une sagesse parce que la sexualité est très puissante : elle peut prendre le dessus et « tirer » le couple vers l’avant, au risque qu’il ne prenne pas le temps de penser à toutes les autres dimensions de la vie commune. Un navire est fait pour voguer sur l’eau, mais on attend d’avoir fini la coque pour le mettre à la mer !

  • Encadré 1:

    Quid des pratiques non évoquées dans la Bible ?

    Pour des pratiques que la Bible ne mentionne pas explicitement, il faut se demander si elles vont dans le sens du but donné à la sexualité. Bâtissent-elles le couple, ou le fragilisent-elles ? Expriment-elles l’amour, ou sont-elles le fruit de l’égoïsme ? Ainsi, la pornographie ne construit pas le couple, n’exprime aucun amour mais réduit l’autre à un support pour mon fantasme ou ma jouissance. Elle construit en plus une vision de la sexualité souvent irréaliste ou violente, qui ne fera pas du bien dans le cadre du couple – et peut beaucoup faire souffrir le conjoint. Similairement, la masturbation ne met pas en relation avec l’autre, mais ne nourrit que soi. Et la dépendance peut aussi vite entrer en jeu sur ces questions.

Opinion - avertissement

Les signataires de ces textes sont soit des membres de l’équipe de rédaction de lafree.ch soit des personnes invitées.
Chacun s’exprime à titre personnel et n’engage pas la FREE.

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