« Never again »1 – Plus jamais ça : c’est un livre de près de 300 pages. Il relève que la promesse onusienne faite en 1948 au travers de la Convention pour la prévention et la répression des génocides est devenue obsolète. « Nous avons publié ce livre pour démontrer clairement que les chrétiens du Moyen-Orient vivent un génocide. Pour que le Conseil de sécurité de l’ONU le reconnaisse et combatte l’impunité des membres de Daech », a indiqué jeudi 24 novembre au Palais des Nations à Genève Andreas Thonhauser, directeur de communication d’ADF International2. Et cet homme de parler des exécutions, des crucifixions dont sont l’objet encore actuellement les chrétiens et autres minorités religieuses de ce berceau du christianisme.
L’avocate britannique Ewelina Ochab, auteure de l’ouvrage, revient d’Irak. Pour introduire son travail, elle a présenté le morceau d’une croix qu’elle a ramassé dans une église détruite de Qarakosh, ainsi que quelques pages d’une bible. « Il y avait 1,4 million de chrétiens dans ce pays en 2003. Ils sont maintenant moins de 250'000. Il y a bel et bien une intention d’éliminer toute présence chrétienne au Moyen-Orient », a-t-elle dénoncé. Pour elle, le génocide est le « crime des crimes » : « Il devrait idéalement être traité par un Tribunal pénal international ad hoc ou par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Dans un cas comme dans l’autre, des tribunaux nationaux devraient appuyer leur travail pour poursuivre tous les complices des exactions commises. » Une autre option qu’elle soumet : la mise en place d’un tribunal régional ou national soutenu par l'ONU. « Il est cependant urgent qu’une de ces options soit prise », a-t-elle souligné.
Sortir du silence
Après la Seconde Guerre mondiale, hantés par les atrocités commises par les nazis, les gouvernements du monde ont promis de ne plus permettre pareille barbarie. Ce qu’ont traversé les peuples de l’ex-Yougoslavie ou du Rwanda ont pourtant déjà démontré que la promesse était des plus fragiles. A chaque fois, il faut « sortir du silence » et « dénoncer ce qui s’avère un génocide », peut-on lire dans l’introduction du livre récemment publié. Et agir !
Aujourd’hui, seuls les Etats-Unis, le Conseil de l’Europe, le Parlement européen et la Chambre des communes (House of commons) en Grande-Bretagne reconnaissent que les chrétiens et autres minorités religieuses comme les yézidis vivent un véritable génocide, en Syrie et en Irak. Le Canada, lui, reconnaît seulement le génocide des yézidis.
Or si les yézidis ont presque été entièrement effacés de la région du Kurdistan, selon ADF International, le nombre de chrétiens est passé de plus de 2 millions à moins d’un million en Syrie. « Pourquoi ne pas envoyer des troupes sur le terrain pour assurer un secteur aux chrétiens, une zone dans laquelle ils pourraient se déplacer librement ? lance Andreas Thonhauser en aparté. L’impunité de Daech doit cesser ! »
Gabrielle Desarzens
Notes
1 Ewelina Ochab, Never again, legal responses to a broken promise in the Middle East, Vienne, Kairos Publications, 2016.
2 ADF International défend le droit des peuples à vivre librement leur foi.
Ce papier a été rédigé pour le site www.worldwatchmonitor.org.