Le Covid-19 a rendu et rend aujourd’hui encore le travail du SME compliqué et intense. L’occasion de faire le point avec Sylvie Balverde, qui n’a pas rangé ses préoccupations au vestiaire.
- Comment avez-vous traversé la crise du coronavirus ces trois derniers mois ?
« Quand en mars, Berne a conseillé aux ressortissants suisses de l’étranger de rentrer, un tiers de nos envoyés sont revenus en Suisse. Avec nos partenaires, nous avons dû en catastrophe leur trouver des logements, puis nous organiser puisqu’ils devaient rester en quarantaine deux semaines. Les projets dont ils s’occupaient sur place ont été mis en veilleuse. Nos délégués restés sur le terrain, notamment au Népal, Liban, Laos et Bangladesh, m’impressionnent. Car ils sont dans des pays qui connaissent actuellement des pics de Covid-19 ; c'est compliqué pour eux. D’abord, certains de ces états ont fermé leurs frontières. Ensuite, la population locale qu’ils côtoient a vraiment du mal à s’en sortir, et les conséquences de la pandémie risquent d’être graves au niveau de la sécurité alimentaire. Je suis préoccupée. Au Laos, notre envoyé a fait un tel bon travail de prévention à Sékong que les autorités du pays lui ont demandé d’intervenir à Attopeu, plus au nord. C’est fantastique, mais je reste attentive à ce que nos collaborateurs ne s’épuisent pas à la tâche. Je prends de leurs nouvelles régulièrement par skype. »
- Est-ce que la majorité de vos projets ont dû réduire leur voilure ?
« La crise sanitaire a bousculé toutes nos planifications. Nos projets comme nos écoles et nos centres de formation sont arrêtés depuis la mi-mars et à ce jour, la date de reprise pour certains est connue mais reste encore floue pour d’autres. Et c’est tragique, car cela signifie pour plusieurs employés locaux ne plus recevoir d’argent, ou alors un salaire réduit, alors que dans plusieurs pays, les prix flambent, comme au Tchad par exemple. Cela a bien sûr un impact direct sur leur famille. Il faut ajouter à cela que les malades isolés reviendront à l’hôpital sans doute avec des pathologies plus importantes. Sinon, les soutiens des donateurs ont permis de faire face au Covid-19 par l’achat d’équipements médicaux. Mais il nous manquera des moyens pour la reprise des activités jusqu’à la clôture des projets en décembre 2020 qui ne sont pas approvisionnés par la Confédération suisse. Actuellement, nos envoyés font face au Covid-19, tout en se projetant d’ores et déjà dans la période 2021-2024. C’est un grand écart difficile, mais ils assurent. Je les admire beaucoup. »
- Qu’aimeriez-vous faire entendre ?
« Le SME se mobilise pour les plus pauvres et va poursuivre son travail pendant et après la période de pandémie. Nous sommes conscients que l’aide internationale en faveur des pays du Sud risque de diminuer, de même que les revenus intérieurs desdits pays. Mais il nous tient à cœur d’épargner cette double peine à nos partenaires en encourageant nos donateurs à poursuivre le financement des projets en cours… pour que la vie continue ! »
Propos recueillis par Gabrielle Desarzens
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