Oron, Neuchâtel et Aigle : deux cultes, sinon rien !

La Rochette, Eglise évangélique FREE à Neuchâtel
La Rochette, Eglise évangélique FREE à Neuchâtel
mercredi 09 octobre 2013

Dans les Eglises FREE de Neuchâtel, Aigle et Oron, les locaux étaient trop exigus pour accueillir tous les participants au culte. La solution ? Ces communautés proposent deux cultes chaque dimanche. Et ça fonctionne plutôt bien !

« Cela ne pouvait plus durer ainsi, explique David Valdez, pasteur dans l'Eglise évangélique libre de la Rochette (FREE), à Neuchâtel. Certains dimanches matin, des gens ne pouvaient pas participer au culte par manque de places disponibles dans la chapelle. Ils repartaient déçus. »
Les Eglises FREE d'Aigle, d'Oron et de Neuchâtel ont un même problème. Le nombre de participants au culte augmente et les locaux sont exigus. Mais, entre projets d'agrandissement et de déménagement, les solutions se font attendre. C'est pourquoi, ces trois Eglises ont décidé d'organiser deux cultes successifs chaque dimanche.

Trois expériences et des ressemblances
A l'Eglise évangélique de Chable-Croix à Aigle, les cultes ont lieu à 9h et à 11h depuis le printemps 2013. Le premier culte offre un service de garderie alors que le second propose également un programme pour les enfants de tous les âges. « Le culte de 11h est donc plus accessible pour les familles, précise le pasteur Philippe Bottemanne. Nous avons organisé les choses ainsi parce que nous avions de la peine à trouver des moniteurs pour les deux cultes. Mais la situation peut évoluer. »
Le premier culte rassemble une petite moitié des gens de l'Eglise. Cependant, il existe une certaine porosité entre les deux cultes : « Des jeunes et des adultes fréquentent tantôt l'un, tantôt l'autre. Et nous avons constaté que le nombre total de personnes que nous accueillons chaque dimanche a augmenté. »
A l'Eglise évangélique d'Oron, depuis un an, un culte « court » est organisé entre 9h et 10h. Il rassemble plus d'une centaine de personnes et précède le culte « normal », entre 10h30 et midi. Ce dernier accueille actuellement quelque 450 personnes. Dans la mesure du possible, les personnes engagées dans l'organisation du premier culte le sont également dans celle du second.
« Nous organisons des cultes qui se ressemblent, explique Werner Lehmann. Cela dit, le culte court, sobre en paroles prophétiques, plaît à certaines personnes. Par contre, d'autres trouvent les contraintes d'horaires de ce premier culte trop stressantes, pas assez propices à la recherche de l'inspiration. Elles préfèrent le second. »
Quant à l'accueil des enfants, il est cantonné au second culte. « Nous avons besoin chaque dimanche de 30 à 40 personnes pour nous occuper des enfants, explique Werner Lehmann. Nous ne sommes actuellement pas en mesure de faire plus. »
Comme l'Eglise envisage un nouvel agrandissement de ses locaux, la question du maintien de deux cultes s'est posée. Mais la réponse est plutôt positive : le premier culte a désormais ses inconditionnels.
A l'Eglise évangélique de la Rochette à Neuchâtel, les cultes dominicaux ont lieu à 10h et à 17h30. « Il y a deux ans, nous avons créé une commission représentative de toutes les générations, explique David Valdez. Elle a proposé un projet qui permet non seulement de résoudre notre problème de manque de place, mais aussi d'engager plus de personnes de la communauté, y compris dans les ministères auprès des enfants. » En effet, les intervenants aux cultes ne s'engagent pas tous le matin et le soir. Du coup, cela laisse de la place afin que plus de personnes s'impliquent dans l'organisation des cultes.
Alors que la chapelle de la Rochette est presque pleine le matin, le culte du soir rassemble une cinquantaine de personnes. Plusieurs familles apprécient de rejoindre l'Eglise le dimanche soir. En effet, la collation qui suit le culte permet aux enfants de souper. Ensuite, les parents ramènent chez eux leurs enfants nourris, prêts à aller au lit !

Des richesses insoupçonnées
En fait, la nécessité pratique d'organiser deux cultes dominicaux a introduit des richesses inattendues dans les trois Eglises. A Oron, cela permet de répondre à des attentes différentes. A Aigle et à Neuchâtel, une certaine transformation de la vie d'Eglise est mise en avant.
Selon une enquête interne, les gens de l'Eglise d'Aigle sont satisfaits de l'introduction d'un deuxième culte... à 98%. « Cette expérience nous fait évoluer, se réjouit Philippe Bottemanne. En particulier, elle nous permet de développer une mentalité plus souple, capable de s'adapter à de nouveaux besoins. Et cela contribue au développement d'une vision de croissance de l'Eglise au sein de la communauté. »
A Neuchâtel, l'introduction d'un deuxième culte permet de diversifier l'offre et de développer les ministères. En août dernier, à l'issue de sa seconde présidence, Etienne Krebs expliquait : « Le matin, le culte est plus normé. Le soir, il est plus intime et plus libre. Lorsque je préside les deux cultes, je garde à peu près le même canevas. Mais j'ai dû apprendre à gérer les choses avec plus de spontanéité lors des cultes du soir. »
« Cette plus grande spontanéité lors des cultes du soir ouvre de nouvelles perspectives, se réjouit David Valdez. Nous avons plus de temps pour accompagner les gens qui ont besoin d'être soutenus. Nous pouvons également introduire de nouvelles formes de culte. »
Ainsi, l'accueil de personnes extérieures à l'Eglise fera partie des priorités du soir. Il est aussi question de donner de la place à la pratique des dons spirituels. « Mais nous ne désirons pas être une Eglise charismatique, précise David Valdez. Le cœur de notre identité reste l'enseignement. »
Le deuxième culte en fin de journée pose nécessairement la question de la consécration et du service à ceux qui s'engagent le matin et le soir. C'est le cas de Jacquelin Piaget, qui exerce un ministère de louange dans l'Eglise. Il reconnaît que cela lui prend tout son dimanche. Mais, c'est un défi qu'il juge « faisable ».
Priscilla Krebs, également engagée dans un ministère de louange, renchérit : « Jouer le matin et le soir, c'est un beau défi. Lorsque cela arrive, je considère que mon dimanche est consacré tout entier à l'Eglise, y compris entre les deux cultes. »

Et un culte en semaine ?
A l'avenir, si les trois Eglise peuvent entrer dans des locaux plus spacieux, l'utilité du deuxième culte sera probablement remise en question. Mais l'expérience constitue un enrichissement et donne des idées. « Pourquoi pas un culte orienté vers l'accueil de ceux qui cherchent Dieu ? » rêve Philippe Bottemanne.
Quant à Werner Lehmann, il envisage l'organisation d'un culte supplémentaire en semaine : « Comme l'Eglise est toujours en croissance, on pourrait proposer un culte en soirée, durant la semaine. Il y a des gens qui aiment partir le week-end... »
Claude-Alain Baehler
  • Encadré 1:

    La plus grande crainte : une Eglise qui se scinde
    Dans les trois Eglises de Neuchâtel, Oron et Aigle, la principale objection à l'organisation d'un deuxième culte a été la crainte que cela entraîne une partition de la communauté. Plusieurs pensaient que chaque culte allait développer sa propre dynamique et conduire à la formation de deux communautés sous un même toit.
    La question de savoir si la présence de deux communautés sous un même toit pose plus de problèmes que celle de deux communautés à trois rues de distance est intéressante. Mais elle ne se pose pas à Neuchâtel, Oron et Aigle. En effet, ces Eglises envisagent le doublement de leur culte comme une solution peut-être provisoire, en attendant de s'installer dans des locaux plus spacieux. Elles désirent donc rester bien unies, tant spirituellement que dans leurs structures.
    Plusieurs mesures permettent de garder cette unité malgré la présence de deux cultes. D'abord, autant que possible, les intervenants aux cultes successifs sont les mêmes – présidents, prédicateurs, musiciens. Les thèmes sont également semblables. C'est particulièrement le cas à Neuchâtel, où les cultes ne se suivent pas le dimanche matin, mais ont lieu le matin et le soir.
    Philippe Bottemanne, pasteur dans l'Eglise évangélique de Chable-Croix à Aigle, explique qu'une attention particulière a été donnée aux relations fraternelles : « Nous avons beaucoup travaillé la dimension de l'accueil, et notamment le moment situé entre les cultes, durant lequel certains partent alors que d'autres arrivent. Ils ont la possibilité de se rencontrer autour d'un café. »
    Werner Lehmann, pasteur dans l'Eglise évangélique d'Oron, fait la même remarque : « La crainte d'une Eglise à deux vitesses a été manifestée. Mais les gens se rencontrent durant la demi-heure qui séparent les cultes, autour de croissants et de café. La communion n'est pas coupée. »
    Cela dit, dans chaque Eglise les cultes successifs ont tendance à développer des dynamiques qui diffèrent. « Tout va dépendre de la manière de gérer les choses, prévient Philippe Bottemanne. Nous devons être attentifs au fait que ces cultes pourraient permettre de polariser des tendances déjà présentes dans la communauté. Nous travaillons afin que les deux cultes contribuent au rassemblement de l'ensemble de la communauté. »

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