« Il y a beaucoup de souffrances dans nos églises »

mardi 03 octobre 2017

Béatrice Desy, la pasteure jeunesse de l’église évangélique de Reconvilier (FREE) dans le canton de Berne, se forme pour aider les personnes victimes d’abus, qu’ils soient psychiques, physiques, spirituels ou émotionnels. « Or il y en a beaucoup dans les milieux chrétiens », estime-t-elle.

Il y a d’abord ce souvenir : pendant son école de disciple avec Jeunesse en mission (JEM) en Chine, Béatrice voit une femme se faire battre en pleine rue par un homme. « Je me suis dite : ‘ce n’est pas possible’. J’ai été alors saisie par un fort sentiment d’injustice, par une colère profonde. Sûr que je place cet événement dans mes motivations d’aujourd’hui ! » Educatrice sociale de formation, Béatrice Desy, 34 ans, mère de deux enfants en bas âge, a commencé en 2012 à s’occuper des jeunes de l’église évangélique de Reconvilier avec son mari Florian. En 2015, le couple a été reconnu par le Conseil de l’église et le collège pastoral comme pasteurs jeunesse. Il y a un an, Béatrice a commencé une formation en relation d’aide pour personnes abusées1, comme une nouvelle corde à son arc. « L’abus, qu’il soit physique, émotionnel, spirituel, psychique, m’interpelle. On le trouve dans toutes les catégories d’âge, dans tous les milieux, jusque dans l’Eglise, et c’est une chose contre laquelle je m’insurge, car elle enferme les victimes dans beaucoup de souffrance. »

Dieu, un partenaire

Rencontrée dans son salon à Loveresse, la jeune femme regarde par la fenêtre, réfléchit, puis fixe ses yeux marrons dans ceux de son interlocutrice et poursuit : « Ce qui m’intéresse, c’est d’amener une personne à se sentir libre, à vivre dans la liberté, oui. Et je pense que la vraie liberté se trouve en Dieu. Donc quand je prends du temps avec quelqu’un, j’essaie d’être partenaire de Dieu. »

Béatrice Desy considère que les églises renferment beaucoup de personnes en souffrances, « des souffrances mises sous le tapis, car il est difficile encore pour un chrétien de parler de ce dont il souffre ». Mais elle est persuadée que Dieu désire mettre de la lumière dans les situations les plus lourdes. Pour elle, la relation d’aide est un bon outil pour combattre les non-dits, les fausses croyances. « Je suis une personne qui ressent les mal-être. Si je sens la souffrance, la tristesse, j’apprends pendant ma formation maintenant à discerner ce qui est dysfonctionnel dans une famille, par exemple ; et ce qu’on peut qualifier d’abus. »

Un cœur pour les femmes et les jeunes filles

Responsable avec son mari d’une vingtaine de jeunes, elle dit avoir surtout à cœur les jeunes filles. Elle souhaite les accompagner « à être qui elles sont vraiment ». Soit à donner aux femmes leurs places, à les encourager dans leurs dons. « Chacune est différente, avec un potentiel particulier, souligne-t-elle. Chaque fille, chaque mère de famille, chaque grand-maman a quelque chose de spécifique à faire valoir ». Avec son mari Florian, ils ont en fait envie que les gens qu’ils rencontrent et avec lesquels ils cheminent, que ce soit dans ou hors de l’église, s’approprient leur foi ; « qu’ils soient libres d’être qui ils sont ; et qu’ils comprennent surtout que Dieu les aime passionnément ! »

Gabrielle Desarzens

1 La Formation européenne de relation d’aide chrétienne pour personnes (sexuellement) abusées, FERACPA dure 4 ans.

  • Encadré 1:

    Ce que je crois :« Je crois que chacun a reçu un potentiel unique, dont Dieu a besoin.  Je crois qu’il n’y a pas de petit don et je crois que chacun a une valeur inestimable. »

    Ce que je ne crois pas : « Je ne crois pas qu’un être humain sur terre puisse être inutile. Je ne crois pas que Dieu peut abandonner quelqu’un ou que son amour soit limité. »

    Ce que je ne crois plus : « Je ne crois plus que la forme actuelle de l’église corresponde encore à tous. »

Publicité
  • Surmonter les abus au fil d’un conte

    Surmonter les abus au fil d’un conte

    Il était une fois… une enfant abusée, dont les larmes sont recueillies par une grenouille qui l’accompagne jusqu’au Roi d’un royaume fabuleux. Dans cette histoire, la psychologue Priscille Hunziker parle de la prise en compte de la souffrance. « Le voyage que fait la petite Emmy, c’est la métaphore d’un accompagnement psycho-spirituel », dit-elle mercredi 6 avril. Rencontre.

    jeudi 07 avril 2022
  • Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Au Liban, les habitants vivent l’intensité de la vie face à l’intensité de la mort, selon les mots du théologien et prêtre maronite Fadi Daou rencontré à Genève. Il invite notamment ses concitoyens à devenir des sauveurs… sur les pas de Jésus.

    mardi 21 décembre 2021
  • Noël, ou sortir de nos jugements

    Noël, ou sortir de nos jugements

    Thierry Lenoir est aumônier à 100% à la clinique de La Lignière à Gland. Cet ancien pasteur adventiste parle de l’esprit de Noël en termes de jugements moraux, sociaux et religieux à mettre de côté. Une réflexion qu’il partage dans l’émission Hautes Fréquences diffusée dimanche 19 décembre à 19 heures sur RTS La Première.

    mercredi 15 décembre 2021
  • « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    On investit dans nos carrières professionnelles, dans nos maisons… mais pas assez dans notre couple. C’est le constat que dressent Marc et Christine Gallay, le couple pastoral de l’église évangélique (FREE) de Lonay. Qui pratique avec bonheur une méthode dite « Imago », qui met la cellule de base créée par Dieu à l’honneur. Rencontre.

    lundi 01 novembre 2021
  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

    vendredi 22 septembre 2023
  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

    jeudi 15 juin 2023
  • « Auras-tu été toi ? »

    « Auras-tu été toi ? »

    Elle puise dans le judaïsme de quoi nourrir sa foi chrétienne. La théologienne et pasteure Francine Carrillo écoute, calligraphie et fait parler les lettres hébraïques qui, selon elle et avec toute la tradition juive, sont porteuses de sens et d’espérance. Rencontre.

    lundi 20 juin 2022

eglisesfree.ch

LAFREE.INFO

  • Il était une foi des sages [2]

    Ven 19 juillet 2024

    Combien de fois, en croisant une personne ou en discutant avec elle, vous êtes-vous posé la question : « Je me demande comment elle était quand elle était petite ? » Mais notre pudeur toute suisse nous empêche de poser des questions. Il ne faudrait quand même pas déranger avec nos questions, n’est-ce pas ?

    Marie Ray, dans ce podcast, est allée interviewer des sages, à propos de leur enfance, de leur adolescence et de leur foi. Le résultat ? Un récit de vie à deux voix qui vous plonge dans l’histoire insoupçonnée d’un sage inspirant. Venez donc chaque semaine retrouver Antoine, Pierre-André, Vreni, Cécile et les autres.

  • Il était une foi des sages [1]

    Ven 12 juillet 2024

    Combien de fois, en croisant une personne ou en discutant avec elle, vous êtes-vous posé la question : « Je me demande comment elle était quand elle était petite ? » Mais notre pudeur toute suisse nous empêche de poser des questions. Il ne faudrait quand même pas déranger avec nos questions, n’est-ce pas ?

    Marie Ray, dans ce podcast, est allée interviewer des sages, à propos de leur enfance, de leur adolescence et de leur foi. Le résultat ? Un récit de vie à deux voix qui vous plonge dans l’histoire insoupçonnée d’un sage inspirant. Venez donc chaque semaine retrouver Antoine, Pierre-André, Vreni, Cécile et les autres.

  • Concours de la FREE : Quatre bourses d’études ont été attribuées

    Ven 12 juillet 2024

    Début 2024, par le biais de son journal VIVRE, la FREE a lancé un concours pour encourager des chrétiennes et chrétiens, jeunes ou moins jeunes, à entrer dans leur vocation. Les quatre gagnants, trois garçons et une fille dans la vingtaine, sont aujourd'hui connus. Chacune et chacun recevra une bourse de formation en vue de ses études à la HET-PRO ou à la Start Up Ministries.

  • France: Une enquête sur l'éducation sexuelle auprès des jeunes évangéliques

    Ven 05 juillet 2024

    Quels sont les besoins en matière d’éducation sexuelle des jeunes évangéliques ? Quels sont les apports et les manques de l’enseignement des Églises dans ce domaine ? C’est sur ces questions que s’est penchée l’enquête « Éducation sexuelle scolaire versus communautaire : impacts, besoins et disparités de genre chez les jeunes adultes évangéliques en France ». Publiée en mai dernier, cette enquête est le fruit du travail d’André Letzel, ancien pasteur, conseiller conjugal et sexologue, et de Brice Gouvernet, docteur en psychologie et maître de conférence. 

Instagram

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !