Aménager des ponts entre les malades et Dieu

vendredi 03 juin 2005
Virginie Reichel exerce un service d’aumônière au CHUV à Lausanne. Cette infirmière de formation travaille dans une équipe œcuménique. Mandatée par la Fédération évangélique vaudoise (FEV) et salariée en partie par le Trait d’union des AESR (TUM), elle est à l’écoute des souffrances et des questions existentielles des Romands qui séjournent dans le plus grand hôpital vaudois. Elle rend compte ici de ce qui l’habite dans ses visites… Cet article est paru dans le magazine « Concepts femme » du groupe Alliance Presse.

« Dieu me précède dans mes visites. Il utilise ces rencontres pour renouer le contact avec des personnes qui crient à lui et qui le cherchent dans le doute. » Virginie Reichel a 48 ans. Infirmière de formation, cette mère de 3 jeunes adultes a repris voilà une année une activité d’aumônier à mi-temps au CHUV à Lausanne. Salariée par la Fédération évangélique vaudoise (FEV), elle a rejoint l’équipe d’aumônerie oecuménique de l’hôpital. Dans un contexte de pluralisme religieux reconnu, elle se rend au chevet de tous les patients des services qui lui sont confiés pour leur proposer conversation, écoute et accompagnement.

La tâche paraît rude, mais l’accueil est la plupart du temps ouvert du côté des malades. Assise à la cafétéria d’un des plus grands hôpitaux de Suisse romande, Virgine Reichel raconte avec des scintillements de contentement dans les yeux ses « rendez-vous divins ».

 

Une onction d’huile, puis le repas du Seigneur

 

« Il y a quelques semaines, une équipe soignante fait appel à mes services. Un de leurs patients est passé près de la mort et, depuis, il n’arrête pas de pleurer. » Au travers des contacts que Virginie Reichel noue avec lui, l’homme parvient à mettre des mots sur son vécu. Il a été bouleversé par le fait que Dieu le gardait en vie, alors qu’il était si près de la mort. Au fil des jours, Virginie apprend que ce malade a été exclu d’une Assemblée de frères à cause d’un mariage en dehors de son milieu religieux. L’aumônière lui propose ensuite une onction d’huile. L’homme y consent et souhaite partager le repas du Seigneur alors que cela fait 40 ans qu’il ne l’a pas pris. « Mon accompagnement permet tout simplement à des gens de retisser des liens avec leurs convictions de foi ou plus concrètement avec une Eglise », ajoute-t-elle. Au sortir de l’hôpital, ce patient n’en restera pas là. Il annonce qu’il fréquentera d’un peu plus près la paroisse réformée de son village...

 

Aller plus loin que l’empathie

 

Virginie Reichel goûte aussi parfois à une compassion particulière pour quelqu’un. « Une compassion qui dépasse largement la simple empathie à laquelle nous sommes tenus à l’occasion de nos visites », explique-t-elle. Il y a quelques mois, l’aumônière entre en relation avec une jeune femme blessée dans un accident de voiture. Dans l’accident, son bébé a trouvé la mort. Ce vécu remplit Virginie d’une compassion particulière à l’endroit de cette femme de religion musulmane. Et ce d’autant plus que les relations au sein du couple en deuil se détériorent. Sans tenir compte des désirs de la maman, le mari rapatrie le corps du bébé dans son pays d’origine et le fait inhumer en l’absence de la maman. « Nous avons vécu des moments forts le jour de l’enterrement, explique Virginie. Cette femme en deuil a accepté que nous priions ensemble et que nous goûtions à la consolation de Dieu... »

 

Accompagner pour faciliter l’acceptation du handicap

 

Depuis peu, Virginie Reichel a pris des initiatives dans un service de réhabilitation de personnes victimes d’un accident cardio-vasculaire. « J’ai réalisé qu’il y avait un manque dans l’accompagnement de ces patients qui ont pour la plupart entre 40 et 60 ans et qui passent entre 2 et 6 mois à l’hôpital. Notamment dans le suivi de l’intégration de leur handicap, passager ou définitif, à leur quotidien ». Sur le modèle de ce que fait déjà une de ses collègues dans un service d’orthopédie, Virginie propose à l’équipe soignante un accompagnement régulier de quelques patients. L’équipe réagit très positivement à cette offre. Depuis, l’aumônière salariée par la FEV est intégrée dans les horaires de soins et elle participe régulièrement aux colloques interdisciplinaires qui font le point sur l’état des patients.

« En fait, conclut Virginie Reichel, dans cet engagement d’aumônerie, je fais modestement ce que Jésus a déjà fait. Il parcourait les routes d’Israël-Palestine. Sur son passage, tout le monde n’était pas guéri, mais tous ceux qui se montraient ouverts à sa présence pouvaient le rencontrer ! »

Serge Carrel

Publicité
  • Surmonter les abus au fil d’un conte

    Surmonter les abus au fil d’un conte

    Il était une fois… une enfant abusée, dont les larmes sont recueillies par une grenouille qui l’accompagne jusqu’au Roi d’un royaume fabuleux. Dans cette histoire, la psychologue Priscille Hunziker parle de la prise en compte de la souffrance. « Le voyage que fait la petite Emmy, c’est la métaphore d’un accompagnement psycho-spirituel », dit-elle mercredi 6 avril. Rencontre.

    jeudi 07 avril 2022
  • Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Au Liban, les habitants vivent l’intensité de la vie face à l’intensité de la mort, selon les mots du théologien et prêtre maronite Fadi Daou rencontré à Genève. Il invite notamment ses concitoyens à devenir des sauveurs… sur les pas de Jésus.

    mardi 21 décembre 2021
  • Noël, ou sortir de nos jugements

    Noël, ou sortir de nos jugements

    Thierry Lenoir est aumônier à 100% à la clinique de La Lignière à Gland. Cet ancien pasteur adventiste parle de l’esprit de Noël en termes de jugements moraux, sociaux et religieux à mettre de côté. Une réflexion qu’il partage dans l’émission Hautes Fréquences diffusée dimanche 19 décembre à 19 heures sur RTS La Première.

    mercredi 15 décembre 2021
  • « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    On investit dans nos carrières professionnelles, dans nos maisons… mais pas assez dans notre couple. C’est le constat que dressent Marc et Christine Gallay, le couple pastoral de l’église évangélique (FREE) de Lonay. Qui pratique avec bonheur une méthode dite « Imago », qui met la cellule de base créée par Dieu à l’honneur. Rencontre.

    lundi 01 novembre 2021
  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

    vendredi 22 septembre 2023
  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

    jeudi 15 juin 2023
  • « Auras-tu été toi ? »

    « Auras-tu été toi ? »

    Elle puise dans le judaïsme de quoi nourrir sa foi chrétienne. La théologienne et pasteure Francine Carrillo écoute, calligraphie et fait parler les lettres hébraïques qui, selon elle et avec toute la tradition juive, sont porteuses de sens et d’espérance. Rencontre.

    lundi 20 juin 2022

eglisesfree.ch

LAFREE.INFO

  • 6 et 7 décembre: une journée de formation avec Jacques Nussbaumer sur «La Bible: autorité, inspiration et véracité»

    Sam 12 octobre 2024

    La Bible… Notre manière de la comprendre, le rôle qu’on lui donne dans notre vie de foi, d’Eglise et dans la société est au cœur de la foi chrétienne. Sur une journée, le FREE COLLEGE vous propose de faire le point en compagnie du professeur Jacques Nussbaumer sur une question centrale pour les évangéliques. Ce sera les 6 et 7 décembre du côté de Vallorbe… Bienvenue !

  • Des idées pour préparer Noël dans nos Églises

    Ven 11 octobre 2024

    Johanne Rochat, la coordinatrice enfance de la FREE, a animé en septembre une rencontre consacrée à la préparation de la fête de Noël. Il s’agissait de permettre aux responsables enfance de nos Églises de partager leurs expériences et leurs idées. Retour sur cette soirée, accompagné d’un catalogue de bonnes idées.

  • Genève, samedi 9 novembre: 100 choristes Gospel à la Pélisserie

    Jeu 10 octobre 2024

    Après une série de concert au printemps, la Chorale Gospel de la Rochette se lance dans une mini-tournée en Suisse romande avec une première halte à Genève, le samedi 9 novembre. Une centaine de choristes seront sur scène à la chapelle de la Pélisserie. Emotions garanties !

  • Une semaine à Séoul avec l’Eglise mondiale

    Jeu 10 octobre 2024

    Cinq mille chrétiennes et chrétiens, issus de 200 pays, ont participé au Congrès de Lausanne, à Séoul, du 22 au 28 septembre. Avec pour la première fois, des chrétiens de Chine. Matthieu Maillefer, pasteur de l’Eglise FREE de Châble-Croix, faisait partie de la délégation suisse. Il revient enrichi et enthousiaste.

Instagram

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !