Dans ce pays à très forte majorité chiite, Naser Navard Gol-Tapeh, un Iranien converti au christianisme a été condamné ce mois à 10 ans de prison pour « activités missionnaires » et « actions contre la sécurité nationale ». C’est ce qu’a rapporté mercredi 19 juillet le quotidien francophone libanais L’Orient le Jour. Cette arrestation met le doigt sur le prosélytisme et l’apostasie qui restent proscrits par la République iranienne.
Minorités religieuses pourtant reconnues
Contrairement aux Bahaïs qui n’ont jamais été reconnus officiellement, les minorités chrétiennes historiques arménienne et assyrienne par exemple ont pourtant des sièges réservés au parlement et bénéficient du droit de culte. Mais ces communautés chrétiennes ne peuvent exercer ce droit en farsi, soit la langue parlée par la grande majorité des Iraniens. Elles doivent le faire en arménien ou en assyrien, des langues que ne pratiquent plus les jeunes. Selon Raymond Favre, porte-parole de l’ONG Portes Ouvertes, cela signifie que le gouvernement iranien « cherche en fait à tuer l’Eglise, puisqu’il interdit toute prédication et toute littérature chrétienne en farsi ».
L’Eglise souterraine augmente
Les communautés chrétiennes historiques diminuent et connaitraient une grande émigration. L’Iran est toutefois le pays le plus emblématique, selon Raymond Favre, de ce qu’on pourrait appeler une nouvelle branche de l’église : celle constituée de musulmans convertis. « C’est dire qu’une église est née à côtés des Arméniens, des Assyriens, catholiques ou orthodoxes, une église souterraine, illégale et que combat Téhéran, dont la loi islamique réprime sévèrement ces conversions de l’islam au christianisme. » Quelque 80 de ces chrétiens seraient d’ailleurs emprisonnés aujourd’hui, selon Portes Ouvertes, et pour des peines de 10 à 15 ans de prison. Une façon de faire revenir à l’islam ces convertis… qui seraient cependant plus de 300'000 sur sol iranien, selon un prêtre français qui a longtemps été au service de l’église chaldéenne et qui a été forcé de quitter l’Iran en 2010. Raymond Favre estime toutefois ce chiffre à 600'000.
Gabrielle Desarzens