Le vendredi 4 juin 2021, deux représentants de la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE) se sont rendus au bureau de l'Aumônerie de l'armée, à Thoune, pour signer une convention de collaboration intitulée : « Déclaration de consentement pour partenaires ». Philippe Thueler, secrétaire général de la FREE, et Marc Gallay, vice-président du Bureau de la Rencontre générale de la FREE, ont apposé leur signature à côté de celle du capitaine aumônier Stefan Junger, chef de l’Aumônerie de l’armée, auparavant pasteur réformé à Thoune.
La signature a été précédée de deux heures de discussions avec une délégation constituée des capitaines aumôniers Stefan Junger, Noël Pedreira et Samuel Schmid. Bien que la convention ait été négociée et rédigée avant cette rencontre, les signataires ont désiré prendre le temps de faire connaissance et de préciser certains points concernant l’état d’esprit et les conditions dans lesquelles la FREE pourra désormais proposer des personnes comme aumôniers dans l’armée.
Un aumônier militaire est appelé à intervenir lors de « situations problématiques », mais pas seulement ! Il doit aussi être présent dans le quotidien de la troupe. Il doit également être la personne de contact de tous les militaires de sa zone de responsabilité, de la recrue et du soldat, jusqu'au commandant.
Le chef de l’Aumônerie de l’armée, Stefan Junger, a rappelé que, en Suisse, les affaires religieuses sont de la compétence des cantons ; la Confédération, quant à elle, ne reconnaît pas de communautés religieuses. Ainsi, l’armée organise son service d’aumônerie de manière indépendante.
Les compétences, avant tout
« L’armée est pragmatique, et ça me plaît, explique Stefan Junger. Lorsqu’elle a besoin d’un cuisinier ou d’un mécanicien, elle cherche des gens compétents, peu importe d’où ils viennent. Et c’est la même chose avec l’aumônerie ! Mais il est sage de passer par des institutions qui peuvent nous recommander des personnes compétentes. C’est à cela que sert une convention de partenariat. »
Actuellement, l’Aumônerie de l’armée a signé treize conventions de partenariat, en particulier avec les trois Eglises « nationales », celles qui ont généralement des liens structurels avec les cantons : l’Eglise catholique romaine, l’Eglise catholique chrétienne et les Eglises réformées. Mais l’Aumônerie n’a ni l’obligation, ni l’intention, de se limiter à ces Eglises.
« L’aumônerie n’est pas l’Eglise de l’armée, précise le capitaine aumônier Noël Pedreira. Elle n’est pas là pour transmettre la foi ou des normes, mais pour assurer une assistance spirituelle aux militaires et les accompagner là où ils en sont, quelles que soient leurs convictions. L’armée est intransigeante à ce sujet. Du reste, très peu de militaires ont recours à nos services pour poser des questions d’ordre théologique. » Il se trouve que les aumôniers sont souvent des théologiens, des pasteurs ou des prêtres, mais c’est avant tout leur savoir-être qui est important, et leur vision de l’être humain inspirée par l’Evangile qui est appréciée.
L’aumônerie n’est pas de l’évangélisation
Ainsi, des Eglises qui voudraient proposer des aumôniers dans le seul but d’évangéliser ne pourront pas collaborer avec l’Aumônerie de l’armée. Stefan Junger précise : « Ce que nous attendons de nos partenaires, ce n’est pas qu’ils soient d’accord en toutes choses avec l’armée, mais qu’ils puissent accepter sans réserve son fonctionnement et s’y soumettre ». En pratique, un aumônier militaire ne cache pas son arrière-plan ecclésial, mais ce n’est pas cela qui doit prédominer dans son travail.
« Une fédération d’Eglise n’a pas la même manière de communiquer que l’armée, a fait remarquer Samuel Schmid. La raison d’être de la FREE – « Ensemble pour partager l’amour de Jésus-Christ avec chacun » – est-elle compatible avec un engagement dans l’Aumônerie ? Pour Philippe Thueler, cette compatibilité existe, d’autant plus que la raison d’être de la FREE mentionne « partager l’amour » et non « partager le message » : « Cela nous donne la marge nécessaire pour rencontrer l’autre au nom du Christ et le reconnaître pleinement dans son humanité. Lorsque nous procéderons à l’évaluation des candidats, nous prendrons soin de clarifier cette dimension spécifique de la relation ». « Dans nos Eglises, nous réapprenons à être ‘amis des gens’, sans arrières pensées, renchérit Marc Gallay. Je pense que bon nombre de nos pasteurs peuvent entrer dans ce projet de collaboration avec l’Aumônerie de l’armée.
Claude-Alain Baehler
Note
(1) Ce texte est un concentré de l’article à paraître dans le prochain numéro du journal Vivre (www.vivre.ch).