Il est 9h45 dimanche 19 février. Un morceau d’orgues ouvre le premier culte qui marque les festivités du bicentenaire du Réveil de Genève. Une bonne centaine de personnes sont rassemblées dans la salle de culte, au premier étage de la chapelle de la Pélisserie à Genève. D’autres sont disséminées sur une galerie qui entourent sur trois côtés la salle de culte. Sur le devant, une rosace avec une colombe, invocation de l’Esprit Saint, se dessine au travers de différentes teintes bleues. Une croix dépouillée orne aussi le devant de cette salle de culte, avec inscrit sous la barre transversale : « La Grâce et la Vérité sont venues par Jésus-Christ ! »
Deux évocations historiques du Réveil
Deux communautés évangéliques sont rassemblées pour marquer les 200 ans du Réveil de Genève : l’Eglise évangélique de la Pélisserie (FREE) et la Paroisse de l’Oratoire de l’Eglise évangélique libre de Genève. Jörg Geiser, ancien pasteur de la Pélisserie, inscrit la célébration dans une dynamique de reconnaissance. Il oriente l’attention des participants sur le Seigneur « dont l’action s’étend sur tous les âges et à toutes les périodes de l’histoire ». « Le Réveil, lâche le pasteur retraité, relève de l’intervention de Dieu. Au début du XIXe siècle, le Seigneur fait naître la foi dans le cœur d’hommes comme Ami Bost, Emil Guers… et auprès de centaines d’autres personnes, souvent des petites gens, que seul le Seigneur connaît. »
Jörg Geiser rappelle aussi les sources diverses du Réveil de Genève : la petite communauté des Frères moraves qui existait encore à Genève au début du XIXe siècle, et les enseignements de personnalités britanniques qui ont permis de redécouvrir le cœur de l’Evangile : le salut par la foi seule. « En 1817, souligne-t-il, un événement a précipité les choses : l’interdiction d’accéder au ministère pastoral dans l’Eglise réformée signifiée aux ‘réveillés’, au travers d’un règlement ecclésial abject. C’est ce qui a poussé de jeunes futurs pasteurs à fonder une Eglise indépendante. »
Samuel Widmer de la Paroisse de l’Oratoire rappelle l’histoire commune à son Eglise et à l’Eglise de la Pélisserie, notamment au travers de la personne de Louis Gaussen, pasteur réformé à Satigny (GE), censuré par la Compagnie des pasteurs parce qu’il souhaitait enseigner le catéchisme uniquement à partir de la Bible. En 1831, ce pasteur fonde la Société évangélique et fait construire la chapelle de l’Oratoire, un lieu où l’Evangile devait être prêché dans son intégralité. En 1849, l’Eglise libre de Genève est fondée et les bureaux seront installés à la Pélisserie. Mais en 1890, la Pélisserie quitte l’EELG, régie par un système prebytéro-synodal, et rejoint les Assemblées de Frères larges en Suisse romande, congrégationalistes (soit constituée de communautés indépendantes, rassemblées dans une union ou une fédération).
Une occasion d’exprimer sa reconnaissance
Après le temps de louange conduit par un groupe de 5 musiciens, le pasteur Michel Jeanrenaud médite la prière de l’apôtre Paul pour les Ephésiens (1.15-2.10). Il souligne la reconnaissance qui habitait l’apôtre Paul lorsqu’il pensait aux Ephésiens. Reconnaissance pour leur foi en Jésus-Christ et pour l’amour qu’ils entretenaient les uns à l’endroit des autres, une reconnaissance qu’il est possible aussi de témoigner à Dieu par rapport aux artisans du Réveil de Genève. « Ces 200 ans que nous fêtons ont connu leurs hauts et leurs bas, mais dans tout cela le Seigneur a été fidèle ! » lance le pasteur de la Pélisserie. En guise de conclusion, il invite les personnes présentes à rester unies à Christ (Ep 2.6) et à grandir dans cette présence afin d’être remplis d’espérance par rapport aux situations difficiles qui peuvent traverser nos vies et nos communautés aujourd’hui.
Stéphane Hostettler, pasteur de la Paroisse de l’Oratoire, conclut le culte par une cène qui rassemble dans la prière et la méditation les deux communautés. L’apéritif qui suit laisse entrevoir deux Eglises heureuses de se retrouver et de rappeler une histoire commune de recentrage sur l’essentiel de la foi chrétienne : le Christ, Fils de Dieu, et une spiritualité vivante, marquée du souffle de l’Esprit.
Serge Carrel