« J’essaie d’exercer mon métier de sage-femme avec à l’esprit cet amour de Dieu que je discerne dans la venue d’un nouveau-né, et que j’essaie de transmettre ! » Lila Sonderman, de son vrai nom Olivia Manderson, est sage-femme depuis 20 ans. Cette membre de l’Eglise évangélique de Villard à Lausanne vient de publier aux éditions Favre : « Les joyeuses tribulations d’une sage-femme ». Un recueil de plus de 50 chroniques savoureuses, qui mêlent des histoires de naissances, de mères, de pères, des histoires privées et des hommages. Du vécu, drôle, cocasse même... agrémenté de dessins du célèbre André Paul ! Parues pour la première fois sur la page web « Les quotidiennes » de « 24 Heures » et de la « Tribune de Genève », certaines de ces chroniques ont aussi été publiées dans les pages de ces deux quotidiens.
Un recueil dédié à Dieu !
Actuellement, Lila Sonderman exerce son métier au domicile de ses patientes. Immersions dans des mondes très divers garantis ! Cet engagement professionnel, elle essaie de le vivre en présence de Dieu. « Chaque fois que je mettais au monde un enfant, explique-t-elle, la montée d’émotions était là, devant l’oeuvre du Créateur ! » Auquel elle a d’ailleurs dédié son recueil de chroniques !
En matière d’accompagnement des nourrissons, notre sage-femme affiche ses convictions. « L’amour que les parents témoignent à leur bébé va façonner sa représentation de l’amour de Dieu. Nous les parents, nous sommes donc appelés à être des représentants de Dieu auprès de nos enfants pour susciter en eux confiance, sécurité et attachement. » Lila Sonderman tempête à ce sujet contre certains conseils qui se transmettent de génération en génération. Des conseils du style : « Laisse ton bébé pleurer, ça lui fait les poumons ou ça lui forge le caractère ! » Ou encore : « Ne réponds pas à tous les besoins de ton enfant, ça va le rendre capricieux ! » Et là elle lâche sa conviction fondamentale : « Pendant les 6 premiers mois de la vie d’un nourrisson, une mère doit répondre à tous les besoins de son enfant. Ce faisant, elle pose la première pierre de la structure de sa personnalité, à savoir la sécurité. Quand un enfant sait que quelqu’un vient en cas de besoin, ça renforce ce sentiment. »
L’amour maternel, preuve de l’existence de Dieu ?
A la fin de sa chronique « Maternel amour », Lila Sonderman reprend une citation de l’écrivain Albert Cohen. Dans son « Le livre de ma mère », ce dernier affirme que l’amour maternel a tout de la preuve de l’existence de Dieu... Au moment de quitter sa mère, l’écrivain réalise que l’amour qu’elle lui porte est sûr et stable. « Dans ce sens, commente Lila Sonderman, l’amour maternel renvoie à quelque chose de divin. Il véhicule la plupart du temps cette dimension inconditionnelle de l’amour que Dieu a pour chacun d’entre nous ! »
Loin de se laisser enfermer dans de longues considérations théologiques, Lila Sonderman donne aussi un tour plus concret à son vécu de foi dans son activité professionnelle. « Il m’est arrivé parfois de prier avec une maman », raconte-t-elle. Et là de mentionner un exaucement de prière intervenu quelques minutes après avoir prié avec une jeune femme d’origine musulmane. Abandonnée par le papa du bébé, cette Marocaine se trouvait dans de grandes difficultés matérielles et dans une solitude inquiétante. La dépression guettait ! « Cinq minutes après la fin d’une prière que nous avons adressée, avec son accord, à Dieu au nom de Jésus, explique la sage-femme, quelqu’un sonnait à la porte. Une compatriote en djellaba amenait des pampers, du lait et des habits... Elle avait entendu parler de la situation de cette jeune mère par une amie et venait offrir son aide ! Même si les situations de certaines femmes seules ou de familles en difficultés sont parfois extrêmement précaires, tout est toujours possible, notamment avec le secours de Dieu ! »
Un métier-passion
Lorsqu’on lit ou entend Lila Sonderman parler de son métier, on comprend qu’elle l’exerce comme une véritable passion. Elle a d’abord commencé des études universitaires dans diverses facultés, sans conviction. Puis, elle entre au conservatoire pour un diplôme de piano. A 21 ans, elle met au monde son premier enfant et là se produit le déclic pour ce qui va devenir sa profession. « Je me rappelle très bien avoir demandé depuis mon lit de maternité des renseignements pour entrer à l’école de sages-femmes à Genève... », complète-t-elle.
Lorsqu’elle y réfléchit plus intensément, Lila Sonderman fait encore remonter à plus loin sa vocation de sage-femme. Alors qu’elle était au collège à Genève, un professeur l’oblige à travailler un sujet : « L’accouchement par le siège » chez Ambroise Paré, le fameux chirurgien du XVIe siècle. Ce professeur, c’est Gabriel Mützenberg, l’historien du protestantisme évangélique romand, aujourd’hui décédé. « Je l’ai revu 25 ans plus tard sur le seuil d’une église et j’ai pu lui dire que, par ce travail, il avait ouvert une brèche dans mon esprit pour que je devienne sage-femme... Il était très ému et nous avons vécu là un petit moment d’éternité ! » C’est d’ailleurs par une chronique-hommage à Gabriel Mützenberg que Lila Sonderman termine son livre « Les joyeuses tribulations d’une sage-femme ». Un petit texte émouvant. A lire !
Serge Carrel
Les références du livre :
Lila Sonderman, Les joyeuses tribulations d’une sage-femme, Lausanne, Favre, 2009, 144 p.
Ce livre est disponible à la librairie le Cep à Lausanne.