Il existe « trois grandes visions du monde et de la mort : le matérialisme et la désintégration du corps, le monoholisme et la réincarnation de l'esprit, le monothéisme et la résurrection de la personne. Les trois ne peuvent pas avoir raison... » Dans son dernier conte philosophique, La Reine, le Moine et le Glouton, la grande fissure des fondations, Shafique Keshavjee expose avec clarté les différentes possibilités de croire ou de ne pas croire.
Les grandes questions abordées sont aussi importantes qu'ardues. Que puis-je espérer ? Que puis-je connaître ? Que puis-je vivre ? Qu'est-ce que la vérité ? Les réponses apportées permettent de mieux fonder ses convictions. Car, comme le rappel un personnage du récit : « Ce qui me semble nous manquer le plus, c'est la confiance... confiance véritable qui est à la fois une vraie confiance et une confiance dans le vrai. »
La foi à l'épreuve de la réalité
La foi en Dieu est-elle une « confiance dans le vrai » ? Shafique Keshavjee donne plusieurs éléments de réponse et se fait apologète. Il montre jusqu'à quel point les trois visions du monde sont porteuses d'espérance et de solutions dans la traversée des épreuves de la vie. En effet, il est facile de développer toutes sortes de philosophies et de croyances lorsque nous nous sentons bien, en sécurité et en confiance. Mais lorsque le malheur frappe, que reste-t-il de tout cela ?
Shafique Keshavjee a connu des confrontations brutales au malheur. Cela donne au récit une authenticité, ainsi qu'une « envie de vérité » particulières. « Ce roman est pétri de tout ce que nous avons vécu par la maladie et la mort de notre fils Simon, précise son auteur. Et mon espoir est qu'il permette à ceux qui ont vécu un tel drame, ou qui ont peur de le vivre, de garder confiance dans le Dieu vivant. »
La forme du livre, une sorte de grande parabole, peut surprendre a priori. Mais elle a le grand avantage de conduire le lecteur avec souplesse dans le monde des idées et des concepts. Beaucoup verront cela comme un avantage.
Claude-Alain Baehler