Shafique Keshavjee : la vérité à l'épreuve du malheur

mardi 22 juillet 2014

Shafique Keshavjee vient de publier La Reine, le Moine et le Glouton, la grande fissure des fondations. Ce conte philosophique compare plusieurs manières de croire et passe celles-ci au crible de la réalité. Voici un livre destiné à nous aider à « garder confiance dans le Dieu vivant ».

Il existe « trois grandes visions du monde et de la mort : le matérialisme et la désintégration du corps, le monoholisme et la réincarnation de l'esprit, le monothéisme et la résurrection de la personne. Les trois ne peuvent pas avoir raison... » Dans son dernier conte philosophique, La Reine, le Moine et le Glouton, la grande fissure des fondations, Shafique Keshavjee expose avec clarté les différentes possibilités de croire ou de ne pas croire.
Les grandes questions abordées sont aussi importantes qu'ardues. Que puis-je espérer ? Que puis-je connaître ? Que puis-je vivre ? Qu'est-ce que la vérité ? Les réponses apportées permettent de mieux fonder ses convictions. Car, comme le rappel un personnage du récit : « Ce qui me semble nous manquer le plus, c'est la confiance... confiance véritable qui est à la fois une vraie confiance et une confiance dans le vrai. »

La foi à l'épreuve de la réalité
La foi en Dieu est-elle une « confiance dans le vrai » ? Shafique Keshavjee donne plusieurs éléments de réponse et se fait apologète. Il montre jusqu'à quel point les trois visions du monde sont porteuses d'espérance et de solutions dans la traversée des épreuves de la vie. En effet, il est facile de développer toutes sortes de philosophies et de croyances lorsque nous nous sentons bien, en sécurité et en confiance. Mais lorsque le malheur frappe, que reste-t-il de tout cela ?
Shafique Keshavjee a connu des confrontations brutales au malheur. Cela donne au récit une authenticité, ainsi qu'une « envie de vérité » particulières. « Ce roman est pétri de tout ce que nous avons vécu par la maladie et la mort de notre fils Simon, précise son auteur. Et mon espoir est qu'il permette à ceux qui ont vécu un tel drame, ou qui ont peur de le vivre, de garder confiance dans le Dieu vivant. »
La forme du livre, une sorte de grande parabole, peut surprendre a priori. Mais elle a le grand avantage de conduire le lecteur avec souplesse dans le monde des idées et des concepts. Beaucoup verront cela comme un avantage.
Claude-Alain Baehler

Deux interview de Shafique Keshavjee à écouter sur le site de la RTS:
- L'invité du 12h30 avec Karine Vasarino le 16 mai.
- Entre les lignes avec Jean-Marie Félix, rediffusion le 31 juillet.
  • Encadré 1:

    Bio express
    Né en 1955 au Kenya, Shafique Keshavjee a vécu en Angleterre avant de s'établir en Suisse en 1963. Il est marié et père de quatre garçons.
    Shafique Keshavjee est licencié en sciences sociales et politiques, en théologie et docteur en histoire comparée des religions. Il a été secrétaire général des Groupes bibliques des écoles et universités (GBEU) en Suisse romande, pasteur dans l'Eglise réformée vaudoise, animateur de la maison de dialogue œcuménique et interreligieux l'Arzillier, enseignant dans la Faculté de théologie de l'Université de Genève.
    Shafique Keshavjee a écrit plusieurs livres dont Le Roi, le Sage et le Bouffon (Seuil, 1998), Dieu à l'usage de mes fils (Seuil, 2000) et La Princesse et le Prophète (Seuil, 2004). En 2005, avec son fils Simon atteint d'une leucémie en phase terminale, il a écrit Philou et les facteurs du ciel (Dynamots,‎ 2005).
    C.-A. B.

  • Encadré 2:

    « Retrouver la confiance que Jésus a vécue et transmise est vital »

    Shafique Keshavjee a écrit son dernier livre, La Reine, le Moine et le Glouton, sous la forme d'un conte philosophique. Il s'en explique.

    Ce n'est pas la première fois que vous pratiquez ce genre littéraire. Pourquoi l'appréciez-vous ?
    La Bible est un livre d'histoires, de récits et de témoignages. Jésus a beaucoup enseigné en paraboles (voir Matthieu 13.34). Trop souvent, nous nous limitons à faire des commentaires abstraits de ses paraboles au lieu d'en inventer à sa suite. La parabole, le conte ou le roman permettent de proposer des personnages denses et attachants auxquels le lecteur peut facilement s'identifier.

    Par ce livre, que voulez-vous apporter d'essentiel au lecteur ?
    L'essentiel selon moi, et à la suite de Dostoïevski, c'est qu'il n'y a rien de plus beau que le Christ. Dans la grande fissure des fondations personnelles et de notre civilisation actuelle, le Christ vivant et les Evangiles restent le fondement le plus précieux jamais donné pour bâtir durablement nos vies.

    Le récit propose de confronter ce que nous croyons à la réalité. Qu'apporte le christianisme de spécifique dans ce domaine ?
    Aujourd'hui, de nombreuses visions du monde sont en concurrence pour remporter notre adhésion. Certains enseignent que tout se réduit à de la matière et d'autres que le spirituel et le cosmique ne font qu'un. Quant aux chrétiens, ils n'ont pas à avoir peur dans ce débat d'idées. Le trésor de l'Evangile – « Dieu fait homme, crucifié, ressuscité », selon Jean Chrysostome – reste pertinent. Trop souvent les Eglises se sont fossilisées dans leurs dogmes, leurs pratiques et leurs structures. Les critiques des matérialistes ou des sages de l'Orient peuvent nous interpeller. Cela nous conduit vers plus de fidélité à l'Evangile et plus d'ouverture à son Esprit qui agit au-delà de nous.

    Vous écrivez : « L'Occident est devenu spirituellement analphabète. Et cela notamment à cause de nombreux théologiens... » Avez-vous des mises en garde à lancer ?
    Deux dangers guettent les théologiens : soit de soumettre leur foi chrétienne à la culture ambiante (agnostique, athée ou syncrétiste), soit de se retirer de la culture contemporaine (artistique, scientifique et philosophique) et de proposer une bulle de spiritualité sans aucun effet ou pertinence dans le monde.
    Vous écrivez encore : « Il est une maladie pire que le cancer... c'est la perte de la confiance. » Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion ?
    Nous vivons dans une société – voire une Eglise – très stressante qui brutalise ceux qui ne répondent pas aux normes. En hébreu, Vérité se dit Emeth et peut être traduit par « digne de confiance ». Retrouver la confiance que Jésus a vécue et transmise est vital pour chacun aujourd'hui : « Que votre cœur ne se trouble pas. Ayez foi en Dieu: ayez aussi foi en moi » (Jn 14.21).
    C.-A. B.

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