« Nous formons une communauté qui doit penser à son avenir, explique Claude Bordigoni, pasteur dans l’Eglise évangélique libre de Reconvilier (FREE). Nous devons donc chercher à comprendre ce qui pousse les gens à s'intéresser à nous. » C'est ainsi que, il y a plus d'une année, l'Eglise a développé une réflexion autour de deux thèmes inséparables : l'évangélisation et le développement de la communauté.
Le conseil a rencontré les responsables des différents secteurs d'activités et tous se sont demandé comment rencontrer et interpeller des gens qui ne manifestent pas d'intérêt pour Dieu ou pour l’Eglise. « Nous avons cherché des actions qui susciteraient des questions, qui pousseraient des personnes à se demander pourquoi nous faisons cela, qui nous donneraient le droit d'être témoins de l'Evangile », se souvient Claude Bordigoni.
L’Eglise a vécu un temps de formation avec l'atelier Saveurs de Jésus proposé par Jane Maire. Puis elle s'est lancée dans des projets pratiques : aider les personnes qui déposent des objets à la déchetterie communale, visiter des personnes âgées dans un home, proposer du baby-sitting à des couples qui aimeraient s'absenter le temps d'une soirée (voir encadré). « Ces démarches nous ont fait évoluer, se réjouit le pasteur. Avant, lorsque nous parlions de témoignage, nous entendions des soupirs. Mais depuis ces expériences, les membres de l’Eglise nous demandent de recommencer ! »
Laisser éclore les projets
Dans l’Eglise évangélique d'Aigle (FREE), les actions Mon Eglise a du talent et Présence gare d'Aigle (voir encadré) montrent un autre aspect de l'engagement d'une Eglise auprès de la population : le soutien d'initiatives personnelles. En effet, ces deux projets, artistique pour le premier et social pour le second, sont le fruit de rêves de membres de l’Eglise qui ont été soutenus par la communauté. « Lorsque nous avons parlé de notre projet au conseil, celui-ci a été enthousiaste et nous a soutenus », fait remarquer Nicolas Pirolet, membre du comité d'organisation de l'action Mon Eglise a du talent. Quant à Vincent Racine, l’initiateur de Présence gare d'Aigle, un homme au tempérament d'évangéliste, il témoigne : « J'ai ressenti le soutien de l’Eglise. »
Le 14 mars dernier, dans les locaux de l’Eglise évangélique de Morat (FREE), la célébration du nouvel an kurde a rassemblé 50 chrétiens et 250 Kurdes. Cette action montre comment un engagement de terrain peut avoir des répercussions inattendues. Après avoir accepté d'aider un Kurde dans ses démarches administratives, Norbert Valley, l'un des pasteurs de cette communauté, s'est trouvé à donner des cours d'allemand et de français. Puis cela l'a conduit à accueillir une fête durant laquelle un témoignage chrétien a pu prendre place. Il commente : « Je suis spectateur de l’œuvre de Dieu ! »
Ces actions font écho au Service Pâques 2015 qui vient d'avoir lieu dans une dizaine de villes de Suisse romande (voir encadré). L'édition de cette année a montré l'impressionnante diversité des engagements possibles. Mais tous ces projets ont également un point commun : la collaboration. Collaboration entre des chrétiens et leur communauté : celle-ci les soutient, les aide, les encourage, leur donne un cadre. Collaboration entre différentes Eglises d'une même région : lorsqu'elles s'engagent ensemble au service de la population, la méfiance diminue et l'impact augmente.
Claude-Alain Baehler