Commençons par une question simple : à qui appartient la création ? Nous savons que toute la création a été créée par Dieu. Par conséquent, cette création lui appartient : « C'est au Seigneur qu'appartient le monde avec tout ce qu'il contient, la terre avec ceux qui l'habitent » (1). Mais quel est le but de toute la création ? Est-ce pour le bénéfice des êtres humains, pour que nous soyons nourris par elle et pour en recevoir notre subsistance ? Il est commun d’argumenter dans ce sens aujourd’hui, en utilisant des expressions telles que « mère nature ». Il s’agit bien d’une des dimensions pour lesquelles Dieu a créé la nature. Cependant, ce n’est pas la réponse essentielle selon la Bible. Le théologien Christopher Wright affirme : « La création existe pour la louange et la gloire de Dieu, pour que Dieu jouisse de sa création et que la création jouisse de lui » (2). Cette affirmation se base sur de nombreux passages bibliques, dont le chapitre 1 de l’épître de Paul aux Colossiens. Parlant de Jésus, l’apôtre affirme : « Dieu a tout créé par lui et pour lui » (1.16). Nous confessons que la création est faite par Dieu et pour Dieu. Sa raison d’être est de réjouir Dieu. Malheureusement, nous traitons la création avant tout comme une ressource pour nous, humains. Dave Bookless, directeur théologique de l’association chrétienne écologique A Rocha, pose cette question : « Si nous traitons les ressources de la terre… comme si elles n’existaient que pour nous et que nous oublions qu’elles ont été créées pour Jésus, devrions-nous nous étonner que tout aille de travers ? » (3).
A qui la faute ?
Nombreux sont ceux qui décrivent le changement climatique comme le plus gros problème de l’humanité aujourd’hui. L’acteur Leonardo DiCaprio, par ailleurs « écolo engagé », souligne : « Le réchauffement climatique n’est pas seulement le problème environnemental numéro un que nous affrontons aujourd’hui, mais une des problématiques les plus importantes concernant toute l’humanité » (4). Quand bien même il est un écologiste controversé, ceux qui ont vu le film « Titanic » savent qu’il est le roi du monde !
Plus sérieusement, Barack Obama emboîte le pas : « Il y a une question qui va définir les contours de ce siècle de manière plus dramatique que toute autre question, c’est la menace urgente d’un climat changeant » (5). Les médias sont remplis de titres inquiétants. Des images d’inondations effroyables y côtoient des gros titres concernant des sécheresses dramatiques. Un rapport récent de la Banque mondiale a estimé à 140 millions le nombre de réfugiés climatiques pour 2050 (6). Ces tristes nouvelles conduisent certains à devenir pessimistes : « Oubliez de chercher à éliminer la pauvreté, les changements climatiques vont la rendre permanente ! » (7). D’autres encore expérimentent un ras-le-bol devant le bombardement médiatique sur le sujet ou se demandent si c’est un effet de mode. Toutefois, le consensus général considère la crise environnementale comme la crise majeure aujourd’hui.
Je pense qu’on se trompe, au moins partiellement. La crise majeure est celle du péché. Dave Bookless confirme : « L’étendue de la crise est bien plus importante que tout ce que nous avons connu jusqu’ici. Tant que nous n’admettrons pas que cette crise est spirituelle, nous ne parviendrons pas à la résoudre » (8). Nous savons que le péché affecte notre relation à Dieu, nous pouvons observer quotidiennement qu’il affecte nos relations à autrui. Mais le péché affecte aussi notre relation au reste de la création, notre relation aux choses. Le péché impacte la façon dont nous achetons des produits, dont nous mangeons, dont nous nous débarrassons de nos déchets. Nous essayons de minimiser cela en disant : « Ce n’est qu’un objet ! » Mais cela cache cette réalité : cet objet fait partie de la création de Dieu. Bien souvent, nous traitons la création d’une façon qui ne reconnaît pas Dieu comme créateur. C’est pour cette raison que lorsque nous lisons ces nouvelles dans les médias, nous nous sentons souvent coupables, dépassés et démoralisés. C’est plus vrai encore si vous vivez en Occident. Un style de vie occidental a clairement un plus grand impact écologique qu’un style de vie dans le Tiers Monde. Le WWF propose des statistiques qui montrent que si tout le monde avait le style de vie moyen d’un Suisse, nous aurions besoin de 3,3 planètes Terre pour répondre à nos besoins. Ces chiffres sont des approximations larges et peuvent être critiqués, mais il reste clair qu’un style de vie occidental exploite des ressources au-delà des limites terrestres.
Il est triste de réaliser que les chrétiens occidentaux ne vivent pas nécessairement différemment. Dave Bookless explique : « Si la crise écologique est ultimement une crise spirituelle, alors le remède est aussi spirituel » (9). En tant que chrétiens, nous sommes le peuple de la Bonne Nouvelle ! Est-ce notre rôle de « sauver la planète » ? Non ! Nous savons que Dieu a sauvé le monde. C’est une bonne nouvelle en effet ! L’épître aux Colossiens souligne : « Car Dieu a décidé d'être pleinement présent en son Fils et, par lui, il a voulu réconcilier l'univers entier avec lui » (1.19 et 20). En Christ, toutes choses sont réconciliées. Notre relation brisée avec l’environnement peut être rétablie. Cette vérité est la voix unique des chrétiens dans le débat sur l’environnement, et c’est en effet une bonne nouvelle. Cela demande cependant que nous nous repentions de notre part dans la destruction et la pollution de la terre. Cela demande que nous nous repentions de nos styles de vie consuméristes. Si nous nous sentons coupables au sujet de la crise environnementale, Christ nous invite à la repentance et à recevoir le pardon. Il est impossible de prendre soin de la création en partant de notre culpabilité.
Partir de la grâce
De la même façon que Dieu prend soin de la terre, nous devons suivre son exemple. Donnons-nous un témoignage authentique de notre Dieu par la manière dont nous utilisons le papier, l’électricité ou la nourriture ? Nous devons probablement changer considérablement notre style de vie. Cependant, si nous le faisons en partant de la grâce, nous pouvons opérer les changements nécessaires, lentement mais durablement, et avec joie pour la gloire de Dieu. En effet, la gloire de Dieu est bien le but de nos vies ainsi que de toute la création.
En tant que maman, cela implique que je change la façon dont j’éduque mes trois enfants. Mon désir est d’éveiller en eux une appréciation de la nature, parce que l’on prend mieux soin des choses que l’on aime. Je leur explique quelles sont les ressources qui ont été nécessaires pour fabriquer les légos avec lesquels ils jouent. Et lorsque les jouets sont cassés, nous essayons de les réparer. Cela change aussi la façon dont je fais les courses. Comment puis-je glorifier Dieu avec les produits que je pose dans mon caddie ? Cela change nos repas. Avec nos trois enfants, nous prenons le temps de compter le nombre de personnes impliquées pour produire les repas que nous mangeons. Lorsque nous prions pour remercier Dieu pour le repas, cela a plus de profondeur. Finalement, cela change aussi mon emploi du temps. En effet, pour prendre soin de la création, j’ai besoin de temps. Il ne sert à rien de vouloir tout changer du jour au lendemain. Mais lentement, à petits pas, je peux changer mon style de vie pour chercher à glorifier mon créateur dans tous les domaines de ma vie. Et partant de la grâce de Dieu, je le fais sans culpabilité.
Laëtitia Bapst André