Cours Just People (5) : le changement commence au niveau individuel

vendredi 31 mai 2024

La cinquième rencontre du cours Just People a eu lieu le 15 mai 2024. Organisée par StopPauvreté, en collaboration avec le FREE COLLEGE, cette soirée a été animée par Ursula Peutot, ingénieure en environnement et directrice exécutive d'A Rocha Suisse. Celle-ci a montré pourquoi la transition écologique ne sera pas initiée par les pouvoirs politiques ou les entreprises. Elle commencera au sein de la société civile. La responsabilité de limiter les effets du changement climatique repose donc sur... vous et moi.

« En matière d’écologie, j'avais l'impression qu’il était impossible d’avoir un impact à titre individuel, explique Ursula Peutot, ingénieure en environnement et directrice d’A Rocha Suisse. Je pensais qu'il fallait attendre que les grandes entreprises se mettent en route, que les politiques fassent ce qu'il faut, avant que nous changions nous-mêmes. Mais, désormais, je suis convaincue du contraire : le changement commence au niveau individuel. »

En effet, les politiciens ne prennent pas de décisions difficiles – la transition écologique implique des décisions difficiles – sans s’assurer qu’ils bénéficient du soutien de leurs électeurs. De même, la priorité des entreprises est de satisfaire leurs clients ; c’est donc la demande provenant des clients qui détermine l’offre. Cela signifie que, pour l’essentiel, le moteur du changement ne se trouve ni dans les sphères politiques, ni dans les entreprises, mais dans la société civile. Voilà pourquoi la transition écologique doit être initiée dans la société civile, c’est-à-dire par les individus… vous et moi !

Ce constat met chacune et chacun de nous devant une responsabilité et des défis importants. « Nous pouvons nous sentir un peu perdus devant l'ampleur de ce qui est devant nous, souligne la directrice d’A Rocha Suisse. Nous pouvons nous sentir comme un animal pétrifié devant les phares d'une voiture, dans le déni ou l'éco-anxiété. Mais ce sentiment d’impuissance accompagné d'une attente « que les autres fassent d’abord » est pénible à vivre. »

Le changement écologique commence avec moi

Le changement écologique commence donc au niveau individuel, ainsi que dans des petits groupes de personnes qui associent leurs efforts. Nos Eglises peuvent faire partie de ces petits groupes qui portent la transition. Individuellement ou en groupes, nous pouvons développer des petits « éco-gestes » : modifier notre manière de nous déplacer, d’habiter, de manger, de consommer… La surconsommation est une sorte de prison dont nous peinons à sortir.

Notre manière de consommer – acheter ou renoncer à acheter – a un impact sur les producteurs. Avant d’acheter, nous pouvons vérifier plusieurs points. D’où cette marchandise vient-elle ? S’agit-il d’une production locale dont le transport a nécessité peu d’énergie ? L’eau utilisée pour la produire a-t-elle été dépolluée ? Les personnes qui l’ont produite bénéficient-elles de conditions de travail décentes ?

Notre responsabilité par rapport à la sauvegarde de la création, à la justice sociale et à la durabilité n’est pas un thème annexe de la foi chrétienne. Il n’est pas moins spirituel que le pardon, la grâce ou la rédemption. En effet, si nous croyons que Dieu a créé toutes choses et qu’il aime sa création, nous sommes poussés à manifester un même amour pour son œuvre, pour les autres, voire pour les générations futures. « Engageons-nous, mais pas par culpabilité ou par peur, recommande Ursula Peutot. En effet, si l’amour pour Dieu et notre prochain constitue notre motivation, alors nos efforts pour pratiquer un mode de vie plus écologique seront plus légers. Nous sommes appelés à une sorte de sobriété joyeuse. »

Les chrétiens ont l’avantage de ne pas être livrés à eux-mêmes

Pour la directrice d’A Rocha, les chrétiens qui cherchent à faire partie de la solution plutôt que du problème ont l’avantage de ne pas s’engager seuls, mais avec Dieu. D’abord, ils sont rassurés de savoir qu’ils n’ont pas à sauver le monde – Dieu s’en charge. Ensuite, dans leur action, ils peuvent compter sur le Saint-Esprit qui les accompagne, y compris en plaçant à leurs côtés des frères et des sœurs dans la foi. En effet, s’appuyer sur d’autres donne une confiance et une espérance supplémentaire.

Mais comment s’engager dans un mode de vie plus écologique et plus durable ? D’abord en acceptant le fait que nous sommes en chemin, des apprentis loin d’être parfaits. Nous commençons avec de petites actions sans véritable impact. Mais, en faisant cela, de petits progrès en petits progrès, nous apprenons comment nous engager de manière plus forte. De plus, même nos plus petits « éco-gestes » ont un impact sur notre manière de penser en matière d’écologie et de durabilité, ainsi que sur notre entourage.

Les Eglises et les paroisses qui désirent pratiquer la durabilité en communauté peuvent rejoindre le mouvement EcoEglise. Ce « Réseau œcuménique suisse romand pour le soin de la création » est porté par cinq organisations chrétiennes : Action de Carême, EPER, œco Églises pour l’environnement, A Rocha Suisse et StopPauvreté. Son but est d'accompagner les communautés qui désirent s’engager sur le plan écologique. Et cela touche à toutes sortes de domaines tels que le culte, le bâtiment ou le mode de vie des personnes qui font partie de la communauté.

 

Le Cours Just People : https://stoppauvrete.ch/just-people/

La Plateforme ÉcoÉglise : https://stoppauvrete.ch/en-tant-queglise/ecoeglise/

Le Calculateur d'empreinte écologique du WWF : www.wwf.ch/fr/vie-durable/calculateur-d-empreinte-ecologique

Intervention d’Ursula Peutot sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=UM9lxo9HChc

Organisation StopPauvreté : https://stoppauvrete.ch

Organisation A Rocha Suisse : https://switzerland.arocha.org/fr/home

Le FREE COLLEGE : https://lafree.ch/free-college

  • Encadré 1:

    Ursula Peutot en bref

    Ursula Peutot est ingénieure en environnement, spécialisée dans le traitement de l'eau, et directrice exécutive d'A Rocha Suisse. Elle a été sensibilisée aux questions d’environnement et de durabilité dans son Église : « Nous avons été mis au défi de changer quelque chose. Avec ma famille, nous avons décidé d’acheter plus local, grâce à des paniers de légumes et de fruits. Ensuite, nous nous sommes lancé de nouveaux défis : nous approcher du ‘zéro déchet’, changer nos habitudes en matière de transport, de nourriture et de chauffage de la maison. Nous avons évolué un pas après l’autre ».

    7 ans sans prendre l'avion

    Avec sa famille, la directrice d’A Rocha a également revu sa manière de partir en vacances. Alors que son travail l’avait amenée à beaucoup voyager en avion, elle a décidé de changer : « Voilà sept ans que je n'ai pas pris l'avion, et ça ne me manque pas ! » La famille passe de belles vacances en Angleterre, en Bretagne et ailleurs ; et le voyage en train fait partie du plaisir. De plus, son mari et son fils se sont donné comme défi de longer le Rhône à vélo, de sa source jusqu’à son embouchure. Année après année, à l’Ascension, le père et le fils ajoutent fièrement une étape.

    Une dizaine de fois par année, Ursula Peutot se fait simple participante à des « chantiers nature » proposés par A Rocha : « Il s’agit d’arracher des plantes invasives dans des ‘prairies ou pâturages secs’ (PPS), riches d’une grande biodiversité. On adore faire cela en famille. Et ça nourrit vraiment notre espérance ».

    Une empreinte carbonne réduite de 40 pour cent

    La directrice d’A Rocha Suisse est satisfaite de constater que son empreinte carbone, évaluée sur le Calculateur d'empreinte écologique du World Wide Fund (WWF), s’améliore. En quelques années, l’empreinte carbone de la famille a baissé de 40 %.

    Concernant l’avenir de la planète, Ursula Peutot se sent assez proche des idées de l’ingénieur français Jean-Marc Jancovici : la nature imposera aux humains une décroissance. Pour elle, les nombreux scénarios plus ou moins alarmistes qui nous sont annoncés ne sont finalement pas si divergents que cela. Les avis s’opposent surtout à propos des mesures à prendre pour limiter et gérer les difficultés qui surviendront. Dans ce contexte, elle nous exhorte à « ne pas rechercher les richesses sur terre », mais à vivre en s’inspirant de cette parole de Jésus : « Recherchez d'abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus » (Mt 6.33).

  • Encadré 2:

    Une fête à la « Frat » pour marquer la fin du cours

    La brochure publiée par StopPauvreté, intitulée « Cours Just People », contient une invitation à conclure le parcours par une fête. C’est pourquoi, le dimanche 26 mai, l’Église évangélique « La Fraternelle » (FREE), à Nyon, a organisé une fête marquant la clôture du cours Just People. Celle-ci était composée d’un repas communautaire, d’un résumé du cours Just People, d’un compte rendu de l’enquête « Ce que les chrétiennes et les chrétiens pensent de la justice sociale et de la durabilité » et d’un temps de discussions.

    « Nous avons rassemblé trente-cinq convives, alors que nous n’avions été qu’une douzaine de participants au cours Just People, se réjouit David Rossé, le pasteur de la communauté. Cela signifie que nous avons vu le cercle des personnes intéressées par le sujet s’élargir. » Et, sur ces trente cinq participants, trois ou quatre personnes sensibilisées par le sujet ont emporté la brochure du cours Just People, afin de l’étudier.

    Dans la communauté, les questions de climat et de durabilité sont particulièrement portées par le Groupe mission et le Groupe éco-Église. Le pasteur est convaincu que, dans le futur, ces deux groupes favoriseront la poursuite de la réflexion sur le sujet.

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