Malgré les guirlandes et les boules, Noël, c’est parfois moche. Et pas besoin d’être SDF pour appréhender ces fêtes de fin d’année. Le phénomène frappe les plus pieux d’entre nous : les réjouissances peuvent s’annoncer comme une corvée qui fatigue à l’avance les membres d’une même fratrie ; et rimer avec repas familiaux où les non-dits assassins s’invitent à table. Entre susceptibilités à ménager et plats à rallonge à prévoir et préparer, l’angoisse s’installe. Et c’est sans compter la prise de tête pour l’achat des cadeaux qui forcément précède les rencontres... Comment faire pour bien faire ? Se porter pâle ?
Amener ce que l’on est pour rencontrer autrui
Un conte de Paolo Coelho met en scène un jeune garçon dans une église bondée de Rio de Janeiro, au Brésil, le soir de Noël. L’enfant ne connaît pas les prières des fidèles et récite l’alphabet à haute voix : « A, B, C... » Il espère que, là-haut, Dieu parviendra ensuite à composer avec ces lettres les mots qu’Il aura envie d’entendre...
Dans l’histoire, le curé d’abord choqué s’inspire ensuite de cette façon de faire. Il prend le garçon devant l’autel et invite la congrégation à égrener à son tour l’alphabet...
J’entends cela comme une parabole. Qui m’invite moi aussi à amener qui je suis, ce que je sais et mon envie de plaire à Dieu... non seulement à l’église le jour même de Noël, mais aussi dans mes repas et fêtes de fin d’année. En toute simplicité. Et en vérité. Que je puisse alors non seulement m’exprimer face à Dieu, mais aussi m’exprimer et être en lien avec celles et ceux qui m’entourent.
Se mettre en route malgré tout !
Ce conte latino-américain me fait penser enfin aux bergers et aux Rois mages qui ont marché à plusieurs jusqu’à Jésus. Je me dis alors que le chemin vers Noël ne se vit pas tout seul. Qu’il se partage. Je me dis aussi que la joie des bergers ou l’encens, voire l’or des mages avaient du sens en ce qu’ils traduisaient à chaque fois quelque chose de ces personnages.
« Allons donc jusqu’à Bethléem, et voyons cette chose qui est arrivée », se disent les bergers dans l’évangile de Luc (2,15), après avoir entendu l’annonce de l’ange. Les Rois mages, eux, « s’en allèrent », selon l’évangile de Matthieu (2,9) « et l’étoile qu’ils avaient vue dans l’Orient allait devant eux ». Il y a, dans cette marche commune, quelque chose d’apaisant. Une confiance dans la rencontre qu’ils vont faire à même de nous inspirer dans cette période de l’Avent.
Joyeux Noël !
Gabrielle Desarzens