Le Réseau évangélique suisse participe cette année encore à la «Marche pour la Vie», car les questions de vie et surtout les questions de solidarité avec les membres les plus faibles de notre société font partie de ses préoccupations centrales. Le dispositif policier sera une nouvelle fois impressionnant. Visiblement, il est nécessaire pour permettre la liberté d'expression des participants à cette manifestation.
Une telle opposition indique que le sujet de l’avortement reste controversé. Je suis, par exemple, profondément troublé de lire dans les médias que plus aucun enfant ne naît en Islande avec la trisomie 21. En Suisse aussi, les derniers chiffres montrent qu'au lieu des 350 enfants atteints du syndrome de Down attendus statistiquement chaque année, seuls 70 voient le jour. 80 % des bébés atteints du syndrome de Down diagnostiqués avant la naissance sont ainsi avortés.
L'avortement est tabou
A l'école, on nous apprend – avec raison – à nous indigner du fait que sous le Troisième Reich, les autorités allemandes décidaient quelles vies étaient dignes ou non d’être maintenues. Pourtant, nous acceptons aujourd’hui une nouvelle forme d'«eugénisme». Peut-être parce que nous la justifions par une certaine compassion : on veut éviter aux enfants une vie avec un handicap. Ou encore parce que les parents ne pensent pas être en mesure de relever le défi de vivre avec un enfant handicapé.
Au fil des ans, nous nous sommes habitués à ce que l'avortement soit présenté comme une solution utile et une option facile dans diverses situations d'urgence. Dans notre société, il est difficile de parler de remords ou des problèmes psychologiques engendrés par un avortement. Cela s'applique également aux milieux chrétiens. C'est pourquoi aujourd'hui, nous avons de nombreuses personnes qui souffrent silencieusement et restent seules avec leur «secret». Pour beaucoup, des questions telles que : «Et s'il avait quand même été en bonne santé» ou «Aujourd’hui, mon enfant n’aurait-il pas eu trois ans ?» se posent plus tard. La détresse est particulièrement grande lorsque, bien après, la naissance d'un enfant désiré n'a pas lieu.
Un petit être avec des droits
L'accent mis sur la dignité et l'inviolabilité de toute vie humaine ne remet pas en cause le droit de la femme à l'autodétermination («Mon ventre m'appartient!»). Mais il convient de se souvenir que ce petit être en devenir dans ce ventre (et même s’il est potentiellement handicapé) a aussi ses droits et aimerait être accueilli par nous.
Le Jeûne fédéral du 16 septembre est l'occasion d'exprimer notre gratitude pour le don de la vie. De demander pardon là où nos actions ne sont pas au service de la vie. De demander que notre société accueille inconditionnellement les enfants à naître. Et enfin d'agir de manière à ce que nous, chrétiens, créions un environnement dans lequel l'aide, l’accueil des personnes blessées et le pardon trouvent leur place.
Refus de s’associer à l’extrême-droite
Enfin, je termine sur un mot par rapport au contexte actuel : le Réseau évangélique suisse, en tant que partenaire de «La Marche pour la Vie», se distancie expressément des agitateurs antidémocratiques et en particulier du PNOS, qui veulent utiliser l’évènement pour mettre en avant leur propre agenda politique. Pour le Réseau, la protection des droits à la vie des enfants à naître est au cœur de son engagement dans cette manifestation. La violence et les slogans discriminatoires n'ont pas leur place dans un évènement qui se veut pacifique et motivé par l’amour du prochain.
Wilf Gasser, président Réseau évangélique suisse allemand et médecin