Lorsque le Burkinabé Etienne Kiemdé présente Radio Evangile et développement (1), il utilise des photos d’arbres, de toilettes publiques à la turque et de puits. Les photos les plus touchantes sont celles où l’on voit en pleine région sahélienne une forêt de jeunes arbres verdoyants, défiant sécheresse, sol durci, désertification, réchauffement climatique… Comme ce pasteur aime le dire : « Nous avec Radio Evangile et développement, voilà près de 30 ans que nous faisons de la ‘radio intégrale’, une radio qui vise à développer tout ce qui concerne le corps, l’âme et l’esprit… »
La radio pour créer l’événement
Etienne Kiemdé a perçu qu’en Afrique la radio était le média par excellence et qu’il ne s’agissait pas simplement pour un journaliste ou un animateur-radio de réaliser des interviews, de les monter, puis de les emballer avec un commentaire. Non ! Pour lui, le média radio doit créer l’événement. Pour ce faire, Etienne Kiemdé se déplace sur le terrain avec son équipe d’animateurs et de techniciens. Il enregistre des émissions où on découvre comment, dans un village, les habitants plantent des arbres, comment, dans un autre village, on construit des latrines pour le bien de la population, ou comment, ailleurs encore, on restaure un puits qui ne donne plus d’eau…
Au Burkina Faso, les défis sont énormes : pauvreté de la population, désertification, réchauffement climatique… et depuis peu montée de la violence islamiste. Dans ce contexte, Radio Evangile et développement va à la rencontre des gens, discute avec eux des problèmes qu’ils rencontrent et propose des solutions.
Faire comme Jésus-Christ
Ce qui habite Etienne Kiemdé paraît banal dans la bouche d’un pasteur évangélique : Jésus-Christ ! Parce que Jésus dans sa proclamation annonce un message qui vise tout l’être humain : son corps avec le rassasiement des foules ou les guérisons de malades, son âme avec des réponses à des personnes qui ont le cœur brisé… et son esprit avec des discussions avec des sages de l’époque qui se posent des questions existentielles cruciales ! Etienne Kiemdé se permet d’ajouter qu’à la suite du pédagogue suisse Johann Heinrich Pestalozzi il s’agit non seulement de nourrir le corps, l’âme et l’esprit des gens, mais aussi leur moralité. « Parce que si on instruit l’esprit d’un être humain sans s’occuper de sa moralité, affirment le pédagogue suisse et le pasteur burkinabé, on prépare une menace pour la société. » Et cette remarque est particulièrement pertinente à l’heure d’un réchauffement climatique de plus en plus marqué dans la bande sahélienne… et de mouvements djihadistes qui tuent au Burkina Faso !
Serge Carrel