Vous affirmez que la prière pour les malades et la guérison sont un moyen d’annoncer l’Evangile aujourd’hui. A quoi voyez-vous cela ?
Claire-Lise Cherpillod – On le voit dans toutes les rencontres que nous organisons ou dans celles auxquelles nous sommes invités. Nous rejoignons les gens dans leurs besoins et dans leur souffrance. En février dernier, j’ai passé 3 jours à Toulouse où j’ai participé à des soirées « Miracles et guérison » et j’ai vu des gens découvrir des réponses à leurs questions. Un homme avait cherché toutes sortes de réponses à ses problèmes et il était venu à cette soirée pour essayer une réponse de plus. Nous avons prié pour lui et, en discutant avec lui après la soirée, il m’a dit qu’il avait donné sa vie au Seigneur. Pour la première fois, il ressentait la paix en lui, alors qu’il était tourmenté et dépressif.
Werner Lehmann – En fait, nous souhaitons aborder la prière pour les malades et la guérison avec beaucoup d’humilité. Nous avons organisé notre première Conférence internationale de guérison à Oron en 2003 et nous sommes en progression. Nous essayons de répondre à des besoins temporels, tout en soulignant les besoins éternels de nos contemporains. Souvent les gens auxquels nous annonçons l’Evangile se disent : « Si Dieu peut m’aider dans ma maladie ou dans ma souffrance, alors je suis d’accord de faire un bout de chemin avec lui ! » En fait, nous agissons comme les disciples de Jésus dans l’évangile de Matthieu. Ils ont été envoyés par leur maître proclamer la venue du Royaume de Dieu, alors que Jésus leur avait dit : « Guérissez les malades, réveillez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons... » (Mt 10,8). Dieu s’intéresse autant à la santé de nos contemporains qu’à leur salut éternel.
Voyez-vous des miracles se passer au travers de la prière ?
Werner Lehmann – Nous pouvons parler de quelques miracles que Dieu a fait au travers de nos rencontres, mais spirituellement ce n’est pas si facile. Nous nous trouvons dans la même situation que les 12 espions qui sont partis à la découverte de Canaan, le pays promis. Deux seulement ont vraiment cru à ce que Dieu avait promis (Nb 14,6) !
A mon sens, nous sommes à un tournant. Soit le christianisme européen se relève et la francophonie est visitée, soit nous continuons notre petit bonhomme de chemin et nous sombrons dans l’insignifiance.
Nous vivons plusieurs expériences encourageantes en France. A Annecy où nous aimerions implanter une nouvelle Eglise, nous avons organisé 2 rencontres jusqu’ici. Pour la première, une soixantaine de personnes se sont déplacées. La deuxième fois, il y en avait le double. Et nous avons été surpris par les besoins de ces gens qui venaient de partout.
Nous allons aussi régulièrement en Bretagne, à Pontivy, dans des rencontres organisées par des catholiques charismatiques et une association qui s’appelle « Debout resplendis ». 2000 personnes participent à ces grandes conventions et 90 pourcent sont des catholiques qui aiment Dieu et le louent avec tout autant d’intensité que dans les milieux évangéliques. A chaque fois, nous prions pour les malades, nous appelons aussi à la conversion et des gens se lèvent pour le Seigneur. Dans ces rencontres, nous prêchons la Bible et les responsables ont vraiment le désir de nous voir dispenser un enseignement biblique.
Du 1er au 4 juin, vous organisez la Conférence internationale de guérison. Que souhaitez-vous dire aux évangéliques de Suisse romande pour qu’ils se déplacent à Malley ?
Claire-Lise Cherpillod – Au travers de ces rencontres, nous souhaitons encourager chacun à aller plus loin dans son parcours avec Dieu. Nous accueillons des orateurs qui ont reçu quelque chose de particulier du Seigneur dans le domaine de la guérison et qui peuvent nous permettre d’aller plus loin dans ce domaine. Nous souhaitons aussi travailler avec les Eglises pour qu’elles développent la prière pour les malades dans leurs rencontres ou au travers de « chambres de guérison ».
Werner Lehamnn – Dans le corps de Christ, nous avons besoin de rencontres en petits groupes et en groupes un peu plus grands. Nous avons aussi parfois besoin de nous retrouver dans de grands rassemblements. Venir à Malley, c’est l’occasion de sortir de nos murs habituels et d’inviter des gens que l’Evangile intéresse, mais qui ne viendraient jamais dans notre Eglise ou dans notre groupe de maison.
Dans ces rencontres, nous n’allons pas seulement prier pour les malades, mais nous allons aussi prêcher l’Evangile de Jésus-Christ et encourager les participants à consacrer leur vie à Dieu. Cette dimension d’évangélisation est même, à mon sens, plus importante que la prière pour les malades.
Qu’est-ce qui personnellement vous motive à développer ce ministère de l’AIMG ?
Claire-Lise Cherpillod – L’annonce de l’Evangile et la possibilité de regagner l’héritage que le Christ nous a laissé. Cet héritage consiste non seulement en l’annonce de l’Evangile, mais aussi dans la réalisation concrète des promesses qu’il nous a données.
Werner Lehmann – Je suis toujours enthousiasmé par l’Evangile. L’Evangile de Jésus-Christ est une nouvelle extraordinaire. Plus on le comprend en profondeur et plus ce message de la croix apparaît comme l’espérance extraordinaire de l’humanité. Dans la désespérance de notre monde, dans une société qui spirituellement ne sait plus reconnaître sa gauche de sa droite, prêcher le Royaume de Dieu constitue un extraordinaire privilège. Et cette prédication, nous ne la faisons pas pour faire venir les Romands à l’Eglise évangélique d’Oron, mais pour bénir toutes les Eglises de Suisse romande : catholiques, réformées et évangéliques.
Propos recueillis par Serge Carrel