Madeleine Bernath : une vie à la suite du Christ, de la Roumanie à Nazareth

mercredi 12 mai 2010

Madeleine Bernath s’est éteinte dans sa 88e année à Echichens, près de Morges. Epouse du Dr Hans Bernath, cette enseignante a vécu 42 ans à Nazareth où son mari exerçait comme chirurgien, puis directeur de l’Hôpital de Nazareth. 42 ans à essayer de vivre humblement dans les pas de son maître : Jésus de Nazareth. Hommage.

Le 10 juillet dernier, Madeleine Bernath nous quittait. Un parcours de vie riche qui commence par la Roumanie et qui se poursuit par 42 années passées au service de l’«Hôpital anglais» de Nazareth avec son mari, le Dr Hans Bernath, décédé il y a 8 ans. Une vie consacrée au service des populations de Palestine. Une vie marquée par une immense ouverture de coeur à l’autre et une maison toujours ouverte, le café prêt pour les visiteurs...

Très jeune au bénéfice d’une expérience spirituelle
Madeleine est née à Vevey en 1920. Elle est la fille aînée de Paul et Zélie Perret-Berney. Paul Perret part en 1922 pour la Roumanie dans un travail séculier, mais l’abandonne rapidement pour se consacrer entièrement aux jeunes Eglises fondées par son beau-père, Francis Berney, pionnier de la mission des Assemblées de Suisse en Roumanie. Un drame touche bientôt la famille. La maman décède subitement 15 jours après la naissance d’une troisième petite sœur. Peu de temps après, Madeleine, toute jeune enfant, fait une expérience spirituelle dont le souvenir restera gravé en elle. Ecrasée par la jalousie vis-à-vis de sa petite sœur, maintenant au centre de l’attention de la famille, elle réfléchit sur elle-même, se trouve détestable et décide de chasser ce sentiment. C’est le début d’un chemin où elle se tourne vers les autres avec l’amour du Christ.
Après l’école primaire en Roumanie, Madeleine effectue deux ans d’études secondaires à Yverdon-les-Bains, puis son gymnase à Lausanne. Elle étudie ensuite l’histoire à l’Université. Elle renonce à s’inscrire en philosophie par respect pour son père, qui s’y oppose par crainte de l’influence d’un professeur agnostique. Elle devient enseignante. C’est aussi une époque de questionnement de la foi, mais une certitude reste inébranlable en elle : celle d’une vocation au service missionnaire.

La rencontre avec Hans
En 1940, un jeune homme remarque Madeleine. Il s’appelle Hans Bernath. Etudiant en médecine en vue d’un service missionnaire, il est mobilisé et en uniforme. Il tombe amoureux de la charmante jeune fille qui dirige la chorale dans une rencontre des GBU. Il lui faudra de la patience ! La jeune fille s’estime incapable de répondre dignement à un amour aussi fort... Le garçon est anéanti par ce refus. Il est aussi pris de doutes par rapport à sa vocation missionnaire. Pourtant, au bout de trois ans, le non devient un oui. Madeleine et Hans se fiancent et se marieront finalement en 1948.
Cette période de leur vie est riche de contacts divers, prémisses de cette ouverture qui les caractérise l’un et l’autre, et qui a été relevée de diverses manières par des témoignages lors du service funèbre. Notamment au travers des multiples rencontres avec des missionnaires, au travers de l’engagement dans les Groupes Bibliques Universitaires – dans lesquels Hans a joué un rôle déterminant à l’époque – et au travers des contacts de Madeleine avec les Sœurs de Grandchamp, restés vivants jusqu’à ces dernières années.

Ils découvrent la Palestine avec le CICR
C’est à travers un engagement avec le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) que Madeleine et Hans vont découvrir la Palestine et le drame des Palestiniens. Après un premier séjour en 1949, ils s’engagent en 1956 à l’Hôpital anglais de Nazareth, où ils servent jusqu’à leur retraite en 1988, et au-delà comme bénévoles, jusqu’en 1998. Madeleine y excelle dans l’enseignement, notamment de l’arabe pour les expatriés, et dans l’accueil, aux côtés de son mari, chirurgien et longtemps directeur de l’hôpital.
Madeleine a élevé cinq enfants : Christine, née en 1949, Dorette, née en 1951, Marc-André, né en 1954, auxquels se sont joints deux enfants de là-bas, adoptés après un conseil de famille où les trois aînés se sont montrés enthousiastes pour agrandir la famille : Bushra, née en 1959, et Butrus, né en 1960. Les cinq enfants expriment de la reconnaissance pour la richesse des contacts et des langues apprises dans l’enfance, et pour l’ouverture de leurs parents. L’un d’eux relève «la liberté dans la tête» que l’éducation reçue lui a laissée. Cela ne s’est pourtant pas fait sans des frustrations, longtemps douloureuses pour les aînées, séparées des parents à l’âge de l’adolescence pour leurs études.

« Des musulmans, visages du Christ ! »
Jean-Michel Perret, un des neveux de Madeleine, qui est pasteur dans l’Eglise protestante de Genève, officiait lors du service funèbre tenu à Morges le 15 juillet. Il n’a pas oublié cette phrase de sa tante, caractéristique de l’humilité et de l’ouverture qui a marqué son engagement évangélique. Parlant de leur personnel multi-religieux à l’hôpital, elle disait : «Nous avons des musulmans qui manifestent un tel amour qu’ils sont visages du Christ pour les malades». Madeleine a donné sa vie au service de l’Evangile avec cette conviction «qu’on peut être témoin du Christ sans faire de prosélytisme ni faire de division».
George Prince, un ami proche de la famille, se souvient d’une leçon d’arabe qui s’est terminée par un moment biblique avec ce verset du prophète Michée : «On t’a fait connaître, ô humain, ce qui est bien ; ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu». Le regard de « Madinette » s’illumine alors : « C’est le verset de mon mariage », dit-elle. Ce fut pour Madeleine et Hans un chemin de vie.
Silvain Dupertuis

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