J'aime l'Eternel : le recueil de chants qui n'était pas destiné à nos Eglises

lundi 15 juillet 2013

Il y a bientôt 40 ans que le recueil de chants J'aime l'Eternel existe. Outil destiné initialement à l'usage interne de Jeunesse en mission, il est petit à petit devenu le recueil « officieusement officiel » de nos Eglises. Enquête.

« Nous n'avons jamais eu l'objectif de gérer la musique des Eglises, explique Rolf Schneider, le responsable du Département musique de Jeunesse en mission, à Yverdon-les-Bains. Nous avons rassemblé les chants et les talents artistiques d'autres personnes. Nous avons été des facilitateurs, non les dirigeants d'un mouvement musical. Et cela reste en grande partie vrai aujourd'hui. »
Etonnante saga que celle du recueil de chants J'aime l'Eternel ! Initialement destiné à l'usage interne de Jeunesse en mission, il est devenu le recueil d'un grand nombre d'Eglises évangéliques et de quelques paroisses réformées.

Un recueil à usage interne
La première édition du J'aime l'Eternel date de 1974. Le recueil rassemblait des chants que Jeunesse en mission produisait pour ses propres besoins. Ceux-ci étaient utilisés lors de rencontres de louange et par les écoles d'évangélisation qui avaient lieu au Chalet-à-Gobet. Ils ont également été utilisés par les chorales qui se produisaient dans les rues de plusieurs villes de Suisse romande, notamment à Vevey et à Genève.
Mais les Eglises de Suisse romande se sont rapidement emparées de ce recueil pour leur propre usage. « Nous avons assisté à ce phénomène en observateurs, se souvient Rolf Schneider. Le J'aime l'Eternel est arrivé au moment où les Eglises aspiraient à un renouvellement de leur musique. »
Au milieu des années 80, à l'époque de la sortie du supplément « Si mon peuple », une équipe musicale permanente de 4 à 5 personnes a été constituée. Elle répondait aux besoins d'enseignement de groupes de jeunes en Suisse, en France, en Belgique et en Italie.
Actuellement, trois couples animent le Département musique de Jeunesse en mission : Rolf et Maryse Schneider, Sylvain et Line Freymond, ainsi que Simone et Stéphane Unger. Ils sont bénévoles, soutenus financièrement par des groupes d'amis. « Durant quelques années, nous avons été jusqu'à 15 personnes, précise Rolf Schneider. Actuellement, nous sommes moins nombreux, mais nous travaillons en réseau avec plusieurs personnes engagées dans la louange. »

Principe de base : libérer le potentiel
Le Département musical de Jeunesse en mission reprend à son compte un principe de base de l'organisation : discerner et libérer le potentiel des chrétiens, puis bénir et envoyer. Ce principe oriente la manière de travailler de l'équipe yverdonnoise.
Ainsi, le Département musical fait de gros efforts pour maintenir une offre intéressante en matière de formation. Il propose une école de louange, des séminaires et de la littérature. « Parce que, conduire la louange demande de la maturité, précise Rolf Schneider. Il ne suffit pas de prêcher ou d'aligner des chants. C'est une activité orientée vers Dieu et les croyants, non un moyen pour des musiciens de se faire plaisir. »
Cependant, ces possibilités de formation ne rencontrent pas toujours beaucoup d'intérêt de la part des Eglises. Alors que, faute d'inscriptions, un atelier de composition prévu à Pontarlier vient d'être annulé, on reproche à Jeunesse en mission de faire payer ses séminaires de louange. Cette incapacité des Eglises à se donner les moyens de leurs ambitions surprend Rolf Schneider : « La louange est pourtant une activité véritablement spirituelle, pas seulement l'affaire de quelques musiciens qui grattent la guitare. »
Une autre conséquence pratique du principe « libérer le potentiel » se trouve dans la manière de gérer la publication de nouveaux chants, en particulier de ceux qui sont envoyés par des compositeurs extérieurs. Le responsable du Département musical précise : « Pour être intégré au recueil, un nouveau chant doit être beau. Il doit tenir la route sur le plan théologique. Il doit être aimé dans une région ou dans plusieurs Eglises. Nous vérifions également qu'il soit bien construit sur le plan de la tessiture et de la prosodie. »
Mais, lorsqu'un chant n'est pas suffisamment abouti, il est difficile de demander à son auteur de le retoucher, afin de l'améliorer. « Nous entrons souvent dans des argumentations compliquées, reconnaît Rolf Schneider. Du coup, on prend le chant tel qu'il est ou on ne le prend pas. Mais lorsque le compositeur accepte des conseils, on entre en matière. »

Pas de contacts officiels avec les fédérations d'Eglises
Voilà bientôt 40 ans que Jeunesse en mission développe son recueil, volume après volume. Le J'aime l'Eternel est devenu la source principale de la musique dans nos Eglises ; pourtant il n'a jamais existé de lien officiel entre le Département musique de l'organisation et les fédérations d'Eglises évangéliques en Suisse romande et au-delà. « J'ai d'excellents amis qui travaillent dans le cadre de la louange, explique Rolf Schneider. Mais cela reste au niveau des communautés. Je serais heureux qu'une fédération demande à nous voir, mais cela ne s'est jamais produit ! »
Claude-Alain Baehler

Plus d'infos sur le Département musique de Jeunesse en mission.

Vous pouvez découvrir d'autres articles autour du thème « Musique et louange » et participer au débat sur ce thème sur notre FREEblog.

  • Encadré 1:

    Tu ne voleras pas les chants du « JEM » !
    Le vol des chants produits par Jeunesse en mission pose problème à l'organisation. Il représente un manque à gagner qui fragilise sa production. Ce manque à gagner intervient lorsque la reproduction d'œuvres par photocopies, par projection ou par internet dispense de les acheter. « De nombreux chrétiens confondent la gratuité de l'Evangile et le fait de payer un travail, déplore Rolf Schneider. Pourtant, l'ouvrier mérite son salaire. Certains sites internet ont pris tous nos chants sans rien nous demander, c'est du pillage ! »

  • Encadré 2:

    Commentaire
    Le Saint-Esprit n'est pas contre le travail
    « J'ai beaucoup travaillé. Quiconque travaillera comme moi pourra faire ce que j'ai fait. » Cette citation de Jean-Sébastien Bach montre que le grand musicien chrétien fut un besogneux. Nous imaginons l'artiste recevant l'inspiration de manière facile. Mais la réalité est autre. Bach a énormément étudié la musique – et aussi la théologie. Son travail n'a pas contrarié son talent. Au contraire, il l'a révélé.
    Le talent et l'inspiration, y compris divine, vont de pair avec le travail, l'exercice et l'acquisition de compétences. La composition d'un chant nécessite une bonne maîtrise du français, de la poésie, de la prosodie, de la musique, de la technique du chant, voire de l'harmonie... sans oublier quelques solides bases bibliques. Le musicien que Dieu appelle à la composition devrait se former dans ces matières... ou alors accepter de se faire aider et corriger par des personnes compétentes. Mais cette recherche de l'excellence demande du travail, de la persévérance et une bonne dose d'humilité.
    C. A. Baehler

  • Encadré 3:

    Commentaire
    Et si on se parlait ?
    L'équipe du Département musique de Jeunesse en mission gère l'essentiel des chants interprétés dans nos Eglises. Elle procède à des choix déterminants pour nos communautés, tant musicaux que théologiques. Mais elle n'a pas de contacts avec les fédérations d'Eglises... et ne reçoit aucun soutien financier. Est-ce normal ?
    Les fédérations d'Eglises évangéliques en général – et la FREE également – se sont déchargées sur Jeunesse en mission de leurs responsabilités en matière de musique. Elles ont adopté le recueil de chants J'aime l'Eternel, mais elles n'ont pas développé de liens avec ses producteurs. N'auraient-elles pas tout à gagner à établir un minimum de dialogue régulier ?
    C. A. Baehler

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