HET-PRO : pour Shafique Keshavjee, un signe fort à l’occasion des 500 ans de la Réforme (avec allocution)

lundi 11 septembre 2017

Il est membre du comité de direction de la HET-PRO. Pasteur réformé et auteur bien connu, Shafique Keshavjee a pris une part active à la mise en place de la HET-PRO. L’ancien professeur de théologie œcuménique de la Faculté de Genève se confie à lafree.ch.

Shafique Keshavjee, que représente pour vous cette inauguration ?
En cette année des 500 ans de la Réforme, c’est un signe fort ! On oublie trop souvent que la Réforme a suscité des choses magnifiques, mais aussi des divisions extrêmement douloureuses. Je pense à la division entre les Eglises réformées et les anabaptistes, le mépris qu’il y a eu pour les Eglises évangéliques et réciproquement des évangéliques pour les Eglises nationales. Dire aujourd’hui que l’on a besoin pour le renouvellement de la théologie de mettre ensemble ce qui a été divisé : les réformés et les évangéliques, et de prendre en compte les représentants des Eglises du Sud est quelque chose d’extrêmement important. Je me réjouis des impulsions qui ont été données et des collaborations qui ont eu lieu. Par ailleurs, la nouvelle équipe de professeurs est très compétente. Ils vont pouvoir donner le témoignage d’une théologie chrétienne vivante.
 
En 2010, Shafique Keshavjee, vous avez publié un livre critique à l’endroit des facultés de théologie protestante de Suisse romande. Vous en appeliez à la création d’une faculté de théologie protestante confessante. La création de la HET-PRO vient-elle satisfaire ce que vous appeliez de vos vœux ?
Oui et non. Oui, dans le sens où c’est un lieu qui est clairement professant et qui confesse une foi chrétienne de façon vivante et académique. Et non, parce que quand j’ai écrit le livre Pour une théologie en tant de crise, c’était d'abord pour le monde académique où, pour moi à l’époque, l’enjeu était clairement de montrer que les sciences des religions prenaient tellement de place que la théologie chrétienne était parfois reléguée à un rôle mineur. Ce livre a peut-être suscité une réaction dans les facultés de théologie protestante romandes : on a pu assister à un désir plus marqué de travailler avec les Eglises et à une volonté de réintégrer plus explicitement la théologie pratique dans le cursus des étudiants à Lausanne comme à Genève.

Dans le même temps, la HET-PRO permet d’avoir un lieu qui met en pratique une théologie confessante qui soit à la fois réformée, évangélique et ouverte aux Eglises de migrants.

Comment appréhendez-vous le fait que les Eglises réformées ne soient pas représentées officiellement à cette inauguration ?
Pour les autorités des Eglises réformées actuelles, il y a une difficulté. La HET-PRO est perçue comme un lieu qui va affaiblir les facultés de théologie, donc comme un lieu concurrent, plutôt que complémentaire, alors que nous travaillons dans un état d’esprit de complémentarité. Vu que des ponts ont été reconstruits entre les facultés de théologie et les Eglises réformées, il paraissait impossible aux autorités réformées de mettre de l’énergie ailleurs.

J’espère que cette attitude est plutôt momentanée. J’ai des signaux assez clairs de certaines autorités réformées intéressées par la naissance de cette HET et j’espère que, dans les années qui viennent, on pourra faire circuler les compétences entre les lieux de formation et les Eglises.

Pendant les 7 années qu’a duré la mise en place de ce projet, les autorités des Eglises réformées ont menacé de licenciement tous les pasteurs réformés en activité qui s’impliquaient dans ce projet. Comment avez-vous perçu cette menace ?
C’est une question de loyauté à l’institution, les Eglises réformées ayant pris l’option de dire : « Nous ne souhaitons pas travailler avec la HET pour le moment ». Je rappelle juste que le Synode de l’EERV (le législatif) a demandé au Conseil synodal de rencontrer régulièrement la direction de la HET. Une seule rencontre a eu lieu jusqu’à présent, mais cette demande existe.

Pour des réformés qui souhaitaient s’impliquer dans la mise en place de ce projet, leur engagement était perçu comme déloyal face à l’institution. Voilà pourquoi certains se sont retirés, mais d’autres continuent à exprimer leur attachement et à s’engager dans ce projet. En particulier au sein du R3 (Rassemblement pour un renouveau réformé), mais aussi en dehors.

Propos recueillis par Serge Carrel

L’allocution de Shafique Keshavjee, membre du comité de direction de la HET-PRO, lors de l’inauguration le dimanche 10 septembre est disponible ici.

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