Sur la carte du monde, le rouge domine en Asie, ciblant notamment l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan et l’Iran. « L’ultranationalisme et l’autoritarisme d’Etat fait actuellement des ravages », résume Philippe Fonjallaz. Commentant son communiqué de presse, il évoque l’Inde, qui célèbre actuellement et jusqu’au 4 mars le pèlerinage hindou Kumbh Mela, le plus grand rassemblement religieux au monde : « Les extrémistes agissent en toute impunité contre les minorités religieuses, exprime-t-il. Et des lois anti-conversions ont été édictées dans huit Etats indiens ces deux dernières années. Les pressions exercées par les ultranationalistes hindous contre les chrétiens, comme contre aussi les musulmans sont très fortes. »
Hymne national au début du culte
La Chine, en orange sur la carte, est aussi dans le collimateur de l’ONG chrétienne avec un autoritarisme d’Etat qui étouffe la liberté d’expression : « La nouvelle loi de février 2018 concernant la réglementation des affaires religieuses a des effets pervers. On demande aux communautés chrétiennes de chanter l’hymne national au début de leur culte, ou on interdit l’enseignement chrétien aux enfants. » Pékin applique différentes stratégies pour promouvoir « un christianisme chinois » et a fermé par exemple une église de 1500 membres qui refusait d’installer des caméras de surveillance tournées vers l’assistance. Des pasteurs ont aussi été emprisonnés dans des camps de redressement.
A eux seuls, l’Inde et la Chine totalisent 163 millions de chrétiens : « En Chine, les chrétiens, 100 millions, sont plus nombreux que les membres du parti communiste », relève Philippe Fonjallaz. Cela fait du coup beaucoup de monde concerné par la discrimination quotidienne, la persécution, voire la violence physique.
40 ans après le départ du Chah d’Iran
En Iran, qui fête aujourd’hui les 40 ans du départ du Chah et l’arrivée au pouvoir des mollahs, les citoyens ne peuvent plus quitter l’islam pour une autre religion : l’apostasie est considérée comme un crime. Aux côtés des communautés historiques arméniennes et assyriennes qui se meurent, Les convertis au christianisme constituent pourtant comme une nouvelle église. Mais une église souterraine, dont les membres risquent l’arrestation, un emprisonnement entre 5 et 15 ans parfois sans procès et la torture. L’Iran fait d’ailleurs partie du « top ten » de l’indice de persécution des chrétiens de PO. « Mais d’autres minorités comme les Bahais, les sunnites et les soufis sont aussi persécutés dans ce pays à grande majorité chiite », indique Philippe Fonjallaz.
Les intérêts économiques prennent le dessus...
Le directeur de PO en appelle le gouvernement suisse et la communauté internationale, « qui sont habilités à défendre les droits de l’homme », à renforcer leur attention face à cette évolution inquiétante : « Dans les relations avec les pays concernés, la situation des minorités religieuses est trop souvent ignorée ou thématisée timidement. Les intérêts économiques prennent le dessus, dénonce-t-il, au détriment de la défense des droits humains, dont la liberté de croyance est partie intégrante ! »
Gabrielle Desarzens