A l’occasion des 100 ans de Francis Schaeffer, un hommage de Peter Clarke

jeudi 19 janvier 2012
Ce mois-ci, le philosophe Francis Schaeffer, aurait eu 100 ans. Peter Clarke, professeur associé à l’UNIL, rend hommage à ce Vaudois d’adoption !
Le 30 janvier 2012 marquera le centième anniversaire de la naissance de Francis August Schaeffer, philosophe, théologien, amateur d’art, évangéliste et fondateur de l’« Abri International Fellowship », à Huémoz, dans les Alpes vaudoises. L’influence de cette personnalité sur la pensée évangélique est énorme. Bien que né et formé aux Etats Unis, Francis Schaeffer a passé le plus clair de sa vie en Suisse, où il a écrit ses 22 livres, traduits en 25 langues au moins. Il est probablement l’auteur le plus lu du canton de Vaud, avec plus de quatre millions d’exemplaires de ses livres vendus. C’est dans le monde anglo-saxon que son influence a été la plus grande, mais ses huit livres les plus importants sont disponibles en français.
 
Comprendre les présupposés de nos contemporains
Le message clef de Francis Schaeffer pour l’Eglise, c’est qu’il est de première importance de comprendre les changements dans les présupposés des Occidentaux depuis le siècle des Lumières, et surtout la division désastreuse entre foi et rationalité, puis de se rendre compte des implications pour la doctrine et l’éthique chrétiennes, et pour l’évangélisation. Pour la doctrine et l’éthique, Schaeffer a accentué les dangers du libéralisme théologique et du relativisme moral. Il a aussi insisté sur l’importance de réaffirmer l’autorité de la Bible. Pour l’évangélisation, il a argué que les présuppositions postkantiennes ont rendu l’Evangile non seulement difficile à accepter pour beaucoup de nos contemporains, mais presque incompréhensible, parce que la notion de « vraie vérité » a été perdue dans les domaines de la foi et de l’éthique.
Ceci a entraîné une nouvelle approche de l’évangélisation, qui souligne l’importance  de comprendre les présupposés philosophiques qui se cachent derrière la culture moderne et qui sont exprimés, entre autres, dans les œuvres d’art. La communauté fondée par Francis Schaeffer et son épouse, Edith, qu’ils ont appelée « L’Abri », est devenue un centre célèbre, visité par des dizaines de milliers de personnes en recherche, venant du monde entier. Beaucoup de jeunes adeptes de la contre-culturelle, hippies ou existentialistes, ont dit qu’ils se sentaient pour la première fois compris, et beaucoup ont ainsi accepté Christ. Plusieurs personnalités adulées se sont intéressées à Francis Schaeffer, notamment Bob Dylan, Eric Clapton, Mick Jagger et le guru des drogues, Timothy Leary. Certains d’entre eux ont visité l’Abri, d’autres ont communiqué avec Schaeffer sans aller sur place.
 
Parfois trop schématique !
Les écrits de Schaeffer ont souvent été taxés de simplistes. Ce qui n’est pas totalement faux. Son insistance sur la valeur absolue de l’éthique chrétienne a parfois manqué de nuances et a stimulé certains des excès de la droite chrétienne américaine. Sa conception de l’histoire de la philosophie a été trop schématique. Par exemple, son livre Démission de la raison analyse l’histoire de la philosophie et de la culture, de Thomas d’Aquin au XXe siècle, en donnant presque exclusivement le point de vue particulier de Schaeffer, le tout en 90 pages. Pour les standards académiques, ce n’est guère acceptable. Mais nos critiques sur les détails ne devraient pas nous faire perdre de vue l’importance de la vision globale de Schaeffer. Il ne travaillait pas dans une université et son public cible n’était pas d’abord le monde académique. C’était un évangéliste pionnier et un prophète moderne. Il nous a montré qu’être « dans le monde mais pas du monde » implique une immersion dans la culture moderne et dans sa philosophie, tout en apportant une critique lucide de ses présupposés anti-bibliques. Il nous a montré qu’« aimer Dieu de toute son intelligence » implique un attachement rigoureux à la vérité et à la pensée critique. Il nous a montré qu’aller à la recherche des perdus à Lausanne ou à Genève nous engage à communiquer, en utilisant les formes de pensée de ceux que nous voulons atteindre.
 
Ancré dans la culture comme dans la Révélation biblique
Depuis la mort de Francis Schaeffer en 1984, le climat culturel et intellectuel du monde occidental a continué à évoluer. Le modernisme et l’existentialisme ont été en grande partie remplacés par le postmodernisme, bien qu’un nouvel « hypermodernisme » soit apparu sous la forme du « nouvel athéisme », depuis les attaques d’Al Quaeda sur les tours jumelles de New York. Ce serait toutefois une erreur de considérer que les écrits de Schaeffer sont dépassés. Le coeur de son message reste valable : nous devons nous aventurer courageusement dans les marées changeantes de la culture, tout en nous attachant solidement à la vérité inchangée de la révélation divine.
 
Peter Clarke, membre de l’Eglise évangélique de Villard (FREE) à Lausanne

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