Le Père jésuite Ziad Hilal est établi à Homs. De passage en Suisse avant de rentrer en Syrie, il raconte une ville séparée en deux où, de part et d'autre de la ligne de front, musulmans et chrétiens s'entraident. Dans cette partie du pays particulièrement ravagée, le jésuite continue à diriger un centre social qui propose des prestations médicales, psychologiques et autres services caritatifs à quelque 6'000 familles. Le centre-ville a été vidé de sa population, des bombes tombent, des voitures piégées explosent, il y a des morts. « Mais les gens vont au travail, les écoles restent ouvertes », témoigne-t-il.
Si on trouve à manger sur les marchés, les prix ont flambé et la vie est devenue très chère. « Beaucoup d'ONG sont constituées de toutes les ethnies. La société civile travaille aujourd'hui de façon homogène entre chrétiens, alaouites, musulmans et orthodoxes. »
Sommet interreligieux
Comme lui et qu'ils soient musulmans ou chrétiens, un certain nombre de responsables religieux en sont convaincus : le conflit en Syrie ne pourra être résolu que par la voie politique et non par la voie militaire. Aux fins d'influencer les différents acteurs en présence, un sommet islamo-chrétien doit se tenir le 12 décembre à Genève.
« On essaie d'organiser ce sommet pour que les dirigeants religieux puissent dire ensemble qu'ils sont contre la violence, qu'elle n'aboutira à rien, indique à Genève Michel Nseir, coordinateur des programmes du COE pour le Moyen-Orient. Ils vont venir ensemble pour dire publiquement que les valeurs communes qu'ils partagent peuvent construire une nouvelle Syrie, être la base d'une Syrie qui respecte les droits humains, la liberté de chacun, une certaine forme de démocratie. »
Un conflit de nature politique
Ce sommet est le fruit d'une première rencontre interchrétienne qui s'est tenue à Genève le 18 septembre dernier. « Le conflit n'est pas un conflit entre religions, confessions ou ethnies. C'est un conflit de nature politique », poursuit Michel Nseir. A l'origine, ce sont des gens qui se sont soulevés contre toute forme de corruption et d'oppression, estime-t-il. Le message éthique et moral des responsables religieux ce mois de décembre sera de dire qu'ils respectent cette volonté populaire de vivre de façon digne et démocratique, mais que cela ne peut s'obtenir par les armes.
« Nous espérons que ce message sera pris comme un spécimen que la vie dans une diversité est possible en Syrie et dans toute la région ; et que le radicalisme religieux existe, mais qu'il a une voix beaucoup plus importante que sa taille réelle dans nos sociétés. »
Gabrielle Desarzens
Pour aller plus loin : écoutez l'émission Hautes Fréquences de dimanche 1er décembre.