Nous reconnaissons que l’industrialisation, la déforestation des forêts tropicales, l’agriculture excessive et la surexploitation des pâturages conjointement avec la consommation sans limite d’énergies fossiles ont amené les systèmes naturels de la Terre dans une situation de déséquilibre. La croissance rapide des émissions de gaz à effet de serre conduit à une augmentation des températures moyennes dont les effets dévastateurs se donnent déjà à sentir. Sur notre planète, les personnes les plus touchées sont les pauvres et les marginalisés.
Dans ces prochaines décennies, une augmentation prévue de la température de 2 degrés va changer considérablement la vie sur la terre et accélérer la perte de la biodiversité. Le risque et l’ampleur des épisodes climatiques extrêmes comme les sécheresses, les inondations et les cyclones vont augmenter, ce qui va conduire à des famines et à des flux migratoires. Le niveau des mers et des océans va continuer de monter, les sources d’eau douce seront plus salées et des îles ou des régions côtières vont être submergées par les eaux. Nous allons probablement vivre des migrations de masse qui entraîneront des conflits et des rapports de force difficiles. Des changements dramatiques dans les précipitations tout comme dans la fonte rapide des glaciers vont conduire à des restrictions d’eau pour des millions de personnes.
Nous nous repentons de notre relation à la Création marquée par l’exploitation. Nous nous repentons d’avoir justifié cette relation par une théologie qui servait nos propres intérêts et par nos intérêts économiques. Nous demandons pardon pour notre égoïsme et notre retenue à poser des signes politiques concrets. Nous reconnaissons la nécessité de changer radicalement de style de vie comme réponse à l’indignation de Dieu et à sa tristesse devant sa Création qui souffre.
Devant Dieu, nous nous engageons à appeler tous les croyants à orienter leur vie sur l’agir rédempteur de Dieu pour toute la Création. Nous allons chercher des chemins qui permettent aux humains de retrouver une relation respectueuse à la création de Dieu. Nous allons nous efforcer de vivre de manière durable, refusant la consommation démesurée et l’exploitation. Nous allons enseigner dans nos Eglises la responsabilité face à la Création et la mission intégrale. Nous voulons aussi prier pour ceux qui sont les plus touchés par la destruction de l’environnement et le changement climatique, et agir de manière juste et compatissante au milieu d’eux, pour eux et avec eux.
Ensemble, nous invitons les politiciens locaux, nationaux et mondiaux, ainsi que les chefs d’Etat et de gouvernement à prendre leurs responsabilités et à lutter contre le changement climatique et la destruction de l’environnement par des mesures, des moyens financiers et des traités internationaux adéquats. Nous les invitons également à promouvoir un développement durable.
Nous demandons au gouvernement suisse de mettre en œuvre l’accord de Paris sur le climat, et ce de manière illimitée et résolue. Notre pays doit également participer financièrement aux mesures à prendre dans les pays pauvres pour limiter les conséquences du changement climatique et protéger les conditions de vie de leurs ressortissants, tout particulièrement celles des femmes et des jeunes filles. Nous demandons aux chefs d’Etat et de gouvernement d’investir dans le développement de technologies et de sources d’énergie nouvelles et propres, et de les rendre accessibles aux pauvres et aux groupes marginalisés.
Il est urgent d’agir et aucun délai supplémentaire ne nous est permis. Nous allons travailler avec passion, tenacité, prière et créativité à protéger la Création dans sa diversité, afin d’assurer à nos enfants et petits-enfants un avenir dans un monde intact, doté de conditions climatiques stables.
Au nom de tous les participants à la conférence StopPauvreté 2018 à Winterthour, qui s’associent aux promesses et aux demandes de cette déclaration,