Pourquoi avez-vous publié 440 pensées ?
En fait, 439 + 1… Je les ai écrites de juin 2019 à juillet 2020. Il y en a eu une douzaine de plus, mais comme je ne voulais pas dépasser 160 pages pour ce genre de livre, j’ai fait en sorte que… l’inspiration n’aille pas plus loin ! Appeler la dernière « + 1 », c’est un petit suspense malicieux en forme de gag, tout comme, à côté, la photo d’une sculpture en bois taillée à la tronçonneuse, et qui, paraît-il, ressemble à s’y méprendre à un auteur… qui écrit des pensées ! J’y verrais plutôt une sorte de prophète qui montre, la main levée, d’où vient le bonheur.
Quelle est la pensée de ce livre que vous affectionnez le plus ?
Toutes ! Sans exception ! Car elles sont l’expression d’une inspiration intégrée comme la vie, avec ses facettes plurielles, qui, de la naissance à la mort, fait un tout. Mais peut-être que mes lecteurs réussiront, quant à eux, à en choisir une en particulier, celle de leur préférence ?
En quoi le genre littéraire « pensées » vous paraît-il pertinent aujourd'hui ?
C’est leur aspect lapidaire. Les pensées peuvent être lues rapidement, pour une méditation prolongée. Le jour, la soirée, la nuit même. Dans le train, au bord du lac, et même… au petit coin, ce lieu de solitude favorable à une cogitation de courte durée ! D’autre part, avec les pensées, il y a un phénomène particulier qui se passe : la curiosité du lecteur se trouve titillée, notamment par le côté original, voire ludique du style. On a envie de savoir ce que va être la prochaine pensée. Et ainsi, celui qui est plus familier des réseaux sociaux que de la lecture de livres, pourra quand même en faire la découverte, aidé en cela par des pensées courtes pour réfléchir plus longuement sa vie. Enfin, dans ce livre, j’ai usé de ce genre littéraire, dans une approche missionnelle, pour l’attrait à la fois des croyants et de ceux qui ne le sont pas encore.
Ce livre entretient-il un lien particulier avec les « Pensées » de Blaise Pascal ?
Non, pas du tout. Si j’ai pu apprécier dans le passé les écrits de Blaise Pascal, ce catholique presque protestant, je suis plutôt admiratif de Jean de la Fontaine et de ses fables, écrites au XVIIe siècle. Déjà à cause de son style littéraire, aussi élégant que percutant, et du rythme dans son écriture. Il est d’ailleurs resté très moderne.
La plupart du temps on l’ignore, mais on a tiré de ses fables de nombreux proverbes, très courts, que l’on utilise souvent dans le langage courant de notre culture francophone. Et si en lisant mes pensées on se plaît à dire que je suis aussi un moraliste, j’en serais honoré, car comme Jean de la Fontaine, je ne suis pas du tout moralisateur pour autant. La comparaison s’arrête là…
J’ajouterai volontiers que savoir qu’il se soit converti à Jésus-Christ et qu’il ait accueilli son pardon, deux ans avant sa mort en 1695, ce dont il a témoigné auprès de ces MM. de l’Académie, n’est pas fait pour me déplaire.
Que signifie le « malgré tout » du titre de votre livre ?
C’est un souci de réalisme et de vérité. J’avais choisi d’abord le titre : « Que du bonheur… », cette phrase qui qualifie en général un ressenti heureux par rapport à quelque chose qui est perçu comme agréable. Mais j’éprouvais un malaise avec ce titre, qui, pour finir, m’est apparu inapproprié, voire arrogant. Alors, pensant aux vicissitudes de la vie humaine que nous traversons tous, moi y compris, j’ai ajouté ce « malgré tout ! ». D’emblée, mes lecteurs pourront se sentir concernés. D’expérience, les certitudes de la foi chrétienne au défi de la souffrance permettent de recevoir et de vivre ce bonheur, qui n’est pas subordonné aux aléas de l’existence, mais qui est don et présence de Dieu, en toutes circonstances, dans ce « malgré tout ».
Le bonheur, qu’est-ce pour vous ?
Je l’ai dit 439 + 1 fois… Que pourrais-je ajouter ? D’une manière simplement pragmatique, je dirai encore : Dieu avec nous, c’est déjà le Ciel sur la terre ! Et tout spécialement pour mes lecteurs, je conclus avec espérance : De par la grâce de Dieu, le meilleur du bonheur est devant nous !
Propos recueillis par Serge Carrel