Lors de la séance du Grand Conseil neuchâtelois du mercredi 5 septembre, le Conseiller d’Etat Alain Ribaux, chef du Département de la justice, de la sécurité et de la culture, a défendu l’action de la police de son canton. En février dernier, un gendarme et sa collègue en uniforme se sont rendus dans l’Eglise évangélique de l’Arc jurassien au Locle à la recherche, selon le Conseiller d’Etat, d’un pasteur prénommé Norbert. « La police neuchâteloise n’a pas interrompu un culte, a-t-il martelé. La police neuchâteloise n’est jamais intervenue de sa propre initiative au milieu d’un culte et ne le fera qu’en cas de péril en la demeure... La police ne fait pas de zèle... Elle a fait les choses en proportionnalité dans l’affaire du Locle. »
Condamné par la justice neuchâteloise le 15 août dernier pour avoir donné à manger et hébergé un requérant d’asile togolais débouté, le pasteur Norbert Valley s’était interrogé dans un article de lafree.ch sur les manières de la police neuchâteloise. Les gendarmes s’étaient en effet rendus en février dernier dans les locaux de l’Eglise évangélique de l’Arc jurassien au Locle « afin d’emmener au poste le pasteur Valley pour interrogatoire » et avait « demandé au pasteur de les suivre avant la fin de la célébration ».
Une interpellation urgente
Dans la réponse à l’interpellation urgente de la députée du parti Solidarités, Zoé Bachmann, Alain Ribaux a expliqué que les policiers avaient « choisi d’attendre la fin de la cérémonie pour aller au contact des personnes présentes, en patientant dans le couloir, derrière la porte vitrée qui les séparait de la salle. Avisé par un fidèle ayant aperçu nos policiers, a ajouté le Conseiller d’Etat, Monsieur Norbert Valley est alors allé vers eux au bout d’une quinzaine de minutes. » Les policiers ont avisé le pasteur de la FREE qu’il devait passer au poste pour y être entendu. « Norbert Valley a lui-même proposé de s’y rendre sur le champ, alors qu’il avait la possibilité de venir ultérieurement, a-t-il encore ajouté. Dès lors ce dernier n’a été ni interpellé, ni arrêté, précise le Conseiller d’Etat, mais s’est rendu librement au poste avec son propre véhicule. »
Une autre version du côté de Norbert Valley
Sans vouloir faire enfler inutilement le débat sur un point annexe, le pasteur Norbert Valley relève que c’est lui qui « a posé la question aux policiers de savoir s’il devait les suivre immédiatement. Leur réponse affirmative a fait qu’il les a suivis. » Par ailleurs, le pasteur Valley relève que le requérant d’asile débouté, lors de son interrogatoire en décembre dernier, avait indiqué à la police non seulement son prénom mais aussi son nom de famille. Ce qui aurait dû permettre un contact téléphonique avec le pasteur et pas une venue dans un lieu de culte un dimanche matin, même en restant dans le hall, derrière une baie vitrée.
Une condamnation qui relève de la législation fédérale
Dans la suite de son intervention et sur le fond, le Conseiller d’Etat Alain Ribaux a mis en avant que la condamnation relevait de la législation fédérale et qu’il « appartient à la justice de se prononcer et pas au Conseil d’Etat ».
A la suite de cette réponse, la députée Zoé Bachmann a remercié le gouvernement neuchâtelois d’avoir dissipé ses doutes... et de ne pas avoir « l’habitude d’arrêter les gens de cette manière » !
Le recours de Norbert Valley devant le ministère public du canton de Neuchâtel sera examiné le 25 octobre prochain. Le pasteur de la FREE et ancien président du Réseau évangélique suisse a été condamné à 1000 francs d’amende avec sursis et à 250 francs de frais de justice pour avoir donné à manger et hébergé un demandeur d’asile togolais débouté.
Serge Carrel
Voir l’interpellation de la députée Zoé Bachmann et la réponse du Conseiller d’Etat Alain Ribaux sur l’enregistrement vidéo de la séance du Grand Conseil neuchâtelois du 5 septembre (de 1’26’23 à 1’34’48).