Pour une laïcité d'ouverture

Jean-René Moret jeudi 25 août 2022

Durant l'été 2022, deux Eglises évangéliques genevoises ont reçu une interdiction de procéder à des baptêmes dans le lac Léman. Pour le Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS), le baptême est assimilé à un culte. Et la loi sur la laïcité exige qu'un culte se déroule dans un endroit privé. Ainsi, à Genève, seules les organisation religieuses « admises à avoir des relations avec l'Etat » ont le droit de demander une autorisation d'organiser une manifestation cultuelle sur le domaine public. Et ces deux communautés n'en font pas partie. Jean-René Moret, pasteur dans l’Eglise évangélique (FREE) de Cologny, a réagi à cette affaire dans un Courrier des lecteurs de La Tribune de Genève, paru le samedi 20 août dernier.

Depuis 2’000 ans, l’engagement dans la foi chrétienne a été marqué par le signe du baptême. Ce signe marque le renoncement aux mauvaises actions, le choix de suivre les enseignements de Jésus-Christ et la confiance placée en lui. Dès le temps de Jésus, des croyants ont été baptisés dans des points et cours d’eau naturels. Cette pratique a aussi eu lieu, de longue date, dans le Léman, sans susciter d’esclandre. Mais la possibilité en a récemment été déniée à deux Eglises évangéliques.

Dans leur grande majorité, les Eglises évangéliques baptisent exclusivement des personnes en âge de raison, considérant que l’engagement chrétien ne peut résulter que d’un choix personnel et responsable. Baptiser des adultes est une pratique de toutes les Eglises, la singularité évangélique est de ne pas baptiser de nourrissons.

Pourquoi donc l’interdiction de baptiser au lac ? Et pourquoi est-elle problématique ? La Loi sur la Laïcité de l’Etat avait exclu en principe les manifestations cultuelles sur le domaine public, dont le lac et les cours d’eau font partie, mais avait été dans un premier temps appliquée avec souplesse et grandes déclarations d’ouverture, en accordant les autorisations demandées. Est entré en vigueur récemment un règlement d’application, qui restreint la possibilité de demander autorisation pour une manifestation cultuelle aux seules communautés religieuses qui ont demandé à établir une relation avec l’Etat et signé des engagements spécifiques. En conséquence, toutes les autres communautés religieuses se verront refuser toute autorisation sans autre examen. Or le Tribunal fédéral reconnaît que la tenue de manifestations cultuelles dans le domaine public ressort de la liberté religieuse garantie par la Constitution, et qu’une interdiction de principe est disproportionnée. Il est alors choquant qu’un règlement de l’Etat mette des conditions au fait d’évaluer l’application d’un droit fondamental.

Nous voilà donc dans le cas regrettable, et malheureusement pas nouveau, où la Cité des droits de l’homme empiète sur ces derniers. En cause, une compréhension fautive de la laïcité, qui voudrait cantonner tout vécu religieux dans la sphère privée. La laïcité signifie que l’Etat doit être neutre religieusement. Mais le domaine public est à tous. L'Etat en administre l’usage en accord avec les droits et libertés de chacun, mais il n’est pas engagé par ce qu’il autorise dans le domaine public.

D’autre part, il est demandé aux religieux la maturité d’accepter le blasphème, que leurs croyances soient ridiculisées publiquement. Ne serait-il pas juste d’attendre des incroyants la maturité de supporter que les croyances des autres soient exprimées et visible, même si cela devait déranger ?

Finalement, voulons-nous des libertés fondamentales qui ne s’appliquent qu’à ceux qui ont les « bonnes » (in-)croyances, ou bien un Etat réellement neutre et impartial entre croyants divers et incroyants en tous genres ?

Jean-René Moret, pasteur dans l’Eglise évangélique (FREE) de Cologny

(Cette opinion est parue dans le Courrier des lecteurs de La Tribune de Genève samedi 20 août : www.tdg.ch/la-laicite-et-les-baptemes-au-lac-386811690171).

Opinion - avertissement

Les signataires de ces textes sont soit des membres de l’équipe de rédaction de lafree.ch soit des personnes invitées.
Chacun s’exprime à titre personnel et n’engage pas la FREE.

Publicité

Twitter - Actu évangélique

Journal Vivre

Opinion

Opinion

TheoTV (mercredi 20h)

20 janvier

  • «La terre, mon amie» avec Roger Zürcher (Ciel! Mon info)
  • «Repenser la politique» avec Nicolas Suter (One’Talk)

27 janvier

  • «La méditation contemplative» avec Jane Maire
  • «Vivre en solobataire» avec Sylvette Huguenin (One’Talk)

TheoTV en direct

myfreelife.ch

  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Ven 03 novembre 2023

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

eglisesfree.ch

  • Un·e responsable des finances (10%)

    Lun 29 janvier 2024

    Plus grande fédération d’Eglises évangéliques en Suisse romande, la FREE offre un cadre de travail dynamique et défiant, en lien étroit avec les autres acteurs du milieu chrétien évangélique romand, suisse et international. Dans ce cadre, la FREE recherche un·e responsable des finances.

  • Rencontre générale : une fédération utile

    Mer 29 novembre 2023

    La Rencontre générale du 25 novembre 2023 a permis de remercier Stéphane Bossel pour 23 ans d’engagements divers et importants dans la FREE. Elle a aussi permis à l’équipe de direction de partager quelques priorités, notamment le sens, les valeurs et la plus-value que la FREE peut offrir aux Eglises.

  • Rencontre générale de la FREE : l’équipe de direction souffle sa première bougie

    Sam 08 avril 2023

    La Rencontre générale de la FREE, qui a eu lieu le 1er avril 2023 à Aigle, a permis à la nouvelle équipe de direction de dresser un bilan, après tout juste une année de fonctionnement. Et ce qui saute aux yeux, c’est le grand nombre des défis à relever.

  • FREE : une première « Journée stratégique »

    Ven 03 février 2023

    Les personnes qui exercent un rôle dans la FREE se sont réunies en janvier pour réfléchir à la mise en œuvre de la nouvelle « gouvernance à autorité distribuée » (1). Retour sur une « Journée stratégique » conviviale et studieuse.

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !