Le débat autour de l’homosexualité fait rage. Dans les Eglises réformées autour de la bénédiction pour couples partenariés, mais aussi dans la société avec la réactivité de plus en plus marquée des associations LGBT. Derniers signes de cette militance en Suisse : elles traînent en justice l’évêque de Coire, Mgr Vitus Huonder, pour avoir cité un texte du Lévitique qui sanctionne la pratique homosexuelle de la peine de mort.
Bientôt le même sort que l’évêque ?
En tant qu’évangéliques connaîtrons-nous bientôt le même sort en publiant ce que nous pensons, en conscience, de l’homosexualité ? Par exemple en mettant en libre accès sur le web le Dossier Vivre de Jean-Jacques Meylan L’amour mal aimé (1) ou en publiant la toute nouvelle « somme éthique » : Vivre en chrétien aujourd’hui (2). Un document qui affirme clairement, sous la plume du professeur Henri Blocher : « Malgré les multiples tentatives pour faire dire autre chose aux textes, une lecture sobre et s’efforçant d’être impartiale ne peut mettre en doute la désapprobation de l’Ecriture » par rapport à l’homosexualité (3).
Respect et interprétation soignée
Dans ce contexte d’extraordinaire militance de certains membres de la communauté homosexuelle, il est important de rappeler quelques fondamentaux :
- Tout d’abord, l’homosexualité touche à l’intime. On parle de pratiques considérées par certaines personnes comme constitutives de leur identité. Tout propos sur le sujet doit être marqué d’un profond respect.
- Toute reprise d’un texte du Lévitique doit passer par une mise en contexte soigneuse. Au minimum pour rappeler que dans Lévitique 20 il n’y a pas que les actes homosexuels qui sont sanctionnés de la peine de mort. Il y a aussi le fait de maudire père et mère, les relations adultères, une relation sexuelle avec la femme de son père, avec sa belle fille, le fait d’invoquer les esprits… Cette liste montre que le donné biblique n’opère pas une fixation sur la pratique homosexuelle. Il l’inscrit dans une série d’actions que le Dieu de la Bible réprouve…
- Au travers de ses rencontres, Jésus, l’interprète de la loi de Dieu pour les chrétiens, revisite ces textes du Lévitique et propose une démarche de pardon à la femme prise en flagrant délit d’adultère. A des religieux qui s’apprêtent à lui faire subir le sort prescrit, il demande de faire silence en eux-mêmes, de prendre conscience des manquements qui marquent l’existence de tout être humain… Et si aucun manquement ne traverse l’esprit de ces religieux, de lancer la première pierre ! On connaît la suite… Nous autres chrétiens, nous ne pouvons pas interpréter le Lévitique sans passer par la personne du Christ et son accueil inconditionnel du pécheur… mais aussi par son invitation ferme : « Va et ne pèche plus ! » (Jean 8.11).
Jésus, notre ami !
Dans le débat autour de l’homosexualité aujourd’hui, les évangéliques devraient davantage être connus pour leur amour inconditionnel des personnes à tendance homosexuelle que pour leurs propos stigmatisants. A partir de là, ils auront peut-être voix au chapitre pour témoigner de ce que sont leurs convictions par rapport au plan de Dieu pour une vie à deux épanouie. Tout comme Jésus s’est révélé l’ami de la femme adultère, il est l’ami de la personne à tendance homosexuelle. Il est aussi mon ami, parce que le péché entrave ma vie, tout comme celle de tout être humain !
Serge Carrel, pasteur et journaliste
Notes
1 Jean-Jacques Meylan et Andrea Ostertag, L’amour mal aimé, Réflexions bibliques et témoignages, Dossier Vivre 24, 20112, 104 p. En téléchargement gratuit ici.
2 Alain Nisus (dir.), Vivre en chrétien aujourd’hui. Repères éthiques pour tous, Romanel-sur-Lausanne, Maison de la Bible, 2015, 800 p.
3 Ibidem, p. 414.