« J’ai bien dormi cette nuit et j’essaie de répondre à mes nombreux emails ! » Il est 13h ce mercredi dans l’Hôpital de Tansen au Népal, à 120 km au sud-ouest de la ville de Pokhara. Marianne Brocqueville, une envoyée du Service de missions et d’entraide (SME), le département humanitaire et développement de la FREE, répond via Skype. « Emotionnellement, le tremblement de terre de samedi dernier a été très dur à supporter. Cela m’a rappelé celui de Sichuan en Chine le 12 mai 2008, qui avait fait près de 80'000 morts. L’intensité des secousses était comparable… Je n’ai pu m’empêcher de partir en larmes et de sentir tout mon corps se crisper et mettre du temps à revenir à la normale. »
A Pokhara pour une conférence
Samedi dernier Marianne Brocqueville participait à une conférence à Pokhara dans un hôtel récemment construit. Dès les premières secousses, tous les participants se sont précipités dans le jardin de l’hôtel et n’ont assisté qu’à la chute de quelques tuiles. Dans cette région du centre du Népal, les dégâts semblent peu importants. « A Pokhara, je n’ai pas vu d’immeubles complètement démolis », relate cette laborantine qui développe un projet soutenu par la DDC, la Coopération suisse.
A l’Hôpital de Tansen, quelques victimes du tremblement de terre ont été accueillies, mais il n’y a pas l’affluence que connaissent les hôpitaux de Katmandu. Deux médecins de Tansen, sont partis dans la région de l’épicentre du séisme pour secourir les blessés et mesurer l’étendue des dégâts. Les nouvelles qu’ils ont fait parvenir à l’hôpital relèvent les énormes dégâts causés aux habitations, mais le peu de blessés rencontrés. « C’est que le tremblement de terre est intervenu peu avant midi, souligne Marianne Brocqueville, alors que la plupart des gens se trouvaient dans les champs. Imaginez si le tremblement de terre était intervenu au milieu de la nuit ! » lâche-t-elle. En fait, on ne connaîtra effectivement l’étendue des dégâts, y compris humains, que dans plusieurs jours voire plusieurs semaines.
Pas besoin de personnel médical supplémentaire
Marianne Brocqueville a reçu plusieurs courriels d’infirmiers ou d’infirmières qui proposaient leurs services. Elle décline ces propositions, soulignant qu’il y a déjà au Népal de nombreuses personnes compétentes dans le domaine médical. De retour à Tansen depuis lundi, Marianne constate que son quotidien ne subit pas de changements majeurs à cause du tremblement de terre. « Il faut continuer le travail, explique-t-elle. Les étudiants sont toujours là, il faut les enseigner, comme d’habitude… Mais avec une irritabilité plus grande dans l’air, à cause de la pression que le tremblement de terre et les nouvelles secousses induisent sur chacun. Nous avons besoin de patience… et de prière ! » souligne cette femme dans la cinquantaine, dont les émotions sont souvent à fleur de peau.
A l’Hôpital de Tansen depuis 2013
Marianne Brocqueville est impliquée dans le laboratoire d’analyses de l’Hôpital de Tansen depuis 2013. Avec le soutien de la DDC, elle y a développé un label de qualité et ouvert une école de laborantins (1) qui vient de recevoir, après plusieurs mois d’attente, l’autorisation officielle du gouvernement d’accueillir des étudiants. Marianne Brocqueville vit depuis plus de vingt ans entre le Népal, la Chine et le Tibet, où elle réalise des projets de développement.
Serge Carrel
Note
1 Voir l’article de Claude-Alain Baehler : « Népal : une école de laborantins pour l’Hôpital de Tansen ».