« Cette loi veut interdire aux familles paysannes de cultiver par elles-mêmes leurs semences, indique l’ONG chrétienne. Au lieu de cela, elles devront acheter auprès d’entreprises étrangères des semences coûteuses et le plus souvent génétiquement modifiées. » Pain pour le prochain se positionne clairement contre ce lobby des OGM et soutient l’association hondurienne de promotion de l’agriculture biologique (ANAFAE ), qui lutte contre ce projet de loi.
« Cette loi est scandaleuse et met en péril la sécurité alimentaire de tout un pays », indique à Lausanne Daniel Tillmanns, un des responsables de la communication à Pain pour le Prochain. « Elle favorise la dépendance des paysans, leur endettement et, au final, leur pauvreté. »
Droits exclusifs sur les semences
Ce projet de loi a pris le nom de la multinationale américaine Monsanto car celle-ci a des visées sur le marché agro-alimentaire au Honduras. Si cette loi est acceptée, Monsanto et d’autres multinationales s’arrogeront des droits exclusifs sur les semences, de sorte que les paysans ne pourront plus en sélectionner eux-mêmes, en réutiliser, en vendre ou en échanger comme ils le font actuellement.
La ville de Morges, dans le canton de Vaud, abrite le siège de Monsanto pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Mobilisation de la société civile
Le gouvernement du Honduras ne se soucie guère de la population rurale, affirme Pain pour le prochain. Selon Octavio Sanchez, directeur de l’ANAFAE, « le gouvernement hondurien fait primer les droits des entreprises sur ceux des personnes. » En réaction, il faut d’une part que la société civile se mobilise. C’est ce qu’elle a fait au Guatemala en 2014, quand le pays était pareillement menacé d’une loi Monsanto et qu’il a réussi à la battre en brèche avec succès. « Les agricultrices et agriculteurs du Guatemala l’ont montré : si la population hondurienne se mobilise, elle peut convaincre son gouvernement que la loi Monsanto serait un désastre pour l’agriculture du pays et qu’elle doit être refusée », souligne l’ONG suisse dans son communiqué.
Elaboration d’une autre loi
Une autre loi sur les semences doit d’autre part être élaborée. « L’ANAFAE y travaille, indique Daniel Tillmanns. Ainsi les semences resteront dans les mains des agriculteurs honduriens. » Ces derniers ont déjà créé des banques de semences, et écoulent leurs excédents agricoles sur les marchés de la capitale. Ce faisant, ils prouvent que l’agriculture biologique est rentable et profitable aux premiers intéressés.
Gabrielle Desarzens
Ecouter la chronique sur RTS La Première : http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/juste-ciel/6927337-une-loi-monsanto-hondurienne-epinglee-par-une-ong-chretienne-16-07-2015.html?f=player/popup