Digger se bat pour sa survie dans le monde trouble du déminage humanitaire

vendredi 14 novembre 2014

Le constructeur de machines de déminage Digger se bat pour garder sa place dans un contexte difficile. Il ne suffit pas de construire un excellent matériel, encore faut-il arriver à le vendre dans un petit monde où la communication et la corruption faussent parfois le jeu.

La Fondation Digger à Tavannes, spécialisée dans la construction de chars blindés de déminage, vient de perdre un contrat. L'acheteur voulait savoir si la machine était capable de résister à des mines antichars. Digger n'a pas voulu donner de garanties avant d'avoir testé son char. Par contre, un concurrent a donné les garanties demandées sans avoir testé son matériel et il a remporté la vente.

Les choses se passent ainsi dans le petit monde du déminage humanitaire. Trois ou quatre constructeurs tentent de survivre en se livrant à une concurrence sans merci. « Malgré la quantité phénoménale de mines dispersées un peu partout dans le monde, il se vend très peu de machines de déminages », déplore Frédéric Guerne, le directeur de Digger.

Dans le cadre de la signature des Traités d’Ottawa, plusieurs pays s'étaient engagés à libérer leur territoire des champs de mines d'ici à 2019. La plupart n'y arriveront probablement pas et des demandes d’extension des délais ont été une fois de plus demandées pour… 2025. Faute de volonté politique, par manque de financements ou à cause de situations politiques catastrophiques, plusieurs projets de déminages sont carrément à l'arrêt. C'est, par exemple, ce qui vient de se passer en Libye et au Mali.

La survie plutôt que l'efficacité

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Les organisations humanitaires qui pratiquent le déminage ont besoin d'être soutenues financièrement. Le climat actuel de restrictions budgétaire les contraint à concentrer leurs forces sur leur propre survie plutôt que sur l'efficacité de leur travail.

« Il faut bien reconnaître que, pour émouvoir des donateurs éventuels, l'image d'un démineur à genoux, transpirant et risquant sa vie, est plus porteuse que nos machines », reconnaît Frédéric Guerne. Pourtant, les machines permettent d'augmenter la rapidité du déminage et d'en diviser les coûts par dix. Il est parfois pénible de voir combien l’efficacité de plusieurs programmes de déminages pourrait être multipliée par l’utilisation d’une seule machine, mais cela est moins médiatique.

Un autre problème rencontré par Digger est lié à la corruption. Nombre d'intermédiaires qui achètent des machines de déminage – souvent pour des gouvernements – exigent une double facturation de la part de leurs clients. Ensuite, ils empochent la différence. « Nous refusons d'entrer dans ce jeu, précise Frédéric Guerne. Nous allons donc faire ce que personne ne fait : afficher les prix de nos machines de manière claire. »

Mais Frédéric Guerne garde la flamme. Il rappelle : « Nous voyons les bénéficiaires de notre travail sur le terrain. Ce sont des paysans dans leurs champs, des enfants qui vont à l'école. Et j’ai le sentiment de faire ce que Dieu me demande. Cela nous encourage malgré les difficultés, malgré la précarité de nos finances ! »

Plus d’infos.

  • Encadré 1:

    La nécessité de développer du matériel polyvalent

    Un chantier de déminage ne comprend pas que des mines à enlever. C'est également un lieu où des camions sont déchargés, du matériel est transporté, des trous sont creusés. « Par exemple, des glissements de terrain se sont produits dans des champs de mines en Bosnie, explique Frédéric Guerne. C'est ainsi que ces  champs de mines classique se sont transformés en gros problèmes. Il nous a fallu concevoir des outils spécifiques pour de telles situations. »

    Digger a donc développé une gamme d'outils « Cas de catastrophe ». Ceux-ci peuvent être fixés sur le char de déminage et rendre de nombreux services. Par exemple, une pelleteuse permet de creuser le sol en toute sécurité, une lame sert à égaliser le terrain ou à pousser des objets potentiellement piégés, etc.

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