Dans une nouvelle étude portant sur la période 2008-2022, l'Université de Lausanne confirme la progression de la sécularisation en Suisse avec un recul de 7,2 % des groupes religieux locaux et une diminution du nombre total de participants réguliers aux services religieux, notamment chez les catholiques et les réformés. Malgré cette tendance, l'étude relève cinq évolutions chez les groupes évangéliques, que le Réseau Evangélique Suisse a qualifiées de positives.
1* Un nombre stable d'Églises évangéliques: Depuis 2008, 241 nouvelles églises « évangéliques charismatiques » locales ont été fondées en Suisse. Mais en même temps, 236 groupes ont disparu. Le nombre total de groupes est donc resté stable, avec 725 groupes, soit 0,7% de plus qu'en 2008, où il y avait 720 groupes. Cette stabilité est également observée chez les « évangéliques classiques » et à la FREE. « En 2007, lors de la création de la FREE, une cinquantaine d'Églises étaient membres et aujourd'hui nous sommes toujours une cinquantaine d'églises », confirme Sébastien Demierre, directeur de la FREE.
2* Un nombre stable de participants : Le nombre total moyen de participants réguliers dans les églises « évangéliques charismatiques » est resté relativement stable entre 2008 (169) et 2022 (161). Cette stabilité s'observe à la FREE avec un total de 8000 participants en 2008 et 8000 aujourd'hui. « C'est une bonne nouvelle d'avoir résisté aux églises qui se vident, mais nous ne sommes pas encore dans ce mouvement de croissance que nous espérons et pour lequel nous prions », relève toutefois Sébastien Demierre. « Il faut voir cette tendance en comparaison avec le recul de chrétiens engagés dans les églises traditionnelles et la déchristianisation croissante en Europe. Sous cette perspective, la stabilité des Églises évangéliques est plutôt positive, même si l'objectif serait de croître en nombre. Je pense qu'une croissance en qualité et en profondeur devrait être visée dans cette phase particulière que nos vivons en Europe et en Occident en général », ajoute Bernard Frei, co-président du Bureau de la Rencontre Générale de la FREE.
3* Ouverture à la direction par des femmes : Entre 2008 et 2022, les groupes religieux locaux de toutes les confessions sont devenus en moyenne plus ouverts au leadership religieux des femmes, en principe et en pratique. Le pourcentage de groupes autorisant en principe les femmes à agir en tant que principaux responsables religieux est passé de 47 % (2008) à 54 % (2022). Le pourcentage de groupes dirigés par des femmes dans la pratique est passé de 12,4 % (2008) à 15,2 % (2022). Cette ouverture au leadership féminin est observée à la FREE mais reste également timide. «Cela fait de nombreuses années que la FREE est pionnière avec une égalité salariale entre hommes et femmes, ce qui est toujours le cas. Aujourd'hui, à compétences égales, une femme serait probablement favorisée dans la direction. Cependant, dans la réalité du terrain, beaucoup plus d'hommes postulent», explique Sébastien Demierre. En effet, « les postes à responsabilités à la FREE sont encore majoritairement occupés par des hommes. L'augmentation observée de femmes à des postes de responsables en 14 ans n'est pas très spectaculaire », relève Bernard Frei.
4* Des responsables et des participants plus jeunes que dans les autres groupes religieux : La tendance au vieillissement est visible dans les Églises reconnues, ainsi que dans les communautés évangéliques et non-chrétiennes. Les seules exceptions sont les « évangéliques conservateurs » et les « autres groupes chrétiens ». Entre 2008 et 2022, l'âge moyen des responsables spirituels a augmenté de trois ans, passant de 50,8 à 53,8 ans. La part des participants réguliers âgés de 60 ans ou plus est passée de 41% en 2008 à 50% en 2022 dans toutes les confessions.
Toutefois, les responsables et participants des églises évangéliques restent beaucoup plus jeunes que la moyenne. « Je peux observer cela en allant au culte dans l'Église réformée et catholique de ma commune, souligne Bernard Frei. Les participants sont beaucoup plus âgés que dans notre Église évangélique. Je pense que la transmission de la foi aux enfants se fait plus activement dans les familles évangéliques, mais aussi par l'enseignement des enfants à l'Eglise. La forme de nos célébrations est également plus adaptée au plus jeunes et d'une manière générale la présence de jeunes attire d'autre jeunes. »
5* Plus d'inclusion envers les personnes homosexuelles : L'acceptation de l'homosexualité est plus lente dans de nombreux groupes religieux que dans la société en général. Cela dit, les groupes religieux locaux en Suisse sont devenus en moyenne plus ouverts aux personnes homosexuelles. En 2008, 63% des groupes permettaient aux personnes homosexuelles d'être des membres à part entière de leur communauté, un taux qui est passé à 75% en 2022. De même, le pourcentage de groupes religieux locaux permettant aux personnes homosexuelles d'être responsables bénévoles est passé de 36% (2008) à 55% (2022).
Pour sa part, la FREE préconise une attitude s'inspirant de l'exemple de Jésus-Christ. Cela implique qu'elle s'engage envers les personnes ayant une orientation homosexuelle, tout comme envers toute autre personne, à offrir un accueil empreint d'amour et de compassion, rejetant toute forme de haine, de violence, d'injustice, de moquerie, de rejet, de contrainte ou de pression.