« Et si on arrêtait de vouloir changer le monde ? » a lancé d'emblée Ruben Binyet, un des orateurs du rassemblement chrétien One' 2024, le 16 novembre, à Bulle. Coiffé de dreadlocks nouées dans un foulard, ce pasteur d'ICF Genève, habitué des podcasts provocateurs, a surpris les 3200 participants venus spécialement pour en apprendre davantage sur la façon d'influencer positivement le monde. « Notre société occidentale est en train de se forger une nouvelle religion : la religion de l'activisme où chacun cherche à influencer autrui, à être un révolutionnaire, une nouvelle « Reine des neiges » ! » Il a expliqué que nos belles ambitions, aussi louables soient-elles, peuvent être motivées par de mauvaises raisons comme la peur que notre vie n'ait pas de valeur.
Ne pas chercher son salut dans l'activisme
Ruben Binyet s'est adressé à la foule avec cette question tout aussi provocatrice « Peux-tu être sauvé si tu n'influences pas le monde ? » En s'appuyant sur le texte de la tour de Babel, il a interrogé : à quoi sert de gagner le monde si tu perds ton âme ? Avec beaucoup d'humour, il a mis en garde les chrétiens contre le biais de chercher le salut par l'activisme. Et pourtant, il a concédé que c'était bien Dieu qui avait mis dans le cœur des chrétiens le désir de changer le monde, d'être la lumière dans les ténèbres et d'exprimer de la bonté là où règne la haine: « Ce serait triste que les chrétiens ne soient pas audacieux et n’aient pas envie de tout changer ». Ce père de deux enfants a encouragé les chrétiens à d'abord discerner la volonté de Dieu avec humilité et à l'inclure dans tous leurs projets à l'inverse des constructeurs qui ont érigé la tour de Babel sans Dieu avec, de surcroît, l'ambition de le détrôner.
«Je me suis sentie frustrée par autant de perfection !»
Emmanuelle Morier, quant à elle, s'est pointée sur la scène de One' en chaussettes et en jogging avec un message clair: pour influencer le monde selon le cœur de Dieu, il faut être authentique. Cette maman de deux enfants et co-directrice d'ICF Bulle a eu ce déclic un jour, alors qu'elle regardait des photos magnifiques sur Instagram. « Je me suis sentie frustrée par autant de perfection ! » Elle a alors compris que Jésus accueillait ses propres imperfections et qu'elle ne devait pas avoir peur de les montrer à son tour.
« Quand j'étais adolescente j'avais l'addiction de me percer les boutons ce qui m'a laissé beaucoup de cicatrices sur mon visage. Je me suis toujours cachée derrière un masque de maquillage. Mais un jour Dieu m'a demandé de ne rien mettre alors que je devais parler devant 2000 personnes. » Cette démarche fut un énorme pas vers la recherche d’authenticité. « En montrant nos imperfections, les gens osent respirer autour de nous », a expliqué la jeune femme de 31 ans. Influenceuse sur les réseaux sociaux, elle ose désormais poster des photos de son propre désordre, de sa vaisselle sale, de son linge en bataille et du joyeux tohu-bohu de ses enfants. En somme : « Je vous montre mon désordre, pour que vous vous sentiez mieux avec le vôtre ».
«Dieu aime ton histoire»
La conteuse et romancière Marie Ray faisait également partie des orateurs de cette journée conçue autour du thème de l'influence. Cette infirmière de formation et mère de trois enfants a relaté combien il était important de raconter son histoire personnelle même ci celle-ci était difficile ou semblait insignifiante. « Dieu aime ton histoire. Il y en a qui ont tellement peur de la réaction des autres qu'ils ont tué leur histoire et cela les empêche de sortir des cendres de leur vie ». Quand en 2021, on lui a diagnostiqué un cancer du sein, Marie Ray a été mise devant un choix : se taire ou parler. Elle a choisi de parler et de cette manière, cinquante-huit amies ont pris soin d'elle pendant plusieurs mois. Ainsi, la conteuse s'est laissée influencée par leur amour et leur soutien. Et, à son tour, elle a pu les influencer en changeant leur regard sur la maladie.
Etre restauré et dans l'accueil
Corinne Streiff, conseillère psychosocial a incité les participants à réfléchir sur la part d'eux-même ou de leur histoire qui avait besoin d'être restaurée par Dieu. Et Beat Jost, responsable de la base d’envoi de Frontiers SR, a rappelé que «ce ne sont pas nos discours qui touchent les coeurs, mais nos gestes d’amour ». Il a raconté comment une personne migrante avait choisi de suivre Dieu, rien qu'avec l'accueil que des chrétiens lui avait fait lors des différentes étapes de son parcours. « Si les chrétiens ont été si bons avec moi, alors combien leur Dieu doit être bon ! ».
La journée s'est terminée en beauté avec un concert du groupe muscial catholique français Glorious.