Le livre
Confessions de Nina Hagen, la « castafiore allemande du punk » vient de sortir en français. L’occasion de découvrir la trajectoire d’une chanteuse marquée par la culture « drug, sex and rock’n’roll » de la seconde moitié du XXe siècle et qui s’affiche aujourd’hui comme chrétienne, en mission pour témoigner de l’amour de Dieu auprès des punks.
En filigrane de sa carrière musicale, sa bio spirituelle
Née en Allemagne de l’Est en 1955, cette icône de la culture punk a fui l’emprise communiste à l’âge de 21 ans. Alors qu’elle a déjà une petite carrière de chanteuse derrière le rideau de fer, elle se retrouve à Hambourg, puis s’en va à Londres pour y découvrir la scène punk. Elle reviendra en Allemagne un an plus tard pour lancer un groupe, le « Nina Hagen Band », qui la fera connaître sur les scènes occidentales.
En filigrane de cette carrière artistique qui associe musique déjantée, accoutrements excentriques et provocations diverses, Nina Hagen nous livre sa « biographie spirituelle », marquée par son baptême le 16 août 2009 à Schüttdorf dans une Eglise réformée, près de la frontière hollandaise. Un acte qui, pour elle, est le « scellement d’une grande histoire d’amour ». Jésus et moi, relève-t-elle, « nous avons si longtemps vécu en formant un super couple, à présent il fallait que cela devienne officiel » !
« Dieu ne m’a jamais quittée des yeux ! »
Ce qui frappe tout au long du livre Confessions, c’est ce fil rouge qui traverse le voyage tortueux de la chanteuse punk : la présence de Dieu qui se donne à voir, à sentir et à expérimenter dans les situations les plus invraisemblables. « Dieu ne m’a jamais quittée des yeux », confesse-t-elle. Avec une mère comédienne célèbre dans la RDA des années 60 et 70, et un beau-père chansonnier dissident, Wolf Biermann, Nina connaît une enfance et une adolescence marquées par la solitude, la quasi-absence de sa mère, très sollicitée par sa carrière, et la découverte précoce de la sexualité et des drogues.
Sa biographie avec Dieu, Nina Hagen la voit émaillée de 6 temps forts. Dieu répond à sa demande de prouver son existence lorsqu’un matin elle se casse une jambe dans un cours de gymnastique, après l’avoir copieusement injurié la veille au soir. Dieu la rassure et lui donne la force de revenir à Berlin-Est alors qu’elle a fugué à Varsovie pour préparer sa fuite à l’Ouest. Dieu lui montre le visage de son Fils lors d’une prise de LSD à Berlin, où elle connaît les douleurs de l’enfer. Il lui sauve la vie à deux reprises alors qu’elle se trouve dans « les abîmes de la drogue » dans le marché ouvert d’Amsterdam et alors qu’elle peine à échapper aux « démons de la cocaïne », la « drogue du diable ». Enfin, comme elle le dit elle-même, « il a préservé mon corps et mon âme de l’empire du mensonge des adorateurs d’idoles indiens », durant sa longue période de fascination pour l’hindouisme.
Un hymne à la grâce de Dieu
Sur 260 pages truffées de citations bibliques, Confessions résonne comme un hymne à cette grâce de Dieu qui accompagne les humains tout au long de leur trajectoire de vie, au cœur de leurs moments de lumière, mais aussi dans les abîmes de leurs ténèbres. Si elle a rejoint l’Eglise réformée de Schüttdorf, c’est grâce au « merveilleux » pasteur Kalle ter Horst, relève-t-elle, actif dans le mouvement pacifiste allemand, et qui a créé un lieu d’accueil pour les militaires américains qui désertent l’US Army.
Nina Hagen termine son livre par une lettre qui s’ouvre par « Mon cher enfant ». Cette « Postface venue du ciel » renferme une paraphrase d’une multitude de versets bibliques qui mettent en avant le fait que Dieu nous connaît par notre nom, que nous sommes ses enfants, qu’il est l’amour en personne et le Père parfait, et qu’un jour il essuiera toute larme de nos yeux. Et Nina Hagen de terminer cette lettre signée par « Ton Papa, Dieu tout-puissant » en lançant cet appel au nom de Dieu : « A présent, je te demande : Veux-tu être mon enfant ? Je t’attends. »
« Jesus is the Rock »
Depuis son baptême, Nina Hagen a sorti deux nouveaux CD. Le premier s’intitule Personnal Jesus. Et cette femme à la voix de basse a effectué à la sortie de ce CD une tournée en Allemagne, mais aussi à l’étranger, pour y chanter « Jesus is the Rock », en reprenant notamment des standards du patrimoine gospel comme « Down At The Cross » ou « Let’s Have A Little Talk With Jesus ».
L’autre CD, Volksbeat, est sorti en novembre dernier. « C’est une tentative de crier et de chanter pour la paix, pour l’amour et la compassion, pour la liberté et contre la guerre et l’injustice, en reprenant l’héritage de personnes comme Brecht, Martin Luther, Larry Norman… », explique-t-elle.
Serge Carrel
Nina Hagen, Confessions, trad. française de Lys-Marie Angibeaud, Saint-Benoît-du-Sault, Editions bénédictines, 2012, 260 p.