« Si les Frères musulmans prennent le pouvoir en Egypte, tous les pays du Moyen-Orient vont tomber entre les mains des musulmans radicaux. Vous les Suisses, vous n’êtes pas appelés à soutenir un régime qui va opprimer le peuple ! » C’est le propos qu’a défendu Mark A. Gabriel lors d’une conférence publique à l’Eglise évangélique de Réveil de Duillier, le samedi 28 mai. Plus de 200 personnes ont écouté l’analyse du « Printemps arabe » développée par cet ancien enseignant de l’Université Al-Azhar du Caire, aujourd’hui converti au christianisme. Fin connaisseur de la culture islamique, Mark A. Gabriel s’est donné pour mission de faire mieux comprendre aux Occidentaux ce qui se passe aujourd’hui dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte, le Yémen ou la Syrie. Sa thèse : le Printemps arabe est né de la révolte de jeunes non affiliés à des partis politiques ; il pourrait être récupéré en Tunisie comme en Egypte par les Frères musulmans, désireux d’instaurer un Etat islamique gouverné par la Charia.
Un mouvement non organisé
En ouverture de sa conférence, Mark A. Gabriel qui vient de publier « Swislam. L’islam en Suisse. Menace ou opportunité ? » a rappelé les débuts très modestes du Printemps arabe. Il y avait là un ras-le-bol de décennies de dictatures, que ce soit en Tunisie ou en Egypte, et le reflet de ce que la plupart des habitants du Maghreb et du Moyen-Orient veulent vivre dans la paix et dans des Etats respectueux des Droits de l’homme. « Il n’y avait rien d’organisé ! Pas de leadership ! Pas de pilotage de ces groupes ! a martelé l’orateur. Et le succès inespéré de ce Printemps arabe a entraîné un immense vide. » Un vide qu’en Egypte en tout cas, le mouvement des Frères musulmans, actif par ailleurs dans plus de 80 pays dans le monde, s’est empressé d’occuper.
Non à une révolution volée !
« Je ne veux pas que cette révolution arabe soit volée par les Frères musulmans », a encore lancé Mark A. Gabriel. Pour cet ancien imam égyptien, l’agenda des Frères musulmans est clair. Ils souhaitent instaurer un Etat islamique gouverné par la Charia. « Alors certes, a commenté Mark A. Gabriel, la situation des minorités chrétiennes notamment, ne sera pas pire que celle qu’elles ont connue durant les années de dictatures séculières en Egypte ou en Tunisie, mais cela n’aura rien à voir avec la liberté que l’on connaît en Occident. » Le conférencier a ensuite rappelé le sort réservé aux chrétiens dans un Etat gouverné par la Charia : respectés dans leurs convictions et leurs pratiques religieuses, ils n’en sont pas moins des citoyens de deuxième classe, empêchés d’accéder à tous les postes de l’Etat et astreints au paiement d’une taxe religieuse que les musulmans n’ont pas à acquitter. En Egypte, le récent rapprochement entre les Frères musulmans et les salafistes pour constituer un front commun en vue des prochaines élections ne laisse entrevoir rien de très favorable !
« Quand je pense à ce qui est en train de se développer dans le Maghreb et le Moyen-Orient, mon coeur pleure ! a conclu Mark A. Gabriel. Ici en Occident, nous jouissons de la liberté et je ne veux pas être égoïste : nous pouvons faire beaucoup pour que les Droits de l’homme soient respectés ici comme là-bas ! »
Serge Carrel
La venue de Mark A. Gabriel a suscité un débat au sein de la FREE, notamment autour de la contribution de ses interventions à l’intégration des musulmans en Suisse. Voir notre FREEblog.