« Cet automne, nous aurons une analyse institutionnelle, explique Anne Saugy, la secrétaire générale du Service de Missions et d'Entraide (SME), l'organe de la FREE pour la coopération au développement. Lors de cette sorte d'inspection approfondie, un expert de l'association Unité viendra voir comment nous travaillons. Ensuite, je l'accompagnerai dans une visite chez l'une de nos envoyées au Népal, Marianne Brocqueville. » La dernière analyse institutionnelle a eu lieu en 2010. Elle a mis en évidence un SME en pleine mutation et a formulé une quarantaine de recommandations.
Tous les quatre ans, l'association Unité à laquelle le SME appartient vient éplucher la gouvernance de la structure d'entraide de la FREE. « Cela nous stresse un peu, reconnaît Anne Saugy. Mais ce regard extérieur nous aide à améliorer notre fonctionnement. L'apport d'Unité est donc très constructif et très intéressant pour nous ».
Une recherche de la qualité
Unité, association suisse pour l'échange de personnes dans la coopération internationale, représente actuellement 22 organisations auprès de la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC). « Fondée en 1964, il y a tout juste 50 ans, l'association est une émanation du mouvement de solidarité internationale des années 60 », explique à Berne Raji Sultan, responsable de la communication et des relations publiques d'Unité. L'association est spécialisée dans la coopération par l'échange de personnes, « une forme de coopération où ni l'argent, ni la technologie sont au premier plan, mais plutôt l'échange d'égal à égal », précise Raji Sultan.
Parmi les organisations affiliées à Unité se trouvent le Département missionnaire échange et missions, la Mission évangélique au Tchad, le Centre écologique Albert Schweitzer, l'Armée du salut, Médecins du monde, la Mission biblique et le SME. Ces organisations sont en majorité « basées sur la foi », c'est-à-dire qu'elles ont une appartenance ou une origine religieuse. Elles œuvrent dans des domaines divers tels que la santé, le développement social, l'éducation, les droits de l'homme, l'agriculture, l'urbanisme.
Unité poursuit deux buts. D'une part, l'association représente les intérêts de ses organisations membres et, d'autre part, elle veille à la qualité des engagements de quelque 700 volontaires. Elle élabore des standards, procède à des évaluations, soutient les innovations et offre de la formation continue. Son travail sérieux est reconnu par la coopération suisse. Ainsi, « la DDC n'est pas uniquement un payeur, mais véritablement un partenaire », précise Raji Sultan.
La place de la foi dans la coopération
Dans ses principes de fonctionnement, Unité ne fait pas de distinction entre les organisations « basées sur la foi » et les organisations basées sur d'autres valeurs. A une époque, un débat a eu lieu : certains critiquaient la place du religieux et du spirituel dans la coopération au développement. « Il y avait une crainte liée au prosélytisme, et surtout à l'instrumentalisation, explique Raji Sultan. Certains craignaient que des organisations religieuses utilisent l'aide au développement comme un moyen de pression pour faire des adeptes. Mais, aujourd'hui, les organisations religieuses d'Unité ont démontrées sur le terrain qu'elles n'ont rien à envier aux autres en termes de professionnalisme et ainsi pu lever une grande partie des craintes. » En effet, les Eglises ont évolué et se sont données les moyens d'éviter l'instrumentalisation de leur engagement dans la coopération.
D'un autre côté, Unité a également pris en compte le rôle de la foi dans la coopération. « Le rôle du spirituel a été reconnu, précise Raji Sultan. Nous savons que celui-ci est à la source d'un grand potentiel d'énergie et d'engagement. De plus, les valeurs qui accompagnent la coopération – les droits de l'homme, la démocratie, la paix, l'environnement, le respect mutuel – peuvent également être portées par les Eglises. »
Claude-Alain Baehler