Reconnaissance d’intérêt public : la clause de non-discrimination selon l’orientation sexuelle affûte le positionnement des évangéliques vaudois

mercredi 14 juin 2017

Nouvel épisode dans la saga de la demande de reconnaissance d’intérêt public des évangéliques dans le canton de Vaud. Le propos du chargé des affaires religieuses du canton indique que l’attitude des évangéliques face à l’homosexualité constituera un point d’évaluation incontournable pour obtenir la reconnaissance.

Les discussions entre les évangéliques vaudois et l’Etat en vue de la reconnaissance d’intérêt public passent par une nouvelle étape. Dans un article de Protestinfo, l’agence de presse des Eglises réformées de Suisse romande, Eric Golaz, le délégué du Conseil d’Etat aux affaires religieuses, relevait hier qu’il était en substance « impossible pour une communauté demandant la reconnaissance de refuser les homosexuels comme membres ou de leur refuser certains postes ».

Eric Golaz confirme

Eric Golaz a confirmé ce propos ce matin à lafree.ch. Il relève que « l’article 10 de la Constitution vaudoise est contraignant pour les communautés religieuses qui demandent la reconnaissance d’intérêt public. Cet article précise que personne ne doit subir de discrimination du fait de son mode de vie. Les communautés reconnues doivent donc prohiber toute discrimination à partir de l‘orientation sexuelle des personnes. »

Le son de cloche n’est pas différent du côté du professeur de théologie Pierre Gisel. Ce membre de la Commission consultative en matière religieuse (CCMR) du Conseil d’Etat vaudois relève que les communautés religieuses qui demandent la reconnaissance d’intérêt public entrent dans une relation de partenariat avec l’Etat. Tout en soulignant que la tolérance du canton en matière religieuse n’est pas mise en cause – « On va continuer à tolérer les scientologues ! » lance-t-il – il relève que « cette relation est exigeante ! » Elle devrait, par exemple, empêcher les évangéliques de tenir publiquement des propos comme quoi l’homosexualité serait une « maladie ».

Par rapport à la nécessité de laisser des postes pastoraux ouverts à des homosexuels pratiquants, Pierre Gisel se montre plus circonspect. « La commission doit traiter toutes les communautés de la même manière. Elle a intégré le fait que l’Eglise catholique bénéficiait d’une clause particulière au niveau des clercs dans le domaine de l’égalité homme-femme. Dans l’Eglise catholique, les femmes n’ont effectivement pas accès à la prêtrise. Il n’est pas impossible qu’il y ait une clause particulière pour les évangéliques par rapport au refus d’accepter des homosexuels pratiquants au pastorat. »

Le comité de la FEV veut rencontrer la CCMR

Du côté de la FEV, cette clause de la prohibition de la discrimination à partir de l’orientation sexuelle surprend. Non seulement parce qu’elle n’apparaît pas dans la déclaration proposée aux Eglises déjà engagées dans ce processus de reconnaissance. Mais aussi parce que le respect de la Constitution vaudoise n’est nullement remis en cause, qu’il y ait ou non reconnaissance de l’Etat. Pour Olivier Cretegny, le président de la FEV, « la constitution est contraignante pour toute personne physique ou morale installée en terre vaudoise. La demande de reconnaissance ne peut être considérée comme un outil pour faire des communautés de première classe qui obéissent à la loi, et la non-reconnaissance une sorte d’autorisation pour ne pas suivre la Constitution. Nous suivrons la Constitution que nous soyons reconnus ou pas ! »

Face à ces difficultés, Olivier Cretegny reste toutefois confiant. Le comité de la FEV se retrouvera le 22 juin pour affiner sa réflexion et se préparer à une entrevue avec la CCMR le 26. Il s’agit en particulier d’articuler le principe de non-discrimination selon l’orientation sexuelle avec la liberté de croyance, le droit des associations et la situation des communautés déjà reconnues. A la suite de ces entretiens, une information sera donnée aux Eglises membres, qui devrait permettre la poursuite du processus de reconnaissance d’intérêt public.

Serge Carrel

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

  • Rencontre générale de la FREE : vers une réorientation du budget

    Ven 13 décembre 2024

    La seconde Rencontre Générale de la FREE pour 2024 s'est tenue le 23 novembre à l'Eglise évangélique des Amandiers (Lavigny). Les délégués des Eglises ont accepté le budget 2025 et la modification d'un article des statuts, les membres de la direction ont donné des nouvelles de leur secteur et Michel Faggion a présenté la mission de la FLP. Compte-rendu.

  • Rencontre générale : la FREE confirme son désir d’apporter un soutien efficace aux Eglises

    Ven 26 avril 2024

    La dernière Rencontre générale de la FREE a montré que sa situation financière est relativement saine. Elle a aussi montré comment la fédération remplit des tâches indispensables aux Eglises, et que celles-ci ne pourraient par remplir à titre individuel.

  • Un·e responsable des finances (10%)

    Lun 29 janvier 2024

    Plus grande fédération d’Eglises évangéliques en Suisse romande, la FREE offre un cadre de travail dynamique et défiant, en lien étroit avec les autres acteurs du milieu chrétien évangélique romand, suisse et international. Dans ce cadre, la FREE recherche un·e responsable des finances.

  • Rencontre générale : une fédération utile

    Mer 29 novembre 2023

    La Rencontre générale du 25 novembre 2023 a permis de remercier Stéphane Bossel pour 23 ans d’engagements divers et importants dans la FREE. Elle a aussi permis à l’équipe de direction de partager quelques priorités, notamment le sens, les valeurs et la plus-value que la FREE peut offrir aux Eglises.

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !