Image de Dieu… C’est l’un des termes phares que les chrétiens utilisent pour exprimer leur conception de l’identité de l’être humain. Aujourd’hui cette identité est l’objet de nombreux débats. D’un côté, vous avez les antispécistes qui considèrent que l’humain est un être vivant parmi d’autres et qu’à ce titre, il ne doit bénéficier d’aucune prérogative par rapport aux autres êtres vivants. De l’autre, vous avez les transhumanistes qui font tout pour, grâce à de nouveaux développements technologiques, permettre à l’être humain d’échapper aux limites de la mort et de dépasser ainsi sa condition limitée.
Le premier récit de la Bible – Genèse 1 et le début du chapitre 2 – raconte que Dieu a créé l’être humain comme son image sur la terre, comme son représentant parmi tous les êtres vivants. Le mot hébreu « tsélem », traduit en français par l’expression « pour image », se retrouve en Egypte pour caractériser la statue du pharaon, manifestation de Dieu et image de la puissance du pouvoir égyptien. On retrouve encore le mot « image » en Mésopotamie pour caractériser des représentations du roi destinées à rappeler de manière visible son autorité dans une région.
Image de Dieu sur terre
C’est un peu comme dans toutes les mairies de France où la photo du président trône dans la salle de réception. C’est aussi un peu comme dans de nombreux pays autoritaires, où l’image du président ou du chef de l’Etat trône dans l’échoppe ou le foyer du citoyen lambda. Comme si cette personne souhaitait ne laisser aucun doute sur ses allégeances au pouvoir et peut-être bénéficier des bonnes grâces de ce dernier.
Quand la Genèse dit que l’être humain est créé en image de Dieu ou comme image de Dieu, ce récit démocratise la notion d’image. Ce n’est plus le Pharaon ou le roi qui serait l’exclusive représentation de Dieu sur terre, mais tout être humain. Vous et moi ! Etre image de Dieu sur terre, c’est la responsabilité que la Genèse dessine pour chacun d’entre nous.
A l’heure du réchauffement climatique et de la disparition de la biodiversité, une question s’impose : de quel Dieu sommes-nous l’image par rapport à l’ensemble de la création ? Du dieu argent, prêt à tout pour exploiter la création et amasser un maximum de profits ? Du dieu pétrole, qui nous permet une bougeotte censée tuer notre mal-être en multipliant nos déplacements ?
Ou sommes-nous l’image d’un Dieu qui prend soin des humains, des êtres vivants et de la création ? Sommes-nous ce représentant de Dieu sur terre qui cultive et prend soin du jardin, propriété du Seigneur ?
Serge Carrel