Il a essayé de me « convertir » au véganisme ! Vantant ses effets pour la santé, pour l’équilibre du monde. Je me suis gaussé un peu de lui, moi le mangeur de cochons, en lui faisant remarquer qu’il était croyant, sauf que sa religion s’appelait « végane ». Il ne s’est pas laissé démonter.
Bien plus tard, je me suis dit que nos contemporains, nous regardaient, nous les chrétiens, comme nous regardons les véganes. Bizarre, bizarre! Plus de lard, plus d’oeufs, plus de lait… que des légumes. Nous aussi, on est bizarre avec nos conceptions sexuelles – pas de relations avant le mariage –, nos manies de vouloir stopper la pauvreté, de soutenir certains présidents favorables à Israël, malgré leur corruption morale, etc.
Tous deux adeptes de la perdition !
Nos conceptions évangéliques ont beaucoup de ressemblance avec cette mentalité végane. Leur manière de vivre n’est pas préjudiciable à l’éthique chrétienne. On peut respecter les dix commandements tout en étant végane. Et ce qu’ils ont de commun avec nous, c’est leur conviction d’avoir raison. Ils sont convaincus que le monde est perdu du point de vue écologique. Comme nous, on est convaincu de la perdition des humains.
Ce qui m’a intéressé, c’est sa manière de vouloir me convertir à sa vision de la vie. Comme nous, les véganes veulent changer le monde. Sauf que nous, en tant qu’évangéliques on doute de ce changement. On se coule dans le système. Savez-vous que la Suisse est le plus gros importateur d’or dans le monde? Avons-nous encore la conviction qu’on peut changer ce monde? En fait, soyons francs : on n’a plus la niaque de l’Evangile!
Une spécialité végane à tartiner
Mais pour entrer dans le concret, voici comment le végane s’est pris pour m’« évangéliser ». Un beau jour, il m’a apporté une petite boîte en fer blanc contenant une spécialité végétale à tartiner, avec un nom à coucher dehors pour un non-végane: « Faux gras » ! Mais, c’est là la subtilité de la démarche, il m’a aussi offert une bouteille de vin qui, elle, ne me posait aucun problème. Pourquoi ai-je accepté avec plaisir? C’est que mon interlocuteur était un vrai ami que j’appréciais. Je vais donc goûter son truc végane rien que pour lui faire plaisir et peut-être vais-je apprécier.
Il y a un enseignement à tirer de cette démarche d’« évangélisation ». Il était mon ami avant tout. Il m’a offert quelque chose que j’appréciais et qui nous était commun à tous les deux: la bouteille de vin. La boîte était toute petite. Nous, nous avons l’habitude, lorsque nous évangélisons, de balancer un gros paquet de convictions et de doctrines au lieu de commencer par un échange de quelque chose qui nous est commun. Et puis, par-dessus tout, soyons avant tout des amis.
Juste quelques indications pratiques
Notez que l’adepte végane ne m’a pas offert un livre ou une brochure pour m’expliquer ou me convaincre du bien-fondé de ce qu’il croit. Il m’a offert à manger et à boire. Nous, nous continuons à offrir des brochures, des flyers ou des livres. On s’illusionne encore sur l’impact de l’écrit auprès de nos contemporains. Le « manger » et le « boire » dans le christianisme, c’est offrir la prière pour résoudre des problèmes, l’attitude compatissante pour porter certaines douleurs de la vie, l’aide matérielle qu’elle soit financière ou autre. Des gestes d’amitié ou de consolation. Mais aussi des repas partagés, des rires, des blagues, des activités communes de loisirs, etc. Et par-dessus tout, de la communication par la parole. Parler, parler, parler… et apprendre à parler !