En janvier 2020, l’Office fédéral des assurances sociales a publié une brochure intitulée « Discours de prévention de la radicalisation sur internet ». Ce document est le fruit d’une initiative pionnière lancée en 2017 et constitue un des aspects du « Plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent ».
Destinée aux « équipes de projet, aux professionnels et aux autorités », cette brochure recommande de prévenir la radicalisation des jeunes en recourant aux techniques de « contre-discours » et de « discours alternatifs ». Pour réaliser ce projet, l’OFAS a fait appel à plusieurs associations musulmanes.
Des associations en accord avec les valeurs helvétiques ?
En prenant cette décision, l’OFAS semble être parti du postulat que ces organisations partageaient les valeurs fondamentales du pays. Or, rien n’est moins sûr. Sur les quatre projets pilotes (sites internet), trois font la promotion d’un islam très conservateur. Winfluence compte dans son équipe l’association JASS (Just a Simple Scarf) qui milite pour que les femmes musulmanes portent le voile.
Positivislam, lui, est soutenu par le Centre Suisse Islam et Société (CSIS), qui se fait l’avocat des associations de mosquées et n’est donc pas neutre, et par Frislam qui véhicule un islam politique, étranger à la grande majorité des musulmans laïcs.
Le site de Knowislam, de son côté, donne du Coran une image fallacieuse. Il affirme qu’il est le seul livre religieux à n’avoir subi aucune altération, contrairement à la Bible, cela contre la vérité historique et l’avis de théologiens musulmans. Il occulte les versets relatifs au djihad et déforme la signification de la sourate 2.62 en laissant entendre que l’islam reconnaît la foi des Juifs et des chrétiens, alors que le Coran affirme que seuls ceux qui embrassent l’islam seront agréés d’Allah. Il cache aussi le fait que la sourate 98 divise l’humanité entre musulmans et mécréants et que ces derniers sont « de toute la création, les pires créatures ».
La « déradicalisation » confiée à des radicaux ?
Ces trois projets, sous couvert de prévenir la radicalisation des jeunes musulmans, font la promotion des valeurs et enseignements du « vrai islam ». On sait que ces associations ne manquent jamais de rappeler dans les médias qu’elles se réclament de l’« islam du juste milieu » qui n’est que justice, paix et amour. Les trois sites susmentionnés laissent néanmoins paraître des traits caractéristiques de l’islamisme. La femme musulmane doit être voilée parce que la jurisprudence islamique déclare son corps entièrement impur et que, de ce fait, elle constitue une source de tentations sexuelles et de péché pour les hommes. Dès son enfance, on lui fait porter le voile pour lui inculquer une conception coupable de son corps, un corps qui ne vaut pas celui des hommes et qui est tout entier impudique. Ce seul enseignement tombe déjà sous le coup de la loi suisse contre les discriminations.
On doit donc constater que ces projets pilotes, soutenus par l’OFAS pour prévenir la radicalisation des jeunes musulmans, reprennent à leur compte la conviction que le monde est divisé en deux camps – musulmans d’un côté, mécréants de l’autre – et adhèrent à l’idée que les musulmans sont les détenteurs exclusifs de la vérité. Ils sont également convaincus que la charia prévaut sur la loi du pays et que la démocratie est une forme illégitime de gouvernement. Or, de telles affirmations caractérisent précisément l’extrémisme islamiste.
Des fonds publics mal attribués ?
Il y a encore plus intéressant. Le site de la Confédération nous apprend que, grâce à la mise en œuvre de son Programme d’impulsion nationale, en 2020, le Centre Suisse Islam et Société (CSIS) a reçu 87'000 CHF, l’Union zurichoise des associations musulmanes (VIOZ) 165'000 CHF et l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM), 61'000 CHF. Or, une enquête du journal égyptien al-Watan a révélé, il y a quelques années, que la VIOZ est une structure des Frères musulmans, tout comme le Centre culturel musulman de Lausanne (CCML), membre de l’UVAM. Le livre, « Qatar Papers » (2), paru en 2019, nous dit que ce Centre « culturel », membre de l’UVAM, a reçu environ 1,5 million de Francs du Qatar !
Tout cela suggère fortement que ces projets n’ont pas été mis entre les bonnes mains. Ne serait-il pas indiqué de revoir les partenariats conclus pour ce programme afin de mettre un terme à la situation étrange où l’on demande à des associations islamistes de prévenir la radicalisation à laquelle conduit naturellement leur propre idéologie ?
Le minimum : travailler avec des associations critiques !
À l’avenir, ne serait-il pas également important d’associer à de tels programmes des musulmans qui ont une vraie distance critique à l’égard des textes fondateurs de l’islam ? Ces personnes seraient certainement mieux à même de mettre en lumière le fait que le texte coranique auquel se réfère tout djihadiste reste la principale source de radicalisation. Elles pourraient encourager les musulmans à vivre leur foi sans en faire un motif d’exclusion et d’isolement ou un projet conquérant.