Droit de mourir, dangereuse liberté

Suicide assisté
Suicide assisté (Deposite Photos) icon-info
Jean-René Moret mardi 18 juin 2024

La fin de vie est souvent difficile, avec selon les cas d’importantes souffrances ou divers types de démence qui peuvent donner à la personne comme à ses proches l’impression qu’elle se perd. Vaut-il alors mieux hâter la fin, avoir la possibilité de décider de mettre un terme à son existence ? Ce courrier des lecteurs du pasteur Jean-René Moret, de l'Eglise évangélique de Cologny (FREE), est d'abord paru le 12 juin dans la Tribune de Genève.

La question du suicide assisté occupe les esprits, à Genève avec le vote du 9 juin et en France le débat sur une loi sur la fin de vie très permissive, qui se retrouve dans les limbes après la dissolution de l’Assemblée nationale. La fin de vie est souvent difficile, avec selon les cas d’importantes souffrances ou divers types de démence qui peuvent donner à la personne comme à ses proches l’impression qu’elle se perd. Vaut-il alors mieux hâter la fin, avoir la possibilité de décider de mettre un terme à son existence ?

La vie est un don, la dignité humaine, un donné établi

Pendant longtemps le consensus était incarné par le serment d’Hippocrate, par lequel le soignant s’engage entre autres à ne pas remettre de poison à celui qui lui en demanderait. Ce serment était très en accord avec l’optique chrétienne sur la vie et la mort, dont je souligne deux éléments pertinents. La vie est un don Dieu, dont l’être humain n’est pas libre de disposer à sa guise, ni pour les autres ni pour soi. Et chaque être humain a une dignité du seul fait qu’il est créé à l’image de Dieu, indépendamment de ses capacités ou de sa qualité de vie. Dans cette optique, le soin apporté à chacun n’est pas tant motivé par l’espoir d’un résultat, que par la valeur de la personne. La dignité est alors un donné, qui n’est pas remis en cause par la dégradation de l’état de santé.

Un nouveau droit pas sans danger

Aujourd’hui, la pratique et le droit évoluent dans le sens de la reconnaissance d’un droit à mourir, d’un droit à choisir sa mort. L’attrait de ce droit est compréhensible, et il est prôné avec beaucoup de bonnes intentions et de compassion. Il n’est cependant pas sans danger. La liberté de choisir sa mort implique une responsabilité dans ce choix. Les personnes dont la santé décline sont de toute façon exposées au sentiment d’être inutiles, d’être un poids, de ne plus avoir de valeur. L’humanité veut qu’on les rassure sur leur valeur et leur importance, mais l’option du suicide peut transmettre le message inverse, même involontairement. Et le regard sur celui qui souffre peut changer. Tout à coup, il n’est plus une victime de la fatalité, mais responsable de ne pas encore avoir choisi la fin.

Toute liberté a un contexte et des conséquences

Ce changement peut malheureusement émousser la compassion des proches ou des soignants. Tout ceci peut créer une pression implicite, insidieuse, peut-être même inconsciente, mais qui risque de pousser au suicide des personnes qui ne l’auraient jamais réclamé dans un autre cadre. Et dans notre contexte de préoccupation sur l’augmentation des coûts de la santé, il est à craindre que les précieux soins palliatifs soient défavorisés, puisqu’il y a une autre option.

Mourir entouré de soins, avec des antalgiques voire une sédation suffisants, c’est aussi mourir dans la dignité. Continuons à traiter avec dignité chaque personne, quel que soit son état et ses difficultés, et gardons-nous de limer sur les moyens. Assurons nos aînés qu’ils ont du prix, et démontrons-le leur. Et prenons garde aux effets secondaires du suicide comme option librement disponible, car toute liberté a un contexte et des conséquences.

Opinion - avertissement

Les signataires de ces textes sont soit des membres de l’équipe de rédaction de lafree.ch soit des personnes invitées.
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