La mission dans la postchrétienté selon Stuart Murray

vendredi 07 mars 2014

Intégrer profondément la situation de l’Eglise en postchrétienté entraîne une autre manière d’être présent au monde. La mission prend alors un autre visage. Un visage que Stuart Murray a eu l’occasion de décliner l’automne dernier dans le cadre de la pastorale des Eglises mennonites de Suisse (1). Ce pasteur baptiste anglais sera l’invité de la fête de la FREE le 2 novembre prochain à Yverdon-les-Bains.

En postchrétienté, la missiologie précède et même façonne notre conception de l’Eglise. L'Eglise de Dieu n'a pas une mission ; c’est la mission de Dieu qui a une Eglise ; c’est-à-dire un corps !
Dans l’ère de la chrétienté, l'idée de la mission était déformée de diverses manières :

  • La mission signifiait aller vers les pays et les peuples étrangers, et habituellement imposer sa culture. La mission ne se faisait pas au sein de la chrétienté.
  • La mission a été largement laissée à des spécialistes en marge de la chrétienté, déconnectés de la plupart des chrétiens et de la vie des Eglises locales.
  • La mission impliquait souvent un certain degré de contrainte, parfois de violence.
  • La mission était de la responsabilité des autorités de l'Eglise, un programme de l'Eglise à mener.

Une nouvelle compréhension de la mission
La postchrétienté nous oblige à remettre en question ces conceptions et ces pratiques :

  • La mission va maintenant « de partout vers partout ». Elle implique encore la traversée de frontières culturelles, mais dans toutes les directions et dans toutes les sociétés.
  • La mission est la vocation, le privilège et la responsabilité de tous les chrétiens.
  • La mission doit être éthique, respectueuse des autres points de vue, refuser toute manipulation ou contrainte.
  • Car la mission n'est pas un programme d'Eglise, mais l'initiative de Dieu, dans laquelle l'Eglise est invitée à participer. La mission précède l'Eglise. La mission forme l'Eglise.

Redécouvrir la missio Dei
C’était la compréhension de la mission dans l'Eglise naissante. Le mot missio (envoi en latin) se rapporte à Dieu. Il décrit la façon dont le Père a envoyé le Fils et l'Esprit dans le monde. La mission est une activité divine, elle n’est pas une activité humaine.
L'Eglise est prise dans ce flux de mission : « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20:21). Mais l'Eglise n'est pas l’« expéditeur », elle est l’« envoyée ».
A l'époque de la chrétienté, l'Eglise se trouvait au centre ; la mission était devenue périphérique. Durant des siècles, l'Eglise a pris la responsabilité de l'envoi. Elle a souvent interprété la mission en comptant davantage sur la puissance terrestre que sur l'Esprit.
La mission de Dieu est cosmique, universelle et multidimensionnelle. Elle vise « la restauration de toutes choses » (Ac 3.21). Selon l'Ancien Testament, elle est l'établissement du shalom ; selon le Nouveau Testament, elle est la venue du Royaume de Dieu, lorsque la volonté de Dieu est faite sur la terre comme au ciel.

La missio Dei en pratique
Une Eglise « missionnelle » est une communauté dans laquelle la missio Dei (l’envoi de Dieu) guide et forme tout ce qu'elle fait, où la mission est le principe d'organisation.
Il s'agit là d'un changement de paradigme. Voici quelques suggestions pratiques pour l'Eglise locale :

  • présenter la notion de Missio Dei aux membres de l'Eglise, encourager l’adoration d’un Dieu missionnaire et montrer que le Nouveau Testament est un document de mission ;
  • développer des pratiques missionnelles simples ;
  • simplifier la vie de l'Eglise et réduire les activités afin de libérer les membres pour participer à ce projet ;
  • encourager les témoignages à propos de ce que Dieu fait dans la vie quotidienne ;
  • consacrer des membres de l'Eglise quand ils prennent un nouvel emploi ou un service ; prier régulièrement pour eux ;
  • questionner les membres de l'Eglise sur les défis auxquels ils sont confrontés et les aider à réfléchir sur les possibilités de penser de façon « missionnelle » au travail ;
  • s'engager à dépenser plus de la moitié de tous les fonds pour cette mission – même si cela signifie une refonte radicale et des décisions douloureuses. Les finances sont un indicateur de progrès mesurables, qui va au-delà de la pensée et du langage.

Elisabeth Baecher, rédactrice responsable du mensuel mennonite Perspective (2)

1 Cet article a été rédigé suite aux conférences et d’après les notes de Stuart Murray. Ce pasteur baptiste anglais était l’orateur de la retraite de la Pastorale mennonite romande à Tramelan, du 17 au 19 octobre 2013. Il a publié l’an dernier Radicalement chrétien ! Eléments essentiels de la démarche anabaptiste, Coll. Perspectives anabaptistes, Charols, Excelsis, La Talwogne, 2013, 200 p. Prix : 26.- Voir la présentation de ce livre signée Claude Baecher.
2 Lafree.ch remercie Perspective de l’autorisation de publier cette contribution.

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