Qu’est-ce que cela vous fait de participer à l’inauguration de la HET-PRO ?
Je suis profondément reconnaissant. J’en suis heureux. Ce sont beaucoup d’années de réflexion et de lutte, mais nous n’avons pas été velléitaires. Quelque chose se construit. Quelque chose se fait pour toute l’Eglise en Suisse romande, en particulier pour les réformés, pour les évangéliques et pour les Eglises ethniques afin de former des pasteurs, des diacres et des missionnaires. C’est notre vocation de chrétiens d’aller dans cette direction.
Quand on dit que vous êtes le père de cette HET-PRO, qu’est-ce que cela vous fait ?
On a un autre Père… Mais il faut bien que quelqu’un vienne avec une idée et essaie de la concrétiser. Ça a été mon rôle dans cette situation, mais rien de plus !
Comment réagissez-vous devant l’absence des autorités ecclésiales réformées à cette inauguration ?
A mon âge, j’essaie de voir les choses de haut et de loin. Je sais d’expérience, puisque j’ai été président du Conseil synodal de l’EERV, que l’Eglise demeure depuis plus de 1500 ans dans ce pays, qu’il y a une jeunesse magnifique et que les autorités d’Eglise changent. Les choses se mettront d’aplomb quand on aura de bons diplômés, en particulier venant de l’EERV, et qui auront fait leur formation de pasteur, de diacre ou de missionnaire ici.
En tant qu’ancien président de l’EPFL, cela vous choque-t-il qu’à la HET-PRO on envisage de prier avant les cours ?
D’aucune manière ! Quand j’ai commencé mon école primaire, publique bien entendu, on priait au début de la matinée et l’instituteur était vraiment un chrétien engagé. La Constitution fédérale commence par : « Au nom du Dieu Tout-Puissant », donc je ne vois aucune antinomie entre foi et science, entre ce qui peut se faire sur le plan académique et sur le plan spirituel.
Vous qui êtes encore très impliqué dans le monde de la formation au niveau de la Confédération, avez-vous l’impression que la HET-PRO pourra bénéficier de l’accréditation ?
Du point de vue formel, ce ne devrait pas être difficile d’avoir le oui de l’accréditation fédérale comme cela a été le cas pour une école sœur en Suisse allemande. Par ailleurs, il y a le plan de la qualité. Les gens qui étudient et qui sortiront de cette HET devront avoir le niveau et l’ouverture sur les plans spirituel, ecclésial ou académique. Donc la HET doit encore faire ses preuves, mais pour moi, comme à l’EPFL, l’essentiel sera que les enseignants respectent leurs étudiants et aient de l’amour pour eux. J’emploie volontairement ce terme ! A ce moment-là, il y aura quelque chose qui se passera. Et on aura attiré des jeunes et prouvé à l’Eglise dans son ensemble en Suisse romande qu’il se passe quelque chose et que cela constitue un plus pour toutes les Eglises, qu’elles soient réformées, évangéliques ou ethniques.
Propos recueillis par Serge Carrel