« Seigneur Dieu, nous te disons merci pour notre liberté et pour l'histoire de notre pays... L'histoire suisse nous montre que Dieu est puissant et aimant... A la croix tu t'es donné... Winkelried savait que la vie continue même après la mort. Comme Winkelried, nous pouvons vivre par toi, éternellement. » En ce samedi 10 mars, la Reithalle de Winterthur résonne de la louange de 650 paysans venus de toute la Suisse. Parmi eux, on trouve bon nombre de jeunes, ainsi qu'une trentaine de Suisses romands. Sur la scène, les chanteuses sont entourées de musiciens à l'accordéon, à la harpe, à la guitare, à la batterie et, bien entendu, au « Hackbrett » (tympanon) appenzellois. Le moment est intense, et le mélange des styles décoiffant: folklore, gospel, schlager et chant en langues yoddelé.
« On ne repartira pas en emportant nos problèmes ! »
« On est venu ici pour rencontrer Dieu, proclame Andreas Keller, le directeur de la Fondation Schleife, organisatrice de l'événement. Et on ne repartira pas en emportant nos problèmes! » Lorsque l'assemblée entonne: « Car tu es Dieu au dessus de la terre », il n'est pas question du globe ou d'un concept philosophique, mais de champs, de sillons, d'herbe, d'arbres, de récoltes sur lesquels la souveraineté et la bénédiction de Dieu se manifestent.
Cette compréhension de la souveraineté de Dieu sur la terre que travaillent les paysans, et par extension sur le pays, est rappelée un peu plus tard, lorsque tous se lèvent pour entonner le Cantique suisse. A ce moment, Andreas Keller précise: « Nous le chantons non par nationalisme, mais parce que Dieu est au-dessus de nous. »
L'objectif de la Conférence des paysans est d'offrir aux agriculteurs de Suisse un encouragement, une plate-forme de rencontres, un réseau de solidarité et une espérance fondée sur Dieu. Ses organisateurs considèrent que, par leur enracinement terrien, les agriculteurs chrétiens doivent devenir des porteurs de lumière, « une île de protection et de ressources ». Et cette manière de voir conduit, entre autres, au développement d'un important réseau de groupes de prière dans toute la Suisse.
Christian et Monika Rüfenacht, agriculteurs à Longirod et parents de quatre garçons, sont membres de l'Eglise évangélique de Gimel (FREE). Christian a participé aux conférences précédentes et il est revenu à Winterthur cette année, non sans avoir invité des collègues. Son épouse Monika est très sollicitée puisqu'elle fait partie de l'équipe de « prière prophétique », qui a un succès fou.
« Je ne suis pas venu à cette conférence que pour recevoir, mais pour partager », confie avec enthousiasme Christian Rüfenacht devant le stand des saucisses grillées. Et cet état d'esprit, partagé par bien d'autres, est porteur d'énergie et d'encouragement.
Des convictions chrétiennes qui font la différence
L'encouragement est également apporté par des invités qui témoignent de leurs combats, parfois rudes, et de l'appel qu'ils ont reçu de Dieu. Ainsi, l'agriculteur et conseiller national démocrate chrétien soleurois UrsSchläfli parle de foi et d'espérance au quotidien. « Notre vie est construite sur l'espérance et la foi, rappelle-t-il. Au Conseil national, on croit qu'on pourra changer quelque chose. Un père espère garder sa place de travail. Nous espérons vendre les produits de nos fermes. Parmi les moteurs qui nous font aller de l'avant, la foi est importante. »
Beat Fasnacht, un autre orateur invité, exprime aussi son besoin de partage: « Je viens pour vous encourager alors que j'ai moi aussi besoin d'encouragements. » Et le directeur de l'Institut Gouglera, à Chevrilles dans le canton de Fribourg, d'expliquer comment la collaboration entre une institution et une exploitation agricole permet à 80 jeunes en difficultés de trouver leur chemin, ainsi qu'un sens à leur existence.
Parmi les convictions affichées par Beat Fasnacht, il y a celle que la famille et la collaboration entre les générations sont une force à cultiver. Il est également convaincu que Dieu transfigure les projets fragiles. Reprenant l'exemple biblique de Gédéon, il lance: « Dieu transforme notre mentalité. Même si nous avons des problèmes et que nous souffrons de manques, nous n'allons pas nous laisser mettre à genoux. »
Christian et Monika Rüfenacht rentrent requinqués et heureux à Longirod. Une telle conférence ne supprime pas les difficultés liées à l'exploitation d'un domaine agricole. Mais elle leur donne assurément un nouvel élan et une nouvelle confiance pour aller de l'avant... avec l'aide de Dieu.
Le dimanche 7 octobre prochain, la Fondation Schleife donne rendez-vous aux paysans sur la Waisenhausplatz de Berne, à deux pas du Palais fédéral. Ceux-ci viendront en famille, non pour manifester des frustrations, mais pour témoigner de la nécessité de croire en Dieu et pour prier pour la Suisse. Ce sera une excellente occasion d'aller à leur rencontre et, pourquoi pas, d'être bénis par eux.
Claude-Alain Baehler
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Des ateliers révélateurs
Le samedi après-midi, neuf ateliers ont été proposés. Les thèmes étaient révélateurs des questions et des besoins des agriculteurs.
Plusieurs ateliers concernaient la vie de couple et de famille, y compris la difficulté pour un paysan de trouver un conjoint. En effet, comme le soulignait Christian Rüfenacht, agriculteur à Longirod, « un agriculteur sans conjoint, c'est comme un informaticien sans ordinateur ».
D'autres ateliers étaient consacrés à la guérison des blessures de la vie, à l'abandon de l'occultisme, à la manière de concilier la foi et l'entreprise, à la responsabilité des paysans dans la transmission de valeurs pour notre société...