Redécouvrons notre ADN latent de témoins de Jésus Christ! «Vous serez mes témoins, à Jérusalem… jusqu’aux extrémités de la terre.» Entrer dans la mission de Dieu, c’est pour toute l’Eglise... et partout!
Témoigner en Suisse
Nous vivons dans un climat «post-chrétien» où les gens sont fatigués des Eglises, considérées comme de vieilles reliques, ou alors comme un lieu pour les gens bien. Et peu se sentent assez bien pour venir! En plus, nos jeunes souffrent du gouffre entre le monde et l’Eglise. Deux mondes complètement séparés, où on ne parle pas la même langue, et cela crée un immense malaise. Nous sommes coincés, adossés au mur avec un scotch sur la bouche. En y ajoutant le sentiment de culpabilité qui en découle, nous voilà paralysés, sans savoir que faire.
L’Eglise émergente a quelque chose de pertinent et d’enthousiasmant pour nous. Je ne vais plus utiliser le terme «émergent», d’une part parce que les émergents ne sont pas friands d’étiquettes, et d’autre part ça deviendrait lourd! Ce qui compte c’est la démarche entreprise pour Jésus, pour atteindre le monde qui nous entoure.
Les perdus
«Les collecteurs d’impôts et autres pécheurs notoires se pressaient tous autour de Jésus, avides d’écouter ses paroles. Les pharisiens et les spécialistes de la Loi s’en indignaient et disaient: Cet individu fréquente des pécheurs notoires et s’attable avec eux! Alors Jésus leur répondit par cette parabole...» (Luc 15.1-3).
Où se trouve Jésus? On ne le sait pas exactement. Une chose est sûre: il n’est ni au temple, ni dans une synagogue! Jésus est à la mauvaise place, avec les mauvaises personnes... Pour les pécheurs notoires, c’était sans doute une agréable surprise. D’ailleurs, ils se pressaient autour de lui! Mais pour les gens religieux, c’est le choc! Jésus choisit la compagnie des mal vus, il les accueille, leur porte attention, sans condamnation aucune. Et ils se sentent bien avec lui. Jésus vit son message. Par sa conduite, il leur dit: «Dieu est pour vous. Il est avec vous dans le pétrin, et il veut vous aider à vous en sortir!»
Quel message! Quel espoir! Je suis sûre que les Suisses aimeraient aussi le connaître, et qu’ils ne sont pas «post-Jésus»! Quand ai-je été à la mauvaise place, avec les mauvaises personnes, pour la dernière fois? En tant qu’individus, en tant qu’Eglise, sommes-nous vraiment présents dans le monde? Ou sommes-nous présents tout en étant absents? Comme quand nos enfants nous disent: «Bon, puisque tu ne m’écoutes pas...»
Dans le monde
Juste avant d’être crucifié, Jésus a prié son Père: «Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les y envoie» (Jn 17. 18). Dieu ne nous appelle-t-il pas à casser, dans nos pensées, les murs de l’endroit que nous appelons «église» et à aller vivre l’Eglise au cœur du monde? Etre vraiment dans le monde, avec et pour les gens, dans leur pétrin ou dans leurs projets...
Jésus nous veut avec lui, dans le monde. Dans un mouvement incarnationnel de toute la communauté. Il a raconté à ses disciples une parabole: «Le Royaume des cieux ressemble à du levain qu’une femme prend pour le mélanger à une vingtaine de kilogrammes de farine. Et à la fin, toute la pâte lève» (Mt 13.33). C’est le Royaume de Dieu vécu dans le monde, un peu partout, là où on ne s’y attend pas!
Dieu… ici?
Jacob s’enfuit de chez son père, Isaac. Il est en quelque sorte dans le lieu de la malédiction, parce qu’il a triché, menti et volé. Avec un caillou pour oreiller, il s’endort et rêve du ciel sur la terre, et à son réveil il s’exclame: «Wahou! Dieu est même ici, et je ne le savais pas!» Les gens autour de nous pensent que Dieu se trouve dans un bâtiment, le dimanche.
L’appel de Dieu pour l’Eglise en Suisse, c’est de vivre le Royaume au milieu des gens, de telle sorte qu’ils s’exclament: «Wahou! Dieu est ici, et nous ne le savions pas!» Sous l’inspiration de l’Esprit de Jésus qui est en nous et parmi nous, brassons des idées pour que le monde soit surpris de l’amour et de la présence de Dieu!
Comment aller?
Dans Luc 15, nous voyons Jésus accueillir les gens de mauvaise réputation, sans les prendre de haut, sans les juger. Il se laisse approcher de près. Il a compassion d’eux. Un jour, j’ai traversé une route pour mettre mes bras autour d’une dame qui pleurait. Dans son désespoir, je lui ai parlé de Jésus, mais elle n’a pas voulu poursuivre. Deux ans plus tard, elle traverse de nouveau mon chemin, encore dans le désarroi. Et savez-vous ce que je me suis surprise à dire? «Mais tu ne veux quand même pas que je perde mon temps avec elle, Seigneur! Tu connais sa réputation... Les gens, que vont-ils penser?» En moins d’un quart de seconde, j’ai réalisé que mon attitude était à l’extrême opposé de celle de Jésus.
Par la suite, Dieu m’a conduite à prier avec cette dame, et bien avant qu’elle ne fasse aucune déclaration de foi. «Mais, Seigneur, tu ne fais pas les choses dans le bon ordre!» ai-je pensé. Eh non. Je crois que Dieu voulait lui montrer qu’il était déjà là avec elle. Comme Jésus qui n’attendait pas que les pécheurs notoires aient réglé tous leurs problèmes. Il est allé au-devant d’eux et il a couvert leur honte.
La position d’incarnation
La position d’incarnation, c’est se laisser approcher de près et avoir compassion des personnes, avant qu’elles ne pensent à s’approcher de Dieu. C’est renoncer à notre impatience évangélique qui veut convertir les gens tout de suite... C’est nous habiller d’une attitude d’écoute pour rencontrer les gens dans leur histoire, avec pertinence et humblement.
Lorsque j’ai passé par la dépression, je me sentais inutile. En méditant sur la venue de Jésus comme un nouveau-né, complètement dépendant et vulnérable, Dieu m’a fait comprendre que c’est seulement ainsi que je peux marcher vraiment avec les gens.
Nous avons besoin de nous former pour parler de Jésus en position d’incarnation et non de confrontation... pour cheminer avec les gens quand ils s’approchent du Christ, dans une sorte de coaching. Nous sommes devenus paresseux et nous nous attendons à ce que cela se fasse tout seul. Nos rencontres un à un ne seraient-elles pas plus importantes que le culte du dimanche?
Et les autres chrétiens?
Quatre pour-cent de chrétiens évangéliques en Suisse. Est-ce que notre vision pour le Royaume de Dieu s’arrête là? A compter les chrétiens évangéliques? Oublions les chiffres et les étiquettes! Nous ne sommes pas les meilleurs ni les seuls vrais chrétiens.
Jésus a prié: «Je te demande qu’ils soient tous un. Comme toi, Père, tu es en moi et comme moi je suis en toi, qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé». Un parce que nous participons à la nature divine. Mais un surtout de volonté, unis dans un même but et une même action. Si Jésus a prié ainsi juste avant de mourir, cela devait être drôlement important à ses yeux!
L’Eglise a eu si peu d’égards pour cette dernière volonté de Jésus. Et l’Ennemi en a beaucoup trop profité. Pensez aux débuts de l’islam, conçu sur arrière-plan d’Eglises en pleines bisbilles. Oui, je le sais, on ne peut pas refaire l’histoire. Mais on n’a pas besoin de la faire perdurer! Ne perdons pas d’énergie et de temps à défendre notre petit bout de terrain, mais regagnons le terrain volé par l’Ennemi!
En avant!
Sous l’action de l’Esprit, plein de projets se développent en Suisse romande. Cela doit réjouir Jésus! La collaboration est parfois difficile, et ce n’est pas toujours notre faute. Mais ne baissons pas les bras et faisons ce que nous pouvons. Bénissons les autres communautés dans notre ville. C’est ça, l’amour «agapè»!
Plutôt que de les confronter ou de les fuir, mettons-nous à côté d’elles, avec elles, sachant que nous avons besoin les uns des autres et que nous vivons pour la même cause: pour que le monde croie en Jésus-Christ.
On veut souvent connaître la présence et la puissance de Dieu. Si nous nous avançons en terre inconnue et essayons un peu de vulnérabilité et d’insécurité, nous expérimenterons et de sa puissance et de sa présence! En tennis, si vous voulez faire un coup gagnant, il faut avancer dans le court, avoir le poids du corps en avant. Si vous êtes sur la défensive, le poids en arrière, vous avez toutes les chances de rater!
Nous avons un message fabuleux à vivre et à partager: fabuleux dans sa pertinence, sa profondeur et sa puissance. Alors, le temps est venu d’avancer, sans esprit de supériorité, mais d’une volonté ferme et avec confiance en l’Esprit qui nous devance et nous accompagne! Le monde en a tant besoin.
Jane Maire