Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Soyez chaleureusement remerciés, toutes et tous, de votre participation à cette manifestation en faveur de la liberté religieuse. Par votre présence à Berne, vous témoignez de votre attachement à la plus haute liberté qui soit, l’inestimable liberté de conscience. En étant ici, vous contribuez même à la préservation de notre régime démocratique.
La liberté religieuse et la liberté de conscience sont sœurs jumelles. Intuitivement, nous savons tous ce qu’est la liberté religieuse. Celles et ceux qui en ont été privés le savent encore mieux. Raymond Aron, l’un des plus grands penseurs français du XXe siècle, a donné cette excellente définition de la liberté religieuse et des libertés personnelles en général : « Si nous écartons le sens philosophique … de la liberté, celle-ci se définit … par la garantie donnée à chacun de nous qu’il pourra faire ceci ou cela sans qu’un autre l’empêche de faire ce qu’il veut faire ou l’oblige à faire ce qu’il ne veut pas faire. Liberté d’expression, liberté religieuse, en bref les libertés personnelles rentrent dans cette définition. Celle-ci, il est vrai, implique des interdictions, autrement dit des lois : pour que A ne contraigne pas B à se rendre à l’église le dimanche, il faut qu’une loi interdise d’exercer cette contrainte. De même, pour que le croyant soit libre de pratiquer sa foi, il faut qu’une loi interdise aux particuliers ou à la police d’empêcher physiquement, ou par la menace de sanctions, la célébration du culte. »
La liberté religieuse est une liberté matricielle. Historiquement, elle a permis l’éclosion des grandes et indivisibles libertés de pensée, d’opinion et d’association qui ont une valeur inestimable pour les chrétiens aussi bien que pour l’humanité en général. Logiquement et historiquement, la liberté religieuse est la première des libertés. C’est elle qui se trouve à l’origine du régime démocratique. Liberté religieuse et démocratie sont inséparables. Aujourd’hui, nous devons réaffirmer – avec toute la force voulue – que l’affaiblissement de la liberté religieuse entraîne toujours celui de la démocratie. La disparition de la liberté religieuse équivaut à l’effondrement de la démocratie. L’absence de liberté de conscience représente d’ailleurs l’une des principales caractéristiques, sinon la caractéristique essentielle du totalitarisme. C’est là une règle universelle : lorsque les êtres humains perdent leur liberté religieuse, ils perdent toutes leurs autres libertés.
Le Nouveau Testament nous apprend que « tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (II Tim. 3, 12). « Combien il est dangereux de dire la vérité en général, et la vérité chrétienne en particulier », s’est exclamé Denis de Rougemont.
Ces grandes vérités spirituelles sont hélas corroborées par l’histoire.
Il y a quelques jours, j’ai lu ce bref passage dans une revue qui milite en faveur de la liberté religieuse : « Les chrétiens vivant en Arabie saoudite ne peuvent pratiquer publiquement leur religion sous peine d'emprisonnement. Les chrétiens sont persécutés en Corée du Nord, en Iran, en Somalie, en Inde, en Irak, en Afghanistan, au Nigeria. En 2004, un prêtre catholique a été assassiné en Inde par des extrémistes hindous qui l'accusaient de prosélytisme. Le pays de Gandhi n'est pas tendre envers les chrétiens. On y a agressé des pèlerins, saccagé des couvents, incendié des églises, forcé des chrétiens à se convertir à l'hindouisme... En Irak, il y a deux ans, des militants musulmans ont crucifié des enfants pour terroriser leurs parents et les inciter à fuir le pays. »
Ces très tristes et douloureuses réalités ne doivent d’aucune manière nous plonger dans le fatalisme et la résignation, nous faire accepter les intolérables atteintes à la liberté religieuses, nous inciter à un silence coupable et dévastateur.
Nous devons, bien au contraire, nous lever pour défendre le principe de la liberté religieuse et son universalité, puis faire entendre notre voix pour secourir les victimes des persécutions.
L’engagement en faveur de la liberté religieuse implique l’exercice des devoirs de protestation et de vigilance.
Adressons-nous à la conscience des dirigeants et de leur peuple pour qu’ils octroient et reconnaissent la liberté religieuse.
Rappelons à tous les pays l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi libellé : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites. »
Invitons notre gouvernement à évoquer les atteintes à la liberté religieuse dans les pays avec lesquels il entre en négociation.
Finalement, exhortons toutes les personnes et tous les peuples à appliquer le principe de réciprocité dans leurs relations avec les autres. C’est la fameuse règle d’or qui commande de se comporter à l’égard d’autrui comme l’on voudrait qu’autrui se comporte à notre égard.
Dans sa version chrétienne, elle trouve sa quintessence dans cette célèbre parole de Jésus-Christ : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les prophètes. »
Agissons en faveur de la liberté religieuse. En le faisant, nous contribuerons à rendre le monde un peu meilleur et à réduire les souffrances des hommes et des femmes injustement persécutés pour leur foi. Soyons des porteurs d’espérance, des combattants de la liberté sans laquelle il n’y aura jamais de dignité humaine.
Vive la liberté religieuse !
Merci de votre attention et bonne chance pour la suite de vos vies !
Jean-Pierre Graber, conseiller national UDC (BE)